Elle a également travaillé ponctuellement pour le cinéma et la télévision, comme scénariste et actrice.
Selon le New Yorker, elle est considérée comme l'un des 20 auteurs anglo-saxons les plus significatifs du XXIe siècle.
Biographie
Arundhati Roy est née en Inde, à Shillong, au sein d'une famille et d'un environnement chrétiens, dans l'État d’Assam[1]. Sa mère, Mary Roy, est une chrétienne de saint Thomas (chrétienne syriaque malayalie) et militante des droits des femmes, originaire du Kerala[2]. Son père est Rajib Roy, bengalihindou originaire de Calcutta et gestionnaire d'une plantation de thé. Ses parents divorcent quand elle a deux ans et elle retourne vivre avec sa mère et son frère au Kerala[2], dont elle se considère ainsi originaire[3].
N'étant pas les bienvenus à cet endroit, ils déménagent chez le grand-père maternel de Roy à Ooty, au Tamil Nadu. Lorsqu'elle a cinq ans, la famille retourne au Kerala, où sa mère fonde une école[2].
Au début de sa carrière, Arundhati Roy travaille pour la télévision et le cinéma. Elle écrit les scénarios de In Which Annie Gives It Those Ones en 1989, un film basé sur ses propres expériences en tant qu'étudiante en architecture et dans lequel elle apparaît, et de Electric Moon en 1992[4], les deux étant réalisés par son mari de l'époque Pradip Krishen. Elle reçoit le Lotus d'argent du meilleur scénario pour In Which Annie Gives It Those Ones.
En 1994, Roy critique La Reine des bandits de Shekhar Kapur, un film basé sur la vie de Phoolan Devi[4]. Dans sa critique, intitulée The Great Indian Rape Trick, elle s'interroge sur le droit de « rejouer le viol d'une femme encore en vie sans sa permission » et accuse Kapur d'utiliser Devi et de représenter sa vie de manière inexacte[5],[6].
Le Dieu des Petits Riens
Arundhati Roy commence à écrire son premier roman, Le Dieu des Petits Riens (The God of Small Things) en 1992. Elle le termine en 1996[7]. Le livre est inspiré de sa vie et une grande partie est basée sur son enfance au Kerala[1].
La publication du Dieu des Petits Riens rend Roy célèbre à travers le monde. Le livre reçoit le prix Booker en 1997 et fait partie de la liste des livres remarquables du New York Times la même année[8]. Le livre est également un succès commercial : publié en mai, il est vendu dans 18 pays dès juin[7] et atteint la quatrième place sur la New York Times Best Seller list pour la fiction indépendante[9].
Le Ministère du Bonheur Suprême
En raison de son lieu de publication et des enjeux qui y sont liés, le livre passe pratiquement inaperçu dans le monde littéraire français. Pourtant, les rares critiques francophones sont globalement très favorables[10],[11],[12],[13].
Militantisme et analyses politiques
Arundhati Roy est aussi connue pour son activisme pacifiste ses multiples combats « pour l’environnement, le droit foncier des autochtones, la cause indépendantiste du Cachemire et contre le fondamentalisme hindou »[3]. Son premier essai, intitulé The End of Imagination (La Fin de l'imagination), était une réaction aux tests nucléaires indiens de Pokharan au Rajasthan. Suivront The Greater Common Good (Le plus grand bien commun), contre la politique des grands barrages menée par le gouvernement indien, et The Reincarnation of Rumpelstiltskin (La réincarnation de Rumpelstiltskin), qui analyse la privatisation des canaux de distribution de choses essentielles comme l'eau et l'électricité.
Elle défend l'idée d'après-développement et a participé à sa conceptualisation, ainsi elle a participé à plusieurs forums sociaux, notamment celui de Mumbai (2004).
En mars 2002, elle est condamnée par la Cour suprême indienne pour avoir dénoncé la décision de justice autorisant la construction d'un barrage sur la Narmadâ, condamnation symbolique d'un jour de prison et de 2000 roupies (35 € au cours de ).
En 2004, Roy reçut le prix Sydney de la Paix pour son engagement dans des campagnes sociales et son appui au pacifisme. En 2005, elle participa au Tribunal mondial sur l'Irak.
Le , le magazine indien Outlook publie le récit de sa visite dans les zones contrôlées par la guérilla naxalite[14]. Ce récit qui veut apporter au public les raisons de cette lutte connaît un écho national et international. Bien qu'elle-même ne partage pas le projet politique et les méthodes des insurgés maoïstes, elle a été durement critiquée par la plupart des médias indiens. Son domicile a été attaqué par des membres de la branche féminine du Bharatiya Janata Party (BJP, nationalistes hindous)[14]. Le , le ministère de l’Intérieur indien et la police de l’État du Chhattisgarh annoncent avoir enregistré une plainte contre l'auteure, pour violation des dispositions du CSPSA (loi spéciale de sécurité publique du Chhattisgarh).
Dans son livre The End of Imagination, elle soutient qu'un grand nombre d'organisations non gouvernementales sont des instruments utilisés par les gouvernements occidentaux, la Banque mondiale, l'ONU et certaines compagnies multinationales pour neutraliser la résistance au néolibéralisme[15].
Le 5 mai 2021, dans le contexte de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, particulièrement grave en Inde, elle publie un appel invitant le Premier ministre Narendra Modi à démissionner pour céder la place à un gouvernement d'union compétent pour gérer l'urgence sanitaire[16],[17].
Pour son engagement politique (sur les attaques contre les droits de l'homme en Inde, sur les problèmes environnementaux, sur la guerre et le capitalisme) et la qualité de son travail littéraire, elle reçoit le Prix PEN Pinter(en) en 2024[20].
Arundhati Roy (trad. Claude Demanuelli), Le Coût de la vie, Paris, Gallimard, coll. « Arcades », , 163 p. (ISBN978-2-07-075728-2)
Arundhati Roy (trad. Frédéric Maurin), Ben Laden, secret de famille de l'Amérique, Gallimard, coll. « Hors série Connaissance », , 32 p. (ISBN978-2-07-076470-9, lire en ligne)
Arundhati Roy (trad. de l'anglais par Claude Demanuelli), L'Écrivain-militant, intégralité des essais et articles politiques écrits depuis 1998, Paris, Gallimard, , 389 p. (ISBN978-2-07-030281-9, BNF39090898)
Arundhati Roy (trad. de l'anglais par Claude Demanuelli), La Démocratie : notes de campagne, Paris, Gallimard, coll. « Du Monde Entier », , 345 p. (ISBN978-2-07-012661-3, BNF42374016)
Arundhati Roy (trad. de l'anglais par Juliette Bourdin), Capitalisme : une histoire de fantômes, Paris, Gallimard, coll. « Hors série Connaissance », , 147 p. (ISBN978-2-07-011748-2, BNF45145358)
Arundhati Roy (trad. de l'anglais par Juliette Bourdin, Claude Demanuelli, Irène Margit et Frédéric Maurin), Mon cœur séditieux : Essais, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », , 1056 p. (ISBN978-2-072-84459-1)
Arundhati Roy (trad. de l'anglais par Irène Margit), Azadi. Liberté - Fascisme - Fiction, Gallimard, , 288 p. (ISBN978-2-072-92066-0)
Arundhati Roy (trad. de l'anglais), Aucun d'entre vous ne doit prétendre qu'il ne savait pas, Gallimard, (ISBN978-2-073-06158-4)
The Doctor and the Saint, an introduction to B. R. Ambedkar's "Annihilation of Caste", Londres et New-York, Verso, , 415 p. (ISBN978-1-78168-831-1)
Collection of essays: The End of Imagination, he Greater Common Good, Power Politics, The Ladies Have Feelings, So..., The Algebra of Infinite Justice, War is Peace, Democracy, War Talk, et Come September.
↑ a et b« Arundhati Roy, écrivaine : « En Inde, les idéologues du parti de Narendra Modi vouent ouvertement un culte à Hitler et à Mussolini » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
(en) Shibu Simon et Sijo Varghese C., Art and Activism in Arundhati Roy: A Critical Study Based on Spivak's Theory of Subalternity, Sarup Book Publishers, New Delhi, 2010, 227 p. (ISBN9788176256834).