On en sait peu sur sa vie. Selon la tradition, il serait né à Téos, une ville ionienne sur les côtes d'Asie mineure. L'identité de son père reste sujet à discussion ; il y a quatre possibilités : Scythianos, Eumélos, Parthénios, ou Aristocritos.
Lorsque la cour de Samos disparut et que Polycrate fut mort, en 522, Anacréon se rendit à Athènes, invité par le tyranHipparque qui aurait dépêché une galère à cinquante rames spécialement équipée pour le chercher[2],[1]. Là, il fréquenta le cercle d'artistes rassemblés par le tyran et les meilleures familles de la cité. Il se lia en particulier avec Simonide de Céos et Xanthippe, père de Périclès. Il célébra également la beauté de Critias, fils de Dropidès et héros du dialogue de Platon qui porte son nom. Entre autres gestes pour propager le savoir et l’instruction à Athènes antique, Hipparque fit inscrire des pensées et maximes sur les sculptures de Hermès entre la cité et chaque dème, et attira Simonide de Céos ou encore Anacréon de Téos[3]. Après la chute des Pisistratides, il regagna son Ionie natale.
Il serait mort à l'âge de 85 ans à Téos. Selon la tradition, il se serait étouffé avec un raisin sec[4],[5] : « Aujourd'hui, même moins encore suffira pour te tuer : la morsure de la dent ténue d'un serpent, ou même, comme pour le poète Anacréon, un grain de raisin sec ; ou comme le préteur Fabius Senator, étouffé par un seul poil dans une gorgée de lait. » Simonide lui dédia deux épitaphes, Athènes érigea sa statue sur l'Acropole, et Tégée grava ses portraits sur sa monnaie.
Œuvre
Anacréon se consacre principalement à la poésie amoureuse et à la poésie de banquet. Ainsi, la statue que lui consacrent les Athéniens le représente comme un poète inspiré par Dionysos. Le style d'Anacréon se caractérise par sa légèreté et son charme. Le vin est loué mais sans excès (« Dix mesures d'eau pour cinq de vin, voilà le bon mélange », frag. 11), l'amour doit également rester mesuré (« J'aime et je n'aime pas. Je suis fou et je ne suis pas fou », frag. 83). Ce style est rapidement connu sous le qualificatif d'« anacréontique ». On appelle ainsi Anacreontea des recueils de poèmes légers.
Il emploie des mètres variés ; les strophes les plus courantes sont composées de mètres glyconiens terminés par un mètre phérécratien, ou de mètres dits « anacréontiques », composés d'ioniques mineurs. Ce type de strophe rencontrera un très grand succès par la suite, chez les Grecs comme chez les Romains.
Postérité
Anacréon et ses poèmes ont inspiré écrivains, musiciens, peintres et sculpteurs.
Littérature
Théocrite, consacre une épigramme à une représentation du poète, « Sur une statue d'Anakréôn [sic] »[6].
Augustin Pajou a sculpté Anacréon arrachant une plume aux ailes de l’Amour conservé au Musée du Louvre et une terre cuite représentant Anacréon conservée au Musée Lambinet de Versailles.
Dans la troisième partie des Contes libertins de Jean de La Fontaine on trouve deux contes intitulés « Imitation d'Anacréon » et « Autre imitation d'Anacréon ».
The Anacreontic Song (1771) de John Stafford Smith de l'Anacreontic Society (société de musiciens britanniques) ; la mélodie de cette œuvre est utilisée dans l'hymne luxembourgeois, qui précède l'actuel « Ons Heemecht », et dans l'actuel hymne des États-Unis d'Amérique, « The Star-Spangled Banner ».
Luigi Cherubini a également composé Anacréon ou l'Amour fugitif (1802).
Un Lied de Hugo Wolf (1860-1903), Anakreons Grab (« tombeau d'Anacréon ») sur un poème de Goethe qui rend hommage au poète grec.
Peinture et sculpture
Mosaïque découverte en 1965 à Autun dans une villa romaine, représentant, entre autres personnages, Anacréon, avec en arrière-fond, un de ses poèmes[7],[8]. Conservée au musée Rolin.
↑Werner Jaeger, Paideia, La formation de l'homme grec, Gallimard, coll. Tel, 1988, p. 277.
↑Platon écrit qu’Hipparque envoie un navire de 50 rames pour attirer Anacréon à sa cour et qu’Hipparque faisait écrire deux citations par hermès, à gauche et à droite
↑in Idylles de Théocrite et Odes anacréontiques, trad. Leconte de Lisle, 1861 [lire en ligne (page consultée le 28 juillet 2023)]. V. épigramme n° XVI.
↑Michèle Blanchard, Alain Blanchard, « La mosaïque d'Anacréon à Autun », Revue des Études Anciennes, vol. 75, nos 3-4, , p. 268-279 (lire en ligne)
↑Michèle Blanchard-Lemée et Alain Blanchard, « La mosaïque des Auteurs grecs d'Autun : texte et image », Bulletin de l'Association suisse d'archéologie classique, , p. 16-25 (lire en ligne [PDF])
Lucien de Samosate (trad. du grec ancien, trad. par Émile Chambry, révisée et annotée par Alain Billault et Émeline Marquis avec la collaboration de Dominique Goust; introduction par Alain Billault), Œuvres complètes, Paris, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1248 p. (ISBN978-2-221-10902-1).
Gérard Lambin, Anacréon. Fragments et imitations, Rennes, Presses universitaires de Rennes, , 340 p. (ISBN978-2-868-47740-8, lire en ligne)
Suzanne Saïd, Monique Trédé et Alain Le Boulluec, Histoire de la littérature grecque, Paris, PUF, coll. « Quadrige Manuels », 2019 [4e éd. mise à jour], 724 (ISBN978-2-130-82079-6), p. 83-84; 92-93 et passim
Frédéric Mathews, Anacréon. Traduction et étude. Phototypies du manuscrit et de la reproduction de Spaletti, Paris, Les Presses Universitaires, , 211 p.
Manuscrit grec en phototypie. L'ouvrage porte la mention « Les Presses Universitaires », mais la BNF donne pour éditeur : « Presses universitaires de France » [1]