Très jeune elle manifeste son intérêt pour le dessin et la peinture. Elle échappe à quatorze ans à la sévérité du climat familial en trouvant un emploi de secrétaire et s'inscrit à des cours du soir de dessin. En 1930, elle entre à l'école des beaux-arts de Buenos Aires où elle obtient le diplôme de professeur de dessin et de peinture, participe à des salons et à des expositions collectives, obtenant plusieurs prix nationaux[4].
Alicia Penalba crée en 1951 sa première sculpture non figurative et détruit la plupart de ses premiers travaux[3]. À partir de 1953, elle entreprend, autour de rythmes verticaux, des séries de Totems (Surveillant des rêves, Le Voyeur des Nuits) ou de Liturgies végétales et présente sa première exposition personnelle à Paris en 1957 à la galerie du Dragon.
Sur la fin des années 1950, dans la série des Doubles, ces rythmes se fractionnent en éléments distincts entre lesquels joue la lumière. À partir de 1959, elle commence à réaliser des sculptures pour l'architecture. La galerie Claude Bernard lui consacre en 1960 une monographie mais, soucieuse d'indépendance, elle mettra fin à cette collaboration.
Par la suite Alicia Penalba développe, généralement en bronze, plusieurs séries dans lesquels les éléments, resserrés sur eux-mêmes (Fruits de mer) ou éclatés, se rassemblent, dans les années 1960, en un mouvement ascensionnel de volumes horizontaux et obliques, en équilibre instable, suggérant l'élan d'un envol (Ailées), que commente de façon poétique Pablo Neruda. Ses œuvres sont introduites dans un grand nombre de musées ou de parcs de sculptures de France, à Paris et en province (université de Bordeaux), d'Allemagne, de Belgique, du Luxembourg, de Suisse (Centre Paul-Klee à Berne), d'Italie, d'Argentine, du Pérou et des États-Unis.
Dans les années 1970, Alicia Penalba se tourne également vers les arts décoratifs. Elle crée cinq formes de vase en porcelaine, une sculpture en édition limitée en grès, et les décors Diabolico et Gnome pour des coupes et des assiettes en porcelaine, ensemble réalisé avec la manufacture nationale de Sèvres. On lui doit aussi un ensemble de bijoux (à partir de 1964), des tapis, des tapisseries (manufacture des Gobelins) et des lithographies.
Alicia Penalba meurt à la suite d'un accident le [3], , sa voiture fauchée par un train[6], alors qu'elle se rendait avec son compagnon Michel Chilo[7] à l'enterrement du père de son ami.
Jugement
« ... Ainsi Alicia Penalba apprit à construire des étoiles. Elle les fait de pierre ou d'argent, d'or ou de bois, mais toujours en les détachant du magma originel ou de la blancheur éternelle. Ses créations rugueuses et explosives conservent le sceau originel de ce silence, de ces tonnerres qui détruisent et créent. Les rues du monde, les cités marquent leurs artistes d'une encre indélébile, de bazar ou d'officine. Ceux qui viennent de l'espace gardent le front marqué par la bourrasque, par le feu, par le froid ou par la géographie... »
D'après Michel Seuphor, Alicia Penalba[8], Amriswil, Bodensee Verlag, 1960, p. 19 et Alicia Penalba, Paris, Éditions Carmen Martinez, 1977, p. 138-157.
1956 : « Sculpture d'un temps autre » (Michel Tapié), galerie Intérieure, Angers ; « École de Paris », Japon
1957 : Sculpture d'un temps autre, musée de Tours, Tours ; « Art et industrie française », Kunstgewerbemuseum, Zürich ; Exposition internationale du musée Rodin, Paris
1958 : « Sculpteurs », galerie Breteau, Paris ; 5e biennale de sculpture, Yverdon ; musée de Charleroi, Charleroi ; Kunsthalle Recklinghausen ; « Sept sculpteurs », musée Guggenheim, New York
1958 et 1959 : « Sculpture internationale », galerie Claude Bernard, Paris
1959 : documenta 2, Kassel ; « Drei Bildhauer aus Paris (Cousins-Hajdu-Penalba) », Museum, Haus Lange, Krefeld ; « Sculptures et dessins », Fine Arts Gallery, New York ; Biennale Triveneta, Padova
1960 : « De Daumier à nos jours », musée de Saint-Étienne, Saint-Étienne
Allemagne : Staatsgalerie, Stuttgart ; Museum Morsbroich, Leverkusen
Argentine : Colección de Arte Amalia Lacroze de Fortabat, Buenos Aires ; Colección de Arte de la Cancillería Argentina, Buenos Aires ; Fundación Federico Jorge Klemm, Buenos Aires ; Museo Nacional de Bellas Artes, Buenos Aires ; Museo de Arte Latinoamericano, Buenos Aires
Chili : Museo de la Solidaridad Salvador Allende, Santiago
États-Unis : Albright-Knox Art Gallery, Buffalo ; Bechtler Museum of Modern Art, Charlotte, NC ; Brooklyn Museum, New York ; Cleveland Museum of Art, Cleveland ; Dallas Museum of Fine Arts, Dallas ; Fogg Museum, Harvard Art Museums, Cambridge ; Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Washington D.C., Kimbell Art Museum, Fort Worth, Texas ; Museum of Art, Carnegie Institute, Pittsburgh ; New Orleans Museum of Art, Nouvelle-Orléans ; Palm Springs Art Museum, Palm Springs ; The Phillips Collection, Washington D.C. ; Yale University Art Gallery, New Haven
France : Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Paris ; Musée National d’Art Moderne, Centre National d’Art et Culture Georges Pompidou, Paris ; Musée MUba Eugène Leroy, Tourcoing ; Musée Unterlinden, Colmar
Italie : Museo dei Bozzetti Pierluigi Gherardi, Pietrasanta
↑ a et bJörn Merkert, Alicia Penalba, Paris, Éditions Carmen Martinez, 1977, p. 138.
↑« Vétuste, tout en bois, avec un simple réchaud en guise de cuisine, le lieu est des plus modeste. [...] « Les vitres étaient en papier huilé [...] », raconte aujourd'hui Jean Michalon [...] », rapporte Valentin Grivet (« Alicia Penalba, de l'ombre à la lumière », dans La Gazette de l'Hôtel Drouot, Paris, 11 janvier 2019, p. 118.
↑« Alors qu'ils se rendent aux funérailles du père de Michel Chilo dans le sud-ouest de la France, la voiture d'Alicia et de son ami est percutée par un train. Le couple est tué sur le coup. L'artiste ne laisse aucun héritier, et le testament qu'elle avait rédigé en faveur de son compagnon est sans valeur juridique. Un avocat international prend l'affaire en main : et retrouve en Argentine son premier mari. «Comme elle avait pris les torts à sa charge lors du divorce, ses biens sont revenus à son ex-époux. L'avocat a proposé à ce dernier une sorte de viager, avec une rente, explique Jean-Marc Lelouch. À la mort du mari, l'avocat a hérité de tout, œuvres et patrimoine immobilier. Celui-ci est à son tour décédé en 2018 sans héritier. Ce qui pose un certain nombre de questions, notamment celle de la possibilité ou non de faire des éditions d'œuvres de l'artiste.» », résume Valentin Grivet (« Alicia Penalba, de l'ombre à la lumière », dans La Gazette de l'Hôtel Drouot, Paris, 11 janvier 2019, p. 121.
Alicia Penalba, textes d'André Berne-Joffroy, Jacques Goldstein, Denys Chevalier, Michel Ragon, Dorothea Christ, musée d'Art moderne de la ville de Paris, 1977 (60 p.)
Alicia Penalba, Le langage des formes, Galerie A&R Fleury, Paris. Préface de François Vitrani, DG de la Maison de l’Amérique latine, Paris, texte de Victoria Giraudo, ex conservatrice en chef du MALBA, Buenos Aires, Paris, 2021 (ISBN978-2-9578623-1-3)
Articles
Valentin Grivet, « Alicia Penalba, de l'ombre à la lumière », dans La Gazette de l'Hôtel Drouot, Paris, , p. 118-121
Rafael Pic, « Alicia Penalba, "Le langage des formes", Galerie A&R Fleury, dans Le Quotidien de l'Art no 2241, Paris, jeudi 30 septembre 2021
Ouvrages généraux
Michel Seuphor, La Sculpture de ce siècle, Éditions du Griffon, Neuchâtel, 1959