Baybars al-Jashankir est un Mamelouk de Qala'ûn promu au rang de goûteur (jashankir[2]) du sultan[3].
En , An-Nâsir Muhammad est élu sultan pour la deuxième fois mais il n'a encore que quatorze ans et reste sous la tutelle de deux émirs rivaux : Rukn ad-Dîn Baybars et Sayf ad-Dîn Salâr[4],[5]. Baybars est le majordome (ustadar[6]) du jeune sultan[3]
En 1300, il déjoue un complot des wāfidūn oïrats qui souhaitent le renverser et rétablir le sultan déchu Kitbugha sur le trône sultanien[7].
Au cours de années, An-Nâsir Muhammad supporte de moins en moins la tutelle des deux émirs. Il tente de les faire arrêter mais renonce devant les risques d'une telle opération. En 1309, il prétend faire le pèlerinage à La Mecque accompagné de ses deux tuteurs. Il s'arrête à Al-Karak et les prévient qu'il ne poursuivra pas son chemin vers La Mecque. Les deux émirs le somment alors d'abdiquer, ce qu'il fait sur le champ et Rukn ad-Dîn Baybars se fait élire sultan. An-Nâsir Muhammad reçoit néanmoins le soutien des gouverneurs de Homs et d'Alep qui lui étaient favorable[8]. Les menaces de Rukn ad-Dîn Baybars restent sans effets car An-Nâsir Muhammad parvient à réunir une armée plus forte que celle de son rival. Sayf ad-Dîn Salâr prend le parti de rejoindre An-Nâsir Muhammad[9]. Rukn ad-Dîn Baybars abdique et s'enfuit. Il est rattrapé et étranglé devant An-Nâsir Muhammad. Sayf ad-Dîn Salâr est arrêté et sa fortune est confisquée[10], on le laisse mourir de faim. Le , An-Nâsir Muhammad monte sur le trône pour la troisième fois[9].
Notes et références
↑en arabe : al-muẓaffar rukn al-dīn baybars al-jāšankīr, المظفر ركن الدين بيبرس الجاشنكير « le victorieux, soutien de la religion ».
↑Jashandir en arabe : جاشنكير est un arabisation du persan : čāšanīgīr, چاشنیگیر « goûteur »
↑Ustadar en persan : ustādār, استادار « majordome »
↑Ayalon, David (1951). « The Wafidiya in the Mamluk Kingdom ». Islamic Culture. In Studies on the Mamluks of Egypt (1250-1517), Variorum Reprints, Londres, 1977, pp. 89-104
↑ a et bAndré Clot, op. cit., « L'âge d'or », p. 125
↑Ibn Khaldoun cite une partie de l'inventaire des biens confisqués à Sayf ad-Dîn Salâr :
« Quelque temps après, quand an-Nâsir eut reconquis le pourvoir, il disgracia Sallâr et confisqua son trésor. J'ai pris connaissance de l'inventaire de celui-ci, dont j'extrais ce qui suit :
Une quantité équivalente d'effets, de meubles, de chevaux, de bêtes de somme, de récoltes, de bétail, d'esclaves mâles et femelles, d'immeubles. »
— Ibn Khaldoun (trad. Abdesselam Cheddadi), Le Livre des exemples, vol. I, Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade », , 1560 p. (ISBN2-07-011425-2), « Réalisations et puissance originelle », p. 455.