À un peu plus de dix-huit kilomètres de Genève, sur la rive droite du lac, la commune de Céligny est formée de deux parties exclavées du canton de Genève, dont le point culminant est à 434 mètres. La plus grande de ces parties exclavées, qui contient le village de Céligny, est limitrophe d'une parcelle du Léman au large de Céligny, laquelle appartient au domaine public cantonal genevois et a une frontière commune avec la France au milieu du lac[3], et de ce fait n'est à proprement parler pas une enclave du canton de Vaud[4]. En revanche la plus petite de ces exclaves, sans accès au lac et qui contient les hameaux de Petite et Grande Coudre, est réellement une enclave du canton de Genève dans le canton de Vaud.
Le territoire de Céligny s'étend sur 4,65 km2[2]. Lors du relevé de 2013-2018, les surfaces d'habitations et d'infrastructures représentaient 18,2 % de sa superficie, les surfaces agricoles 63,3 %, les surfaces boisées 18,5 % et les surfaces improductives 0,2 %[5].
Le nom de la commune, qui se prononce /sɛliɲi/, est formé d'un nom de personne latin suivi du suffixe toponymique celtique-akos/-acum. Il signfie « domaine (du clan de) de Selinius ou Silenius »[6].
Sa première occurrence écrite date de 1163, sous la forme de Siliniaco[6].
Histoire
Des objets de l'âge du Bronze ont été trouvés dans le lac Léman et des tombes à l'ouest du village. Des fouilles entreprises entre de 1991 à 1994 ont révélé l'existence d'une villa romaine. Des tombes remontant à l'époque burgonde ont été trouvées en contrebas de cette villa.
La commune de Céligny est genevoise depuis fort longtemps. En effet, ce sont les villageois eux-mêmes qui en 1536, prêtent serment de fidélité à la Seigneurie de Genève, qui succède au Prince-Évêque de Genève[7].
Un curé est mentionné en 1275 à Céligny. Avant la Réforme, le temple était dédié à Saint Martin. La paroisse devient protestante en 1536.
Selon un document de 1490, il semblerait qu'au XIIe siècle, alors que Céligny était le fief de la famille noble du même nom, elle se soit placée sous la protection du duc de Savoie ou sous celle de l'Abbaye de Bonmont. Ce que l'on sait par contre avec certitude, c'est que juste avant la Réforme, ce territoire relevait de l'autorité des Princes-Évêques de Genève. Il était alors rattaché au Mandement de Peney, qui était possession du Chapitre cathédral.
À la suite d'échanges de territoires entre Genève, les Bernois et le duc de Savoie, Céligny faillit dépendre de Berne. Finalement, les deux enclaves restèrent genevoises.
En 1536, les syndics et Petit Conseil, nouveau pouvoir exécutif de Genève, nomment six châtelains, pour représenter le gouvernement dans les villages genevois. Ils sont envoyés dans leur châtellenie pour recevoir le serment de fidélité des sujets. Céligny et Genthod sont détachés de Peney en 1537 pour former une nouvelle châtellenie.
Le châtelain, citoyen de la ville, est secondé par des officiers subalternes qui sont en général choisis parmi les habitants du lieu. Le plus important est le métral, à la fois huissier et officier de la police, et on peut mentionner également le curial (greffier), le sautier (garde-champêtre) et le messelier (garde-vigne). Le châtelain tient sa cour dans sa châtellenie, en principe une fois par semaine, et y rend la justice, civile et pénal. Jusqu’à la fin de l’ancien régime se dressait, sur la place de Céligny, le pilori aux armes de Genève et on pouvait voir à côté de la route du lac, dans un champ nommé le « champ de justice », les patibules, symboles de la souveraineté genevoise.
La châtellenie de Céligny et Genthod est supprimée en 1568, parce que « fort onéreuse », et les deux villages sont rattachés à la châtellenie de Peney. Cette structure administrative faisant peu de cas de la géographie, le châtelain se déplace de moins en moins jusqu’à Céligny. En 1610, il est tancé par le Petit Conseil pour n’avoir visité l’enclave que 8 fois dans l’année. En 1758, le châtelain tient 20 séances en son étude à Genève et ne se rend pas une seule fois à Céligny.
Autrefois la commune était exclusivement viticole, à la fin du XXe siècle, pour devenir au fil des années plus résidentielle.
Politique
La commune comprend un maire et deux adjoints, qui constituent l'exécutif de la commune, ainsi qu'un conseil municipal de 13 membres, tous élus au suffrage universel pour un mandat de cinq ans.
Membres de l’exécutif communal (législature 2020-2025)
L'exécutif de la commune, entré en fonction le , se compose de la façon suivante[8] :
Membres de l’exécutif communal actuel
(législature 2020-2025)
Bâtiments (délégué) Enfance (délégué) Social (délégué) Finances (délégué) École et Sport (délégué)
Conseil municipal (législature 2020-2025)
À la suite des élections municipales du , le conseil municipal, composé de 13 membres (ainsi que d'un bureau avec un président, un vice-président et un secrétaire), est renouvelé, et est représenté de la manière suivante :
Céligny compte 845 habitants au 31 décembre 2022 pour une densité de population de 182 hab/km2[1]. Sur la période 2010-2019, sa population a augmenté de 20,4 % (canton : 10,1 % ; Suisse : 9,4 %)[2].
Évolution de la population de Céligny entre 1850 et 2020[10],[1]
Pyramide des âges
En 2020, le taux de personnes de moins de 30 ans s'élève à 37,7 %, au-dessus de la valeur cantonale (33,9 %). Le taux de personnes de plus de 60 ans est quant à lui de 22,5 %, alors qu'il est de 21,7 % au niveau cantonal[11].
La même année, la commune compte 389 hommes pour 403 femmes, soit un taux de 46 % d'hommes, inférieur à celui du canton (47,7 %)[11].
A Céligny on trouve l'ancien et le nouveau cimetière. Quelques personnalités publiques y sont inhumées : notamment Vilfredo Pareto, Richard Burton, Alistair MacLean. Le portail du cimetière nouveau porte l'inscription : Ici l'égalité.
Alistair MacLean. Écrivain écossais, sa tombe se trouve dans le vieux cimetière de Céligny.
Benito Mussolini, lors de son exil en Suisse au début du XXe siècle, y a vécu et travaillé comme maçon (notamment pour la construction de l'école).
Vilfredo Pareto (1848-1923), économiste et sociologue italien, il s'installa à Céligny en 1901 et y mourut en 1923. Il fut enterré dans le cimetière du village.
Rodolphe Töpffer (1789-1846), écrivain, caricaturiste, professeur et politicien genevois. Après sa mort, son grand ami Abrahm Pascalis, qui possédait une maison dans le village de Céligny, fit ériger sur sa terrasse une fontaine qui orne toujours le jardin de la propriété.
Ernest Schelling (1876-1939), pianiste et compositeur américain. Il vint étudier le piano en Suisse avec Paderewski. Il fit l'acquisition de Garengo en 1910 et mourut à New York en 1939.
Ernst Schmidheiny (1905-1985), industriel saint-gallois, qui fit toute sa carrière dans le groupe familial Holderbank SA. Il acheta Garengo à la veuve de Ernest Schelling en 1945 et acquit la bourgeoisie de Céligny en 1955[14].
Nikita Magaloff (1912-1992), pianiste d'origine russe, il s'installa au Petit-Élysée dès 1948 et fut naturalisé à Céligny en 1959. Il s'installa à Vevey en 1974 et y vécut jusqu'à sa mort.
↑Comme tout le territoire du canton de Genève situé sur le Léman, cette aire lacustre n'appartient à aucune commune, et en particulier pas à la commune de Céligny, qui de ce fait n'a pas de frontière commune avec la France: Constitution de la République et Canton de Genève (art. 159 al.2); Loi sur les eaux (LEaux-GE) (art. 3 al. 4 et 5 al. 2).
↑Une enclave est un territoire entièrement inclus dans un autre (dictionnaire de l'Académie française, 9e édition).
↑ a et bPaul Fehlmann, Ethniques, surnoms et sobriquets des villes et villages en Suisse romande, Haute-Savoie et alentour, dans la vallée d'Aoste et au Tessin, Genève, Jullien, , 274 p. (ISBN2-88412-000-9), p. 22