Dans ses Vignettes romantiques : histoire de la littérature et de l'art 1825-1840 – 150 vignettes (Paris, E. Dentu, 1883), Champfleury consacre un chapitre[7] à Célestin Nateuil. Il y rappelle la description qu'en fait Théophile Gautier dans l'une de ses œuvres : « On eût pu l'appeler le jeune homme moyen âge.[…] il gardait le sexe indécis des êtres surnaturels composés de l'éphèbe et de la jeune fille. Il avait l'émotion et la pudeur faciles et rougissait aisément. »
On lui doit également des reproductions gravées des mises en scènes romantiques qui sont publiées dans L'Artiste ou Le Monde dramatique. Au besoin il participe également aux décors des fêtes, par exemple celui du bal donné par Alexandre Dumas en [1].
Avec d'autres peintres paysagistes romantiques, il pose son chevalet en plein air, à l'île de la Chaussée.
Nanteuil s'est immortalisé par les frontispices qu'il a dessinés et gravés pour les livres de ses camarades du Petit Cénacle : Albertus et Les Jeunes-France de Théophile Gautier ; Feu et Flamme de Philothée O'Neddy ; mais aussi pour Venezia la bella d'Alphonse Royer, deux eaux-fortes parmi ses plus belles réussites ; les Impressions de voyage, Angèle et la première édition collective du Théâtre d'Alexandre Dumas ; Samuel de Paul de Musset ; Le balcon de l'opéra de Joseph d'Ortigue ; ou encore les Poésies d'Hippolyte Tampucci. Tous ces exemples datant des années 1832-1834 sont parmi les plus inventives et les plus caractéristiques de sa carrière[10]. Les compositions de Nanteuil « se divisent en plusieurs petits cadres entourant le sujet principal et renfermant des sujets-épisodiques. Ce sont des eaux-fortes d'artistes, gravées de verve et sans les précautions minutieuses qu'y mettent les gens du métier. »[11].
Il s'est essayé à plusieurs médiums : à l'eau-forte, où il a excellé (c'est aussi la technique utilisée pour créer les quatre frontispices de l'édition des œuvres de Victor Hugo en 1832[1]), il faut ajouter la lithographie, qui lui a servi notamment à reproduire des tableaux de peintres célèbres comme Titien, José de Ribera ou Diego Vélasquez pour une anthologie des peintures du musée royal de Madrid de Juan José Martinez (Madrid, 1857)[12], et surtout de très nombreuses illustrations de romances et des gravures sur bois dans les années 1840. Toutefois, après de nombreuses créations fougueuses, aux compositions chaotiques, typiques du romantisme des « Jeunes-France », Nanteuil devint par la suite « le fournisseur attitré des éditeurs de romances, mais des romances de sages […] »[13].
Bien qu'il ait été médaillé de nombreuses fois au Salon (1837, 1848, 1861 et 1867) pour son œuvre peint, rares sont les tableaux qui sont encore connus[1]. On peut citer Un rayon de soleil, datant de 1848, conservé au musée des Beaux-Arts de Valenciennes.
Il puise son inspiration dans l'art médiéval, en vogue auprès des romantiques, qu'il réinvente en créant un style néo-gothique qui lui est propre[réf. nécessaire].
Orléans, musée des Beaux-Arts : Cadre pour les Scènes de Notre-Dame de Paris d’Antoine Rivoulon, 1836, crayon graphite sur papier vélin, 21,6 x 14,2 cm[28].
Paris
Beaux-Arts de Paris : La Ballade de Lénore, Plume encre de Chine, quelques rehauts de gouache sur carton gaufré de Dobbs, H. 0,142 ; L.0,195 m ; feuille : H. 0,266 ; L. 0,316 m. Beaux-Arts de Paris[29]. Dessin inspiré de l’œuvre de Gottfried August Bürger, traduite par Gérard de Nerval, La ballade de Léonore est emblématique de l'imaginaire romantique. Un cavalier sous les traits de la Mort ailée emporte Léonore, horrifiée, ses longs cheveux dénoués au vent. L'aspect fantasmagorique de la scène est renforcé par l’environnement brumeux et la nuée d'oiseaux qui entoure les personnages ;
↑Dominique Brême et Mehdi Korchane, Dessins français du musée des Beaux-Arts d’Orléans. Le Trait et l’Ombre, Orléans, musée des Beaux-Arts, (ISBN9 788836 651320), n°128
↑Sous la direction d’Emmanuelle Brugerolles, Le dessin romantique, de Géricault à Victor Hugo, Carnets d’études 50, Beaux-Arts de Paris les éditions, 2021, p. 148-151, Cat. 32
↑Guy Briolet, Martine Dumortier, Françoise Lécuyer-Champagne, Jean-Pierre Pierre-Ivan, Maïté Vallès-Bled (préf. Martial Taugourdeau), L'Eure-et-Loir et les peintres, Chartres, Jean Legué, , 169 p. (ISBN9782950074539), p. 164.
Annexes
Bibliographie
Champfleury, Le drame amoureux de Célestin Nanteuil, d'après des lettres inédites adressées à Marie Dorval, Paris, Dentu et Cie, 1887.
Champfleury, Les vignettes romantiques : histoire de la littérature et de l'art 1825-1840 – 150 vignettes, Paris, E. Dentu, 1883 (en ligne sur Gallica).
Aristide Marie, Un Imagier romantique - Célestin Nanteuil peintre, aquafortiste et lithographe, Paris, Carteret, 1910.
Aristide Marie, Célestin Nanteuil. Peintre, Acquafortiste et Lithographe 1813-1873, Paris, H. Floury, 1924.
Marcus Osterwalder, Dictionnaire des Illustrateurs. 1800-1914. Illustrateurs, caricaturistes et affichistes, Paris, Hubschmid & Bouret, 1983, p. 744-745 ; rééd. Neuchâtel, Ides et Calendes, 1989.