CalligrammesCalligrammes
Calligrammes, sous-titré Poèmes de la paix et de la guerre 1913-1916, est un recueil de poésie de Guillaume Apollinaire publié le 15 avril 1918 aux éditions Mercure de France et contenant de nombreux calligrammes. CompositionLes poèmes de Calligrammes sont composés entre 1912 et 1916. Apollinaire les organise en six parties[1] sur base chronologique : Ondes ; Étendards ; Case d'Armons ; Lueurs des Tirs ; Obus couleur de Lune ; La Tête étoilée[2]. La première partie (Ondes) rassemble des poèmes écrits avant la guerre : poèmes-conversations, qui fonctionnent comme des enregistrements ; poèmes simultanés, d'inspiration cubiste ; « idéogrammes lyriques » (rebaptisés par la suite calligrammes)[2]. Les poésies de la seconde partie (Étendards) ont été écrites entre la déclaration de guerre[3] et le départ d'Apollinaire pour le front (avril 2015)[2]. Cette section contient de nombreux calligrammes typographiques ou manuscrits. La troisième partie (Cases d'Armons) est écrite dans les tranchées et Apollinaire la publie pour ses camarades, dans des conditions artisanales, en juin 1915[2]. Elle contient contient aussi de nombreux calligrammes typographiques ou manuscrits. La quatrième partie (Lueurs des Tirs) date de la période septembre-décembre 1915, à l'exception des sept premiers poèmes, écrits à la demande de Marie Laurencin, à qui Apollinaire les fait parvenir le 20 août 19015 (sous le titre Le Médaillon toujours fermé)[2]. Cette partie ne contient aucun calligramme. Les poèmes de la section suivante (Obus couleur de lune), écrits entre août 1915 et février 1916, sont présentés sans ordre chronologique[2]. Elle contient quelques calligrammes typographiques. Enfin, la dernière partie (La Tête étoilée), comporte trois poèmes écrits après la blessure d'Apollinaire à la tempe[2]. Elle ne contient que cinq calligrammes typographiques regroupés sur la même page, sous le titre Éventail de Saveurs. Genèse et publicationCertains poèmes voient le jour avec Calligrammes, mais avant que l'ensemble ne paraisse, en avril 1918, au Mercure de France, de nombreux textes le composant ont été publiés dans des revues littéraires. Outre les publications ponctuelles, Apollinaire en fait paraître un large extrait dans Le Mercure de France le 1er juillet 1916 sous le titre Lueurs des Tirs — Aux armées 1915-1917. En novembre 1917, il publie dans La Grande Revue un ensemble de treize poèmes, intitulé Poèmes de Guerre et d'Amour[2]. La première édition contient en frontispice la reproduction d'un portrait représentant Apollinaire signé Pablo Picasso. Le recueil est dédié à René Dalize, ami d'enfance d'Apollinaire, mort à la guerre, à qui il rend hommage dans sa dédicace: « À la mémoire / du plus ancien de mes camarades / René Dalize / mort au champ d’honneur / le 7 mai 1917 ». Apollinaire l'évoque dans les calligrammes La Colombe poignardée et le Jet d'eau :
Préface inéditeApollinaire avait prévu pour cet ouvrage un « Avertissement de l’auteur » resté inédit[4],[5].
— Guillaume Apollinaire, Préface à Case d'armons (opuscule resté inédit) C'est également dans cette préface que le poète précise les conditions artisanales qui ont présidé à la publication, sur le front, de Case d'Armons, recueil de ses 21 poèmes d'artilleur, reprographié à la gélatine, en 25 exemplaires, au bureau de sa batterie[5]. Les calligrammesLe recueil se distingue par la présence de nombreux poèmes ou strophes « calligrammatiques » qui font intervenir le plus souvent la typographie (parfois l'intervention manuscrite) pour conférer au texte une dimension visuelle supplémentaire, figurative ou non, souvent poétique ou sensuelle, quelquefois humoristique. Les césures inattendues imposées par la forme ouvrent en outre la porte à de nouvelles lectures du texte[6]. Cette innovation s'inscrit dans une réflexion déjà ancienne sur la disposition typographique en poésie (Goncourt, Baudelaire, Gide, Mallarmé en France, les futuristes et leurs « mots en liberté » en Italie). Apollinaire avait d'ailleurs annoncé, courant 1914, la parution d'un recueil d'« idéogrammes lyriques » dédié à son frère Albert et intitulé Et moi aussi, je suis peintre !, opuscule-manifeste d'un « art de synthèse qui [serait] l'Art unique »[2]’[7]. Dans une lettre à André Billy, Apollinaire, se défendant de tout projet destructeur du vers classique, explique :
Extraits
— Guillaume Apollinaire, L'Adieu du Cavalier - Calligrammes - Lueurs des Tirs
— Guillaume Apollinaire, Lundi rue Christine, poème-conversation - Calligrammes - Ondes CommentairesSelon Laurence Campa, l'accueil du recueil a été mitigé lors de sa première publication : l'innovation formelle est mal comprise et les poèmes paraissent tantôt trop légers tantôt pas assez critiques vis-à-vis de la Première Guerre mondiale[9],[10]. Michel Butor, a préfacé les éditions de 1966, 1994 et 1995[11]. Notes et références
AnnexesBibliographie
Liens externes
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