Compte tenu de la réussite du débarquement allié, de Lattre décide de hâter la libération de Toulon et n’attend pas le débarquement de son second échelon. La mission est confiée à la 3e DIA (au nord) et à la 1re DFL (au sud) avec pour appui le 2d CC de la 1re DB et le 2e RSAR. Le centre du dispositif est donné à la 9e DIC.
Cette opération se distingue en trois phases distinctes :
investissement du secteur : à partir du 19 août, le 3e RSAR, le 2e RSAR puis le 7e RCA partent de Puget-Ville et contournent Toulon par le nord pour se placer à l’ouest (Bandol) et au nord-ouest de la ville (hauteur des Quatre Chemins). Le 3e RTA quant à lui progresse en direction du nord de la ville. Le 20 août en fin d’après midi, le lieutenant Alland, commandant la 1re compagnie du 3e RTA, pénètre le premier dans Toulon. Il parvient à faire le tour des installations de défense allemandes et les renseignements transmis au colonel de Linares, faciliteront la prise de la ville. Le 3e RTA est rejoint le 21 par le bataillon de choc et le détachement de chars (3e RSAR). De son côté, la 1re DFL a progressé sur l’est de Toulon mais est accrochée en plusieurs points (Les Pousselons, mont Redon, Golf Hotel). Pour le 6e RTS de la 9e DIC avec les chars du 5e RCA les accrochages ont lieu sur Solliès. Toujours à l’est, les commandos d’Afrique prennent le fort du Coudon sur le mont éponyme (700 mètres d'altitude) ;
démantèlement : la 9e DIC et la 1re DFL progressent à l’est de Toulon mais sont accrochées sévèrement (massif du Touar, La Garde, Le Pradet et La Valette). Au nord, le bataillon de choc et le 3e RTA aidés de FFI investissent la ville et le fort de la Croix du Faron sur le mont Faron. L’accrochage le plus sérieux étant celui de la Poudrière. Néanmoins, les forces françaises parviennent à investir la ville et à couper les liaisons vers l’ouest ;
la réduction définitive : le nettoyage de la ville est confié à la 9e DIC (4e, 6e et 13e RTS). La reddition de la ville a lieu le .
Bilan
Selon le général de Lattre, les pertes de l'armée française sont de 2 700 tués ou blessés. Les pertes du 6e Régiment de tirailleurs sénégalais (6e RTS) commandé par le général Salan sont pour la période du 18 au 25 août 1944 de 124 Européens (35 tués, 2 disparus et 87 blessés) et 463 Africains (72 tués, 17 disparus et 374 blessés). Les Allemands comptent environ 1 000 tués et 17 000 prisonniers.
Hommages
Inscriptions de bataille
L'inscription de bataille Toulon 1944 est attribuée aux drapeaux des :
1er Régiment de choc (héritier du bataillon de choc et du groupe de commandos d'Afrique)
3e Régiment de tirailleurs algériens (3e RTA)
5e Régiment de chasseurs d'Afrique (5e RCA)
7e Régiment de chasseurs d'Afrique (7e RCA)
4e Régiment de tirailleurs sénégalais (4e RTS)
6e Régiment de tirailleurs sénégalais (6e RTS)
Régiment d'infanterie coloniale du Maroc (RICM)
Régiment d'artillerie coloniale du Maroc (RACM)
Régiment d'artillerie coloniale du Levant (RACL)
2e Régiment d'infanterie coloniale ( 2e RIC)
Monuments et plaques commémoratives de la libération de Toulon
« Ici même, le 28 août 1944, des éléments du 3e spahis algérien, du bataillon de choc, du 3e tirailleurs algériens et du 7e régiment de chasseurs d'Afrique ont fait flotter le drapeau français sur Toulon »
— Texte de la plaque commémorative Place de la liberté, Toulon
La Rode : stèle au 3e RTA
Hameau des Dardennes : monument au 3e RTA
Place Louis-Charry : stèle aux 3e RTA et II/67e RAA
Plaque commémorative de l'action du lieutenant Alland au no 813 avenue des Moulins.
Quartier Saint-Antoine: plaque au 3e RTA (1re compagnie)
Porte Malbousquet, de l'arsenal : plaque au 1er bataillon du 4e RTS
Fort d'Artigues : plaque au 1er bataillon du 6e RTS
Rond-point de la 9e DIC : monument à la 9e DIC
Toulon: plaque au 1er bataillon de choc
Citations militaires
Citations militaires
Plusieurs unités combattantes sont citées à l'ordre de l'armée (croix de guerre avec palme) pour ces faits d'armes[1]:
« Régiment d'élite, déjà deux fois cité pendant la campagne d'Italie, et qui vient de se couvrir d'une nouvelle gloire, au lendemain même de son débarquement sur la terre de France. Magistralement commandé depuis le début des opérations par un chef doué des plus belles qualités militaires, le colonel Gonzales de Linares, le 3e R.T.A. a, par ses trois bataillons, pris une part capitale aux opérations de Toulon et de Marseille. Son 1er bataillon, énergiquement commandé par le commandant de Rocquigny, a enlevé la position clé du Croupatier, au nord de Toulon, puis s'est jeté au cœur de la ville, sans tenir compte de son infériorité numérique, coupant à l'ennemi tout itinéraire de repli, lui faisant 200 prisonniers et capturant un énorme butin. Son 3e bataillon, sous les ordres d'un chef dynamique, le capitaine Ruault, s'est frayé un passage dans les défenses avancées du nord de Toulon, les 19, 20 et 21 août, portant par une habile manœuvre ses éléments au Revest, puis à Dardennes et le Moulins. A ensuite pris une part importante dans l'attaque en force exécutée contre la poudrière de Saint-Pierre le 22, enlevant sans un impétueux élan le quartier de Saint-Anne, en dépit d'une résistance acharnée de l'adversaire, lui prenant plusieurs centaines de prisonniers. A enfin coopéré à la chute de Marseille, grâce à l'action décisive de son 2e bataillon qui, sous les ordres d'un chef ardent, le commandant Valentin, s'est emparé de la colline de Notre-Dame-de-le-Garde, fortement organisée et tenue, pivot de la défense adverse. A ainsi prouvé à la France retrouvée, l'étonnante vitalité et l'esprit de sacrifice immuable de la vieille armée d'Afrique. »
— Citation à l'ordre de l'Armée attribuée au 3e RTA lors de la campagne de France en 1944, décision n° 158, le 21 novembre 1944, général de Gaulle
« Unité ardente et manœuvrière qui, sous les ordres du colonel Raoul Salan, chef d'une haute intelligence tactique, d'un sang froid et d'un courage remarquables, a, dès son débarquement en France, du 20 au 21 août 1944, en six jours de combat ininterrompus et d'une violence sans cesse accrue, vaincu la défense nord-est de Toulon, rejetant l'ennemi de Solliès-Ville, Solliès-Pont, La Farlède, La Valette, le poursuivant jusque dans la place et lui imposant au sixième jour la reddition du fort d'Artigues, dont la chute marqua un moment décisif dans l'enlèvement de la place forte. »
— Citation à l'ordre de l'Armée attribuée au 6e RTS lors de la campagne de France en 1944, Décision n° 124, le 7 novembre 1944, général de Gaulle
« Unité d'élite, galvanisée par son Chef, le Lieutenant Colonel Gufflet, Officier Supérieur de très grande classe et d'une indomptable énergie. S'est déjà distinguée dans la conquête de l'ïle d'Elbe. Vient à nouveau de donner la preuve de sa haute valeur combative et manœuvrière, le 24 août 1944, pénétrant dans Toulon par le nord, après de durs combats menés avec rapidité et la plus grande maîtrise, a enlevé le fort de la Tour-Blanche, sur le Faron, le stade Jaureguiberry et forcé l'entrée de l'Arsenal, faisant au total 400 prisonniers. Le 25 août, a conquis de haute lutte le Goulet de l'Arsenal et grâce à l'action énergique de la 1re Compagnie s'est emparé, sans coup férir, des bastions avancés du fort de Malbousquet. A, du même élan, attaqué le fort lui-même, contraignant à la capitulation la garnison comprenant 1.400 combattants et 400 civils allemands. A eu le cinquième de ses effectifs mis hors de combat. »