La commune est située dans le nord du département de l'Eure, au sud du plateau du Roumois.
Cette région a la forme d’un triangle irrégulier limité, au nord, par la Seine depuis Elbeuf jusqu'à Quillebeuf-sur-Seine ; à l’ouest, par la Risle depuis Pont-Audemer jusqu’à Brionne ; enfin au sud et à l’est, par une ligne brisée allant de Brionne à Elbeuf, ressemblant au pays de Caux : les prairies occupent le fond des vallées, tandis que les cultures s'étendent sur les plateaux.
Les terres du Roumois sont argilo-calcaires ou argilo-silicieuses, de bonne qualité et fertiles, mais elles s’enherbent facilement.
Le pays est très bocager ; de nombreux boqueteaux existent autour des fermes. Toute la partie sud, vers Bourgtheroulde, rappelle le plateau du Neubourg ; la partie voisine de Pont-Audemer présente un aspect proche de celui du Lieuvin.
Toponymie
Bourgtheroulde
Le nom de la localité est attesté sous la forme Burgo Turoldi en 1059 (charte de fondation de l’abbaye du Tréport)[2], Burgus Toroldi en 1207 (gr. ch. du prieuré des Deux-Amants), Burgus Torodi en 1208 (archives de l’Eure), Burgetherodus en 1250[3], Boreteroude en 1252 (cartulaire de Bonport), Burgus Theroldi en 1255[3], Bourteroude en 1267, Bourgtheuroude en 1278, Bourgthouroude en 1336[3], Bourgtouroude en 1370 (la Roque), Bourctheroude en 1382 (aveu de Robert d’Angerville), Boutheroude en 1389 (charte de Charles VI), Bourethouroude en 1462 (cartulaire du chapitre de Rouen), Bourthouroude en 1496 (titres d’Harcourt), Bourtheroude en 1602 (notes de Charles Puchot), Bouteroude en 1648 (André Duchesne, Antiquités et rech. des villes), Boutroude en 1722 (Masseville et prononciation locale), Le Boultroude en 1759 (déclaration royale), Bougthouroude en 1765 (inscription de cloche)[3].
Il s'agit d'une formation toponymique médiévale en Bourg- au sens de « village », commune à cette époque cf. Bourg-Achard à une dizaine de km.
Le second élément est l'anthroponymeTuroldus, forme utilisée dans les textes rédigés en latin médiéval. Ce prénom d'origine scandinave est fréquemment attesté dans la Normandie médiévale et se perpétue comme patronyme régional sous les formes Thouroude, Théroude, Troude[2], Touroude, Téroude ou Throude.
En 1035, le duc Robert part en pèlerinage en Terre sainte, laissant Guillaume, encore très jeune, à la garde de Théroulde, du chancelier Osbern et de Gilbert de Brionne. Théroulde fut assassiné en 1040/1041 par Guillaume de Montgommery. Sa fille, Lesceline, avait épousé Robert, comte d’Eu. Leur descendance, entrée en rébellion contre Guillaume le Conquérant, se vit privée de ses biens qui furent attribués aux seigneurs d'Harcourt. Par alliances successives des filles, le fief passa de 1100 à 1499 aux Ferrières, Rieux puis Rohan-Guéméné qui le cédèrent, alors, à Guillaume Le Roux, qui en fait le fief principal de la famille[4].
La cure (paroisse) de Bourgtheroulde est à la nomination et présentation (droit de patronage) des abbés et religieux de l'abbaye Saint-Michel du Tréport qui y percevait les dîmes. En , l'abbaye en fait l'échange avec les moines du Bec, qui lui cèdent leurs dîmes de Montreuil-en-Caux et la terre de la Bourdaine[5].
Epoque moderne
Ce dernier, originaire des environs de Louviers selon les autres, appartenait à la noblesse de robe. Très riche, la famille Le Roux construisit, à Rouen, l'hôtel de Bourgtheroulde, place de la Pucelle, alors place du Marché aux Veaux, (Guillaume et Claude Ier au début du XVIe siècle), acquit le château de Boissey-le-Châtel (vers 1499) et le remplaça par le château actuel (Robert Ier et Robert II Le Roux fin du XVIe début du XVIIe siècle). Elle possédait des domaines importants, notamment à Saint-Aubin-d'Écrosville, Acquigny et dans le pays de Caux. Elle s’illustra surtout dans la magistrature, où elle réalisa l'essentiel de ses alliances.
Mais c'est dans l'armée et plus spécialement dans la marine, qu'on trouve ceux de la famille Leroux qui ont laissé le plus de trace dans l'histoire. Le premier, Louis (1600-1672) seigneur d'Infreville et de Saint-Aubin-d'Écrosville, est intendant des ports sous Louis XIII et Louis XIV avec rang d'amiral. Le second, Louis (1642-1712) son fils, après une brillante carrière de combattant, fut nommé chef d’escadre par Louis XIV. Il meurt à Infreville et est inhumé, avec son père et d’autres membres de la famille dans le cœur de l’église de cette commune. On peut citer les deux frères de ce dernier : David (mort en 1713) qui est commissaire général de la marine à Toulon et Robert, seigneur de Rouville, qui fut tué au siège de Candie.
