Les Antillocorini se caractérisent, face aux autres Rhyparochrominae, par des critères dont certains sont microscopiques : des stigmates abdominaux (ou spiracles) tous ventraux, la paire postérieure de trichobothries du 5e sternite (segment abdominal ventral) implantées en biais et non sur une ligne verticale, des ocelles situées entre les yeux ou légèrement en arrière; la suture entre les sternites 4 et 5, n'atteint en général pas le bord de l'abdomen, et est incurvée vers l'avant sur les côtés. Le 2e segment du rostre atteint ou dépasse la base de la tête vers l'arrière. Les tarses comportent 3 segments (alors qu'il n'y en a que 2 chez les Lilliputocorini)[2]. Les juvéniles ont une suture abdominale dorsale se terminant en Y sur les côtés. Par contraste avec les Lethaeini, les buccules (renflements sur les côtés de la base du rostre) se rejoignent loin en arrière de la base de rostre et La tête ne présente pas de zones iridescentes. les membranes n'ont pas de veine transversale[3]. Ils dépassent rarement 3 mm.
Répartition et habitat
Ce groupe n'est pas restreint aux Antilles, comme son nom pourrait le laisser croire. Il est cosmopolite, mais surtout tropical et subtropical[2], avec la plus grande diversité apparaît dans la zone néotropicale[4]. Quelques espèces s'aventurent toutefois plus haut dans l'hémisphère Nord, notamment Antillocoris et Paurocoris dans la zone néarctique, et Homoscelis, Iodinus et Tropisthetus dans le Paléarctique[2],[3],[5].
En Europe, on rencontre les genres Homoscelis (une espèce en Grèce) et Tropisthetus (six espèces, dont trois en France[6] et une en Suisse), dont Tropistethus holosericus, qui est présente au Nord jusqu'en Grande-Bretagne[7] et en Scandinavie[8].
Au Canada, on rencontre deux espèces, Antollocoris minutus et A. pilosulus, toutes deux présentes au Québec[9].
Biologie
Comme les autres Rhyparochromidae, il s'agit de mangeurs de graines (la famille est appelée « seed bugs » en anglais, signifiant « punaises des graines »), qu'elles trouvent au sol dans la litière. Elles sucent également la partie préradicale des plantes[3].
Deux espèces ont été décrites dans des grottes: l'une, Botocudo cavernicola, en Nouvelle-Guinée, sur le guano d'une colonie de chauves-souris. Celles-ci, des roussettes, se nourrissent de fruits, dont les graines se retrouvent dans leur guano, ce qui fait le menu de cette espèce de punaises; l'autre, Valeris subcavernicola (anciennement dans le genre Cligenes[10]) à Trinidad et au Pérou, où elle se nourrit également de graines, présumées de Ficus et de Piper, également dans le guano de colonies de chauves-souris, et capables de transporter des graines empalées à l'extrémité de leur rostre[11].
Dans le Paléarctique, les espèces hibernent à l'état adulte[3].
Systématique
Ce taxon, qui fait partie de la sous-famille des Rhyparochrominae, a été décrit en 1964 par l'entomologiste américain Peter D. Ashlock[12] (1929-1989), pour les séparer des Lethaeini dans lesquels ils étaient compris jusqu'alors[13]. Il a été repris et accepté par Sweet (1967)[14]. De nombreuses études précisent leur systématique, leurs relations et leur répartition[15],[16],[17],[18],[19],[20],[21],[22],[23].
Cette tribu comprend 35 genres et près de 120 espèces. Le genre type est Antillocoris Kirkaldy, 1904. Le site Lygaeoidea Species Files présente un catalogue en ligne des espèces avec leurs références[2],[5].
D'un point de vue phylogénique, il n'est peut-être pas encore monophylétique, car certains taxons néotropicaux présentent un alignement des trichobothries abdominales, et une bordure postérieure de la corie fortement concave[2]. Le manque de collecte d'individus juvéniles ne permet pas de déterminer certains critères. Comme il s'agit de punaises de très petite taille, de nouvelles espèces continuent encore à être découvertes, en particulier dans la zone néotropicale[2].
