Intriguée par la grande réputation de tisseuse d’Arachné, Athéna se déguisa en vieille femme pour rendre visite à la jeune tisseuse et observer son magnifique travail. Arachné, n'ayant point reconnu la déesse, prétendit devant celle-ci qu'elle était la meilleure tisseuse du monde, meilleure qu'Athéna elle-même. La déesse entra alors dans une grande colère en constatant qu'une simple mortelle pouvait prétendre être aussi adroite qu'elle.
Elle révéla à Arachné sa véritable identité et organisa un concours avec la jeune femme. La déesse illustra sur sa broderie les divers dieux de l'Olympe (et dans les quatre coins, des mortels présomptueux), tandis qu'Arachné préféra illustrer les comportements honteux des dieux (dont Zeus avec ses nombreuses amantes).
Athéna ne découvrit dans cette broderie aucun défaut mais, jalouse et furieuse, elle frappa Arachné de sa navette et déchira son ouvrage. Humiliée, Arachné se pendit. La déesse décida d'offrir une seconde vie à Arachné, sous la forme d'une araignée suspendue à son fil, pour qu'elle puisse tisser pour l’éternité.
« O folle Aragne, sì vedea io te già mezza ragna, trista in su li stracci de l'opera che mal per te si fé. »[3]
« O folle Arachné, je te voyais déjà à moitié araignée, et triste, sur les débris de la toile que par malheur tu ourdis ! »[4]
Hommage
Arachné est une des 1 038 femmes représentées dans l'œuvre contemporaine de Judy Chicago, The Dinner Party, aujourd'hui exposée au Brooklyn Museum. Cette œuvre se présente sous la forme d'une table triangulaire de 39 convives (13 par côté). Chaque convive étant une femme, figure historique ou mythique. Les noms des 999 autres femmes figurent sur le socle de l'œuvre. Le nom d'Arachné figure sur le socle, elle y est associée à Sophie, sixième convive de l'aile I de la table[5].
Sylvie Ballestra-Puech, L’araignée, le lézard et la belette : versions grecques du mythe d’Arachné, dans Rursus, 2, Nice, 2007 lire en ligne
« Pour János György Szilágyi, la version grecque est un récit étiologique caractéristique de la période hellénistique tandis que la version ovidienne témoignerait d'une origine plus ancienne, remontant au moins à l'époque archaïque de rivalité entre l'artisanat grec et l'artisanat d'Asie mineure. Cette lecture historique du mythe était déjà celle de Robert Graves. Elle s’appuie notamment sur l'origine lydienne d'Arachné chez Ovide, que l'on retrouve chez Pline l'Ancien tandis que Nonnos de Panopolis fait d'Arachné une Perse et Héliodore une Sère. Cependant, si des circonstances historiques ont pu déterminer le cadre géographique du récit mythique, celui-ci ne se réduit pas pour autant à la simple transposition de ces circonstances. Aussi Ioanna Papadopoulou-Belmehdi, qui replace la version « attique » dans le contexte de la symbolique du tissage féminin, la considère-t-elle comme « plus ancienne » que celle d'Ovide, « enracin[ant] le mythe en plein sol athénien ». Mais il existe aussi une troisième version, vraisemblablement d’époque alexandrine, qui l’associe au devin Tirésias et attribue la métamorphose au courroux d’Aphrodite. »