Sous ces différents seigneurs, le bourg devait connaître des fortunes diverses. Sa situation à une journée de marche de Rouen et juste à l’orée de la dangereuse forêt de La Londe, en faisait un lieu de marchés actifs (avec halle aux blés, halle aux viandes, halle aux poissons), un centre de commerce important et une étape privilégiée pour les voyageurs et… les soldats. Ceux-ci, à cette époque, étaient logés chez l’habitant et, généralement, ne s’embarrassaient de principes.
À l'époque des guerres de Religion, le bourg et le château de Bourgtheroulde furent plusieurs fois malmenés par des bandes protestantes. Le château ne devait, d’ailleurs, jamais être relevé et ce sont des ruines qui furent adjugées, avec les terres, à Louis Varillon et Simon Rabasse en fructidorAn III.
Remontant dans le passé, deux faits sont à signaler, qui intéressent toute la région du Roumois. D'abord, les guerres de Religion : les habitants du Roumois étaient pour la majorité partisans de la Réforme, d’où les querelles vives qui ensanglantèrent le plateau. On trouve plusieurs cimetières huguenots, par exemple à Éturqueraye et à Routot ; des châteaux forts furent incendiés, durant les luttes : celui de Bourgtheroulde, celui de Bosguérard, celui d'Hautonne, celui d'Honguemare[6]…
D'autre part, les Roumois sont nombreux qui partirent coloniser les Isles (Martinique et Guadeloupe) aux XVIIe et XVIIIe siècles ; certains s'installèrent là-bas (Békés) ; d'autres revinrent plus tard au pays. Beaucoup s'embarquèrent vers les autres îles de La Réunion et de Saint-Domingue.
Epoque contemporaine
Le XIXe siècle fut marqué, essentiellement, par l'aménagement de la place de la mairie, la construction de l'école primaire, inaugurée en 1858, la construction de la mairie, décidée en 1858 et inaugurée le .
Une exécution capitale eut lieu sur la place publique le : les dénommés Heutaux et Daguet furent guillotinés pour avoir assassiné un clerc de notaire nommé Voisin.
Guerre de 1870-1871
En 1871, les 3 et 4 janvier, des combats très durs opposèrent les mobiles des Landes et de l'Ardèche aux troupes prussiennes. De nombreux morts furent à déplorer. Prussiens et Français sont inhumés dans le cimetière communal, à côté du caveau de la famille Gasse qui avait offert le terrain de ce cimetière en 1869.
XXe siècle
En 1965, la commune de Boscherville (73 habitants en 1962) est rattachée à Bourgtheroulde. En 1973, la commune de Infreville (385 habitants en 1968) est rattachée à Bourgtheroulde (881 habitants au même recensement) et la commune prend son nom actuel.
Le 20 janvier 1973, le préfet de l'Eure propose la fusion des communes de Bourgtheroulde et Infreville, avec effet au 1er mai de la même année. Les deux conseils municipaux adoptent le projet et la fusion est mise en œuvre[13].
Liste des maires successifs de Bourgtheroulde-Infreville[7]
Le 23 juin 2008, le Tribunal administratif de Rouen a annulé les élections municipales de mars 2008 à Bourgtheroulde. En effet, en tant que commune de moins de 3 500 habitants, les habitants ont la possibilité de panacher les noms de différentes listes : or, le bulletin de l’équipe de M. Bruno Questel (maire sortant) portait la mention « Votez la liste complète ». M. Questel avait donc emporté la totalité des 23 sièges. Le 25 juin, Bruno Questel a annoncé sa démission ainsi que celle de son conseil municipal : une nouvelle élection municipale a eu lieu le 6 juillet 2008.
Démographie
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir du , les populations légales des communes sont publiées annuellement dans le cadre d'un recensement qui repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans.
Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[14]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[15],[Note 12].
En 2013, la commune comptait 2 959 habitants, en évolution de +1,51 % par rapport à 2008 (Eure : +2,66 %, France hors Mayotte : +2,49 %).
Lampe Berger : créée en 1898 par Maurice Berger[18], cette PME de 150 salariés est spécialiste de la lampe à catalyse capable de diffuser des essences et des parfums à l'intérieur des habitations. Ce procédé, breveté par Maurice Berger lui-même sous l'appellation de diffuseur fumivore hygiénique, constitue un savoir-faire unique qui a valu à la société d'être labellisée Entreprise du patrimoine vivant[19].
Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
Bourgtheroulde-Infreville comporte plusieurs monuments :
L'église Saint-Laurent de Bourgtheroulde : nef XIVe, tour XVe, chœur XVIe ; statue de saint LaurentXVIe, vitraux Renaissance.voir
L'église Saint-Sauveur de Boscherville et cimetière restes romans du chevet, façade XVIe, le reste XVIIe ; statues XVe.
L'église Saint-Ouen d'Infreville [20], Inscrit MH (1961) : chœur et clocher XVIe, nef XIXe ; retable du maître-autel XVIIIe, statues XVIe, pierre tombale XVIIe.
Le colombier et Ferme du Logis[21],[22], Inscrit MH (1965). Cet édifice octogonal, surmonté d'un toit en poivrière, est en brique avec emploi de la pierre pour les angles et l'encadrement de la porte et des lucarnes. Trois autres éléments caractéristiques sont à observer concernant l'extérieur :
un lanternon très strictement décoratif (sans aucune ouverture vers l'intérieur du colombier pour le passage de la lumière ou des pigeons) coiffe le sommet du toit conique ;
un renflement progressif de maçonnerie en haut de chaque pan du bâtiment pour réaliser le passage de la section octogonale à la section circulaire de la charpente du toit ;
un décor des faces par des motifs géométriques de briques plus sombres, rappelant de toute évidence ceux ornant des édifices de brique de même époque, en Normandie mais aussi ailleurs, comme les églises fortifiées de Thiérache : losanges, quadrillages, cœurs, etc.
Le manoir du Logis. Cette bâtisse de 1902, qui fut le siège de la Kommandantur pendant l'occupation allemande, fut acquise par le SIVOM en 1985[23].
Église Saint-Laurent de Bourgtheroulde.
Colombier de la ferme du Logis.
Motifs décoratifs en briques vitrifiées sur les faces du colombier.
Manoir du Logis.
Patrimoine naturel
Site classé
L'église Saint-Sauveur de Boscherville, le vieux cimetière et le muret Site classé (1924)[24].
Louis Le Roux d'Infreville (1642-1712), aristocrate et officier de marine français, retraité sur ses terres et inhumé dans le chœur de l'église Saint-Ouen d'Infreville.
M. Charpillon , « Bourgtheroulde » dans son Dictionnaire historique, géographique, statistique de toutes les communes de l'Eure, Les Andelys : chez Delcroix, 1868, pp. 517-525 [2].
↑Louis Pierre Pourpoint, né à Saint-Amand-des-Hautes-Terres, décédé le 5 frimaire an 11 (26 novembre 1802) à Bourgtheroulde, âgé de 62 ans.
↑Pierre Louis Peuffier, né le 8 décembre 1749 à Rouen, décédé le 24 octobre 1818 à Bourgtheroulde.
↑Il signe les registres « maire et officier d'état civil » le 4 Floréal an 8 (23 avril 1800). Convoqué le 17 Pluviôse an 11 (6 février 1803) « pour rendre son compte ».
↑ a et bAnne Guillaume Bosquier, né le 15 octobre 1778 à Elbeuf, décédé le 10 novembre 1849 à Bourgtheroulde.
↑ ab et cPierre Louis Jacques Vittecoq, né le 4 vendémiaire an VII (25 septembre 1798) à Saint-Ouen-de-Thouberville, décédé le 13 avril 1882 à Bourgtheroulde.
↑Léon Amédée Gruel, né le 23 avril 1833 à Bourgtheroulde, décédé le 8 décembre 1901 à Bourgtheroulde.
↑Léon Octave Gruel, né le 1er juillet 1859 à Bourgtheroulde, décédé le 11 novembre 1908 à Bourgtheroulde.
↑Arsène Léonor Leroux, né le 12 octobre 1847 à Brionne, décédé le 15 juillet 1929 à Bourgtheroulde.
↑Par convention dans Wikipédia, le principe a été retenu de n’afficher dans le tableau des recensements et le graphique, pour les populations légales postérieures à 1999, que les populations correspondant à une enquête exhaustive de recensement pour les communes de moins de 10 000 habitants, et que les populations des années 2006, 2011, 2016, etc. pour les communes de plus de 10 000 habitants, ainsi que la dernière population légale publiée par l’Insee pour l'ensemble des communes.
↑ a et bFrançois de Beaurepaire (préf. Marcel Baudot), Les Noms des communes et anciennes paroisses de l'Eure, Paris, A. et J. Picard, , 221 p. (ISBN2-7084-0067-3, OCLC9675154), p. 75.
↑ abc et dErnest Poret de Blosseville, Dictionnaire topographique du département de l’Eure, Paris, , p. 32.
↑(la) Pierre-Paul Laffleur de Kermaingant, Cartulaire de l'abbaye de Saint-Michel du Tréport : Ordre de Saint Benoit, Paris, Impr. de Firmin-Didot, (lire en ligne), p. XXXVIII.