↑ abcde et f(en) Randall T. Schuh et Christiane Weirauch, True bugs of the world (Hemiptera, Heteroptera) : classification and natural history., Manchester, Siri Scientific Press, , 800 p. (ISBN978-0-9957496-9-6 et 0-9957496-9-8, OCLC1125224106, lire en ligne), p. 596-597
↑ abc et dJean Péricart, Hémiptères Lygaeidae euro-méditerranéens, vol. 2, vol. 84b, Fédération française des Sociétés de Sciences naturelles, , 468 p. (lire en ligne), pp. 367-382
↑Julieta Brambila, « A Review of Cligenes with the Description of a New Genus, Valeris (Hemiptera: Rhyparochromidae: Antillocorini) », The Florida Entomologist, vol. 83, no 3, , p. 303 (DOI10.2307/3496349, lire en ligne, consulté le )
↑James A. Slater, « On the Biology of Cave Inhabiting Antillocorini with the Description of a New Species from New Guinea (Hemiptera: Lygaeidae) », Journal of the New York Entomological Society, vol. 91, , p. 424–430 (ISSN0028-7199, lire en ligne, consulté le )
↑Peter D. Ashlock, « Two new tribes of Rhyparochrominae: a re-evaluation of the Lethaeini (Hemiptera: Heteroptera: Lygaeidae). », Annals of the Entomological Society of America, vol. 57, , p. 414-422
↑Sweet, Merrill H., « The tribal classification of the Rhyparochrominae (Heteroptera: Lygaeidae) », Annals of the Entomological Society of America, vol. 60, , p. 208-226 (DOI10.1093/AESA/60.1.208)
↑(en) Harry Barber, « The genus Antillocoris Kirk. in the United States. (Hemiptera:Lygaeidae) », Bulletin of the Brooklyn Entomological Society , , p. 85-87 (lire en ligne)
↑Richard M. Baranowski et James A. Slater, « New Genera and Species of Antillocorini from Trinidad and Brazil (Hemiptera: Lygaeidae) », The Florida Entomologist, vol. 70, no 3, , p. 381 (DOI10.2307/3495072, lire en ligne, consulté le )
↑J. E. O'Donnell, « Notes on the Phylogenetic Relationships of Neotropical Antillocorini, with Descriptions of Three New Species (Heteroptera: Rhyparochromidae: Rhyparochrominae) », Journal of the New York Entomological Society, vol. 108, nos 1/2, , p. 114–129 (ISSN0028-7199, lire en ligne, consulté le )
↑Richard M. Baranowski et Julieta Brambila, « Caymanis, a New Genus of Antillocorini from the Cayman Islands (Hemiptera: Lygaeidae) », The Florida Entomologist, vol. 84, no 1, , p. 117 (DOI10.2307/3496670, lire en ligne, consulté le )
↑German Cheli, « First record of the genus Terenocoris (Heteroptera: Rhyparochromidae: Antillocorini) from Argentina and Bolivia », Revista de la Sociedad Entomológica …, (lire en ligne, consulté le )
↑Laura Alexandra Rengifo-Correa et Ranulfo González Obando, « Insecta, Hemiptera, Rhyparochromidae, Antillocorini, Paradema oculata Slater, 1980: distribution extension in Colombia », Check List, vol. 7, no 2, , p. 200 (ISSN1809-127X, DOI10.15560/7.2.200, lire en ligne, consulté le )
↑(en) M. B. Malipatil et T. E. Woodward, « A New Genus and Two New Species of Antillocorini from Malaysia (Hemiptera: Lygaeidae: Rhyparochrominae) », Oriental Insects, vol. 23, no 1, , p. 169–176 (ISSN0030-5316 et 2157-8745, DOI10.1080/00305316.1989.11835508, lire en ligne, consulté le )