La cathédrale du Wawel ou basilique-cathédrale Saints-Stanislas-et-Venceslas de Cracovie est l’église principale de l’archidiocèse de Cracovie. Elle est aussi un sanctuaire et un trésor national polonais, où des rois, des reines, des poètes et des héros nationaux de la Pologne sont inhumés.
Le site de la cathédrale se trouve à Cracovie, sur la butte rocheuse du Wawel qui domine de 25 mètres les eaux de la Vistule en contrebas. Elle s'inscrit dans un ensemble architectural qui s'est construit au fil des siècles et qui représente une grande importance pour les Polonais. En effet, pendant des siècles, le Wawel a été le centre du pouvoir ecclésiastique et monarchique de la Pologne du XIe au XVIe siècle, ce qui faisait de Cracovie la capitale du pays jusqu'en 1596 où, après l'incendie du château royal, Varsovie lui a été préférée à cause de sa situation plus centrale dans le pays.
À côté de la cathédrale Saints-Stanislas-et-Venceslas, se trouvent : le musée de la cathédrale, le château royal, les anciennes cuisines royales (transformées en musée/ expositions), l’ancien séminaire (transformé en logements), l'ancien hôpital militaire (transformé en centre de conférences et d'expositions), le presbytère, un bâtiment administratif et trois anciennes constructions aujourd'hui détruites (l'église Saint-Michel, l'église Saint-Georges et la maison de Stanislas Borek).
Histoire
La première cathédrale, dont les vestiges sont relativement peu nombreux, est construite après l’institution de l’évêché à Cracovie vers l'an 1000. Détruite environ 140 à 180 ans plus tard, elle est réédifiée dans la première moitié du XIIe siècle, en style roman, dont ne subsiste aujourd'hui que la crypte Saint-Léonard(en) et la Tour des cloches d'argent.
Après, l'incendie de la cathédrale en 1305 ou 1306, le roi Władysław Ier la fait reconstruire en style gothique. Une troisième cathédrale est donc édifiée à cet endroit, et c'est cet édifice que l'on peut admirer aujourd'hui.
La cathédrale accueille les couronnements royaux de 1320 à 1734, c'est également le lieu des funérailles royales. D'abord inhumés uniquement dans la nef au XIVe siècle, les monarques et leurs familles commencent à être enterrés à partir du XVIe siècle dans la crypte. Au XIXe siècle, la cathédrale est élevée au rang de panthéon national.
Le , Karol Wojtyła, le futur Pape Jean-Paul II, a célébré sa première messe dans la crypte de la cathédrale[1].
Description extérieure
Le bâtiment de la cathédrale actuel de Cracovie est un édifice gothique du XIVe siècle. Toutefois, les rois de Pologne et les évêques l'ont modifié tout au long de l’histoire en ajoutant des chapelles ou en modifiant la décoration en fonction des styles et des goûts de leur époque. L'aspect extérieur de la cathédrale en témoigne car l'austérité gothique est adoucie par les formes ordonnées de la Renaissance et la luxuriance du baroque. Étant donné le peu d'espace sur la colline du Wawel, elle n'a pas pu être agrandie, ce qui explique ses faibles dimensions, et lui permet de garder sa forme gothique originelle. Néanmoins, les chapelles qui l'entourent, ajoutées au cours des siècles suivant sa construction, lui confèrent une forme extérieure originale et pittoresque.
Après un porche baroque (1619), à gauche et au-dessus de l’entrée de la cathédