Bruno Zevi naît dans une famille juive bourgeoise. En 1934, il entre au prestigieux lycée Torquato Tasso à Rome, et s'entoure d'un important groupe d'amis, dont certains deviendront des grandes figures de la lutte antifasciste comme Mario Alicata et Paolo Alatri. Il côtoie également Ruggero Zangrandi et Vittorio Mussolini. Il écrit pour des revues étudiantes et s'engage contre le fascisme, en organisant et participant à des rassemblements et des manifestations, vite interdits par la police[1].
En 1936, il entre à la faculté d'architecture de Rome. Les lois antisémites promulguées par Mussolini le contraint à émigrer en 1939, d'abord à Londres, puis aux États-Unis[2]. En 1940, il épouse Tullia Calabi, journaliste et écrivaine qui prendra la tête de l'UCEI à partir de 1987[3].
Après un bref passage de six mois à Cambridge, il intègre la Harvard Graduate School of Design, alors dirigée par Walter Gropius. Avec d'autres camarades, il critique ouvertement l'enseignement de ce dernier en envoyant un manifeste au doyen de l'université, où ils déclarent : « notre but est de transformer l’enseignement tiède de l'architecture moderne à la mode en une lutte pour une révolution dans le monde de l’architecture »[4]. Il obtient son diplôme en 1942.
Il rentre à Rome à la fin de la guerre, en 1944. Il intègre le Parti d'action et continue la lutte antifasciste, en contribuant au développement d'une troisième voie politique, un socialisme fédéral qui peine à exister en Italie entre la droite catholique et la gauche marxiste. Il fonde l'APAO, l'Association pour l'architecture organique, qui fait de l'œuvre de Frank Lloyd Wright l'archétype privilégié de l'architecture moderne. En 1945, il publie Vers une architecture organique, le premier volet de sa trilogie sur l'architecture moderne[2].
En 1948, il devient professeur d'histoire de l'art à l'institut universitaire de Venise. La même année, il publie Apprendre à voir l'architecture, qui va être traduit dans une quinzaine de langues entre 1951 et 1985[5].
En 1950, il publie son Histoire de l'architecture moderne, qui fera autorité en Italie pendant une décennie. Cet ouvrage clôt sa trilogie sur l'architecture moderne, dont Manfredo Tafuri louait « l'immense portée historiographique »[6].
En 1955, il débute ses chroniques hebdomadaires dans le journal L'Espresso, et prend la tête de la revue spécialisée L'Architecture. Chroniques et histoire.
En 1963, il devient professeur à la faculté d'architecture de Rome. Il en démissionne avec fracas en 1979, en fustigeant « l'enseignement de masse » qui laisse selon lui les étudiants « en situation d'analphabétisme ». Face au manque de moyens et à la méthode qu'il juge réductrice d'Aldo Rossi, il préfère renoncer à sa position universitaire pour développer son activité éditoriale[2].
En 1987, il est élu député européen sous l'étiquette du Parti radical, un parti de centre-gauche pro-européen, et le reste jusqu'en 1992. Il devient par la suite président d'honneur du Parti radical, et le quitte peu avant sa mort, en 2000.
Publications
Verso un’architettura organica, Saggio sullo sviluppo del pensiero architettonico negli ultimi cinquant’anni, Turin, Einaudi, 1945
Frank Lloyd Wright, Milan, Il Balcone, 1947
Lezioni di storia dell’architettura italiana, Dal Paleocristiano al Gotico, vol. 1, Rome, Ferri, 1947
E. Gunnar Asplund, Milan, Il Balcone, 1948
Saper vedere l’architettura, Saggio sull’interpretazione spaziale dell’architettura, Turin, Einaudi, 1948
Architettura e storiografia, Milan, Libreria Editrice Politecnica Tamburini, 1950
Storia dell’architettura moderna, Turin, Einaudi, 1950
↑Bruno Zevi (trad. de l'italien), Le langage moderne de l’architecture. Pour une approche anticlassique, Marseille, Parenthèses, , 112 p. (ISBN978-2-86364-671-7, lire en ligne), p. 9
↑Bruno Zevi (trad. de l'italien), Apprendre à voir la ville. Ferrare, la première ville moderne d’Europe, Marseille, Parenthèses, , 288 p. (ISBN978-2-86364-658-8, lire en ligne), p. 8
Voir aussi
Bibliographie
Roberto Dulio, Introduzione a Bruno Zevi, Rome, Edizioni Laterza, 2008
(it) Bruno Zevi intellettuale di confine : l'esilio e la guerra fredda culturale italiana 1938-1950, Rome, Viella, coll. « I libri di Viella » (no 334), , 187 p. (ISBN978-88-3313-210-5, SUDOC242339697).