Le bronze de Botorrita I ou grand bronze de Botorrita a été découvert en 1970. Il s'agit du texte en celtibère le plus développé trouvé à ce jour. C'est une plaque de bronze de 40x10 cm qui daterait de 70 av. J.-C. Elle est écrite sur les deux faces, avec un texte de onze lignes sur le côté (côté A) de devant, suivi par une liste de noms sur l'autre côté (côté B).
Le côté A offre un véritable texte, bien que partiellement déchiffré : c'est probablement un texte législatif, avec les interdictions et les sanctions correspondantes. Ces textes sont écrits en celtibère, et représentent une source importante pour toute la famille des langues celtiques continentales, dont les vestiges sont très rares[1].
Du point de vue linguistique, l'inscription montre des traits caractéristiques et communs à toutes les langues celtiques (la perte du « p » au début du mot, les altérations vocaliques, la vocalisation en « ri » du « r » vocalique, le résultat des "sonores aspirées" de l'indo-européen), et des éléments exclusifs généralement interprétés comme des archaïsmes (les langues celtiques insulaires sont toutes chronologiquement très postérieures aux langues celtiques continentales) : la conservation de diphtongues, l'absence du fléchissement double, la présence de postpositions plutôt que de prépositions et le génitif thématique en -o[1].
Transcription
A.1. tirikantam bercunetacam tocoitoscue sarnicio cue sua combalcez nelitom
Le texte n'a pas encore été traduit, seulement transcrit, ce qui nous donne une idée générale de ce qu'il est. Il semble être un certain type de document à base législative apparemment délivré par un sénat local.
Dans la première ligne de la face A, l'autorité serait indiquée (David Stifter en 2001 signale qui trikantam serait l'« assemblée » comme en gaulois tricantia, alors que combalkez/comblaced / serait « heureux/paraître bien à l'assemblée », en suivant une idée de Bayer en 1994). Les autres termes indiqueraient diverses interdictions (ne.... litom, neque.... litom équivaudrait à « pas licite », « et pas licite » est placé devant une série de verbes à l'infinitif -unei)) et l'établissement de sanctions pécuniaires.
Sur la face B se trouve la série des membres de l'assemblée avec sa structure anthroponymeceltibère (ainsi lubos kounesicum melmunos serait « Lubos, fils de Melmon, des Kounesikos » ou letontu ubokum turo serait « Letondo, fils de Turo, des Ubocos ») avec un terme qui les qualifie (bintis) probablement en indiquant leur poste (comme la charge de « sénateur »). Cependant, quelques auteurs proposent que la lecture correcte serait kentis (au lieu de bintis), « fils » en celte, ce qui concorderait plus avec le contexte.