Né à Marseille le , Albert Condamin entre chez les jésuites à 20 ans et séjourne essentiellement dans les maisons des jésuites repliés en Angleterre après leur interdiction d'enseigner en France. Ordonné prêtre en 1895, il continue sa formation à Beyrouth, à Paris et à Angers de 1896 à 1899[1]. Albert Condamin est élève à l'École pratique des Hautes études[2].
Albert Condamin fait partie des exégètes bibliques catholiques progressistes, comme Marie-Joseph Lagrange dont il est un collaborateur, correspondant régulier et ami. Lagrange l'appelle son « frère d'armes »[3] et cette amitié est précieuse et solide[4],[5],[6].
En 1905, Condamin publie une traduction critique du Livre d'Isaïe. Selon le théologien américain Edward L. Curtis, « the striking feature of this work is a graceful and vigorous translation, preserving the parallelism of Hebrew poetry especially, dividing
the text into strophes. »[7]. Les travaux d'Albert Condamin se heurtent au blocage du Saint-Siège, qui lui ordonne en 1907 de ne pas publier la seconde partie de son étude sur le Livre d'Isaïe, déjà censurée lors de la publication de la première partie deux ans plus tôt[3]. En effet, Condamin y soutient qu'une partie de ce livre, à partir du chapitre 40, n'a pas été écrite au VIIIe siècle av. J.-C mais par un autre auteur[1][a]. Comme Lagrange et d'autres, il est accusé de modernisme[9].
En 1939 encore, une nouvelle édition de la seconde partie de son étude sur le Livre d'Isaïe est arrêtée sur ordre du cardinal Eugène Tisserant alors que les pages sont déjà imprimées[3] et prêtes à être éditées chez Gabalda. Tisserant croit d'abord qu'il peut autoriser cette parution avant de donner un contre-ordre[10].
Albert Condamin publie une traduction et un commentaire du Livre de Jérémie qui sont plusieurs fois rééditées et font l'objet de recensions dans des revues académiques, religieuses et historiques. Le rabbin Mayer Lambert critique notamment sa théorie de la strophique[11]. René Dussaud, dans la revue Syria, souligne que « L'éloge de l'oeuvre du P. Condamin n'est plus à faire »[12]. Selon Louis Dennefeld, « Si tous les spécialistes ne sont pas d'accord avec le P. Condamin sur le système métrique par lui appliqué à bien des morceaux du livre de Jérémie, ils sont d'autant plus unanimes à reconnaître la grande valeur de son exégèse. »[13].
En 1933, Albert Condamin publie une étude des poèmes de la Bible qui est également signalée et commentée[14],[15],[16]. Ce livre vulgarise en France les études exégétiques allemandes sur la structure strophique des textes bibliques[17].
Œuvres
Albert Condamin S. J., La Bible et l'assyriologie : Première partie. L'histoire et la prophétie ; la religion et la morale, Paris, J. Dumoulin, , 70 p. (lire en ligne)[6].
Albert Condamin S. J., Le Livre d'Isai͏̈e : traduction critique avec notes et commentaires, Paris, Librairie Victor Lecoffre, , 401 p. (lire en ligne)[7].
Albert Condamin, S. J., Le Livre de Jérémie : Traduction et commentaire, Paris, Gabalda, (1re éd. 1920), 380 p., in-8° (lire en ligne)[11],[12],[13].
Albert Condamin, S. J., Poèmes de la Bible : Avec une introduction sur la strophique hébraïque, Paris, Beauchesne, , 289 p., in-8° (lire en ligne)[14],[15].
Notes et Références
Notes
↑La recherche actuelle distingue plutôt trois auteurs[8].
↑ a et b« Chronique de l'enseignement », Revue internationale de l'enseignement, vol. 41, no 1, , p. 60–65 (lire en ligne, consulté le ).
↑ ab et cBernard Montagnes, « La question biblique au temps de Pie XI », dans Achille Ratti pape Pie XI : Actes du colloque de Rome (15-18 mars 1989) organisé par l'École française de Rome en collaboration avec l'Université de Lille III - Greco no 2 du CNRS, l'Università degli studi di Milano, l'Università degli studi di Roma - «La Sapienza», la Biblioteca Ambrosiana, Rome, École Française de Rome, coll. « Publications de l'École française de Rome, » (no 223), (lire en ligne), p. 255-276.
↑ a et bDominique Charpin, En quête de Ninive : Des savants français à la découverte de la Mésopotamie (1842-1975), Paris, Les Belles Lettres - Collège de France, coll. « Docet omnia » (no 8), , 461 p. (ISBN9782251453583), p. 136.
↑ a et b(en) Edward L. Curtis, « Some Commentaries on the Prophets Der Prophet Jesaja. C. von Orelli Der Prophet Jeremia. C. von Orelli Kurzer Hand-Commentar zum Alten Testament: Dodekapropheton. Karl Marti Etudes bibliques: Le livre d'Isaie. Albert Condamin », The American Journal of Theology, vol. 10, no 4, , p. 708–712 (ISSN1550-3283, DOI10.1086/478646, lire en ligne, consulté le ).
↑Jacques Vermeylen, « Ésaïe », dans Thomas Römer, Jean-Daniel Macchi et Christophe Nihan (dir.), Introduction à l'Ancien Testament, Genève, Labor et Fides, , 902 p. (ISBN978-2830913682, lire en ligne), p. 410-425.
↑Étienne Fouilloux, « Les jésuites en France du XIXe au XXe siècle », dans Étienne Fouilloux et Bernard Hours (dir.), Les jésuites à Lyon : XVIe – XXe siècle, Lyon, ENS Éditions, coll. « Sociétés, Espaces, Temps », , 275 p. (ISBN978-2-84788-743-3, lire en ligne), p. 247–264.
↑Étienne Fouilloux, Eugène, cardinal Tisserant (1884-1972) : une biographie, Paris, Desclée De Brouwer, coll. « Pages d'Histoire », (ISBN978-2-220-02176-8, lire en ligne).
↑ a et bMayer Lambert, « Condamin (Α.). Études bibliques. Le livre de Jérémie. Traduction et Commentaire, 1920 », Revue des études juives, vol. 71, no 141, , p. 108–109 (lire en ligne, consulté le )
↑ a et bLouis Dennefeld, « P. Albert Condamin, S. J., Le livre de Jérémie. Traduction et commentaire, 1936 », Revue des sciences religieuses, vol. 17, no 2, , p. 241–241 (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bRené Dussaud, « Albert Condamin. — Poèmes de la Bible, avec une introduction sur la strophique hébraïque. », Syria. Archéologie, Art et histoire, vol. 16, no 3, , p. 301–303 (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bLouis Dennefeld, « A. Condamin, Poèmes de la Bible avec une introduction sur la strophique hébraïque, 1933 », Revue des sciences religieuses, vol. 14, no 3, , p. 454–455 (lire en ligne, consulté le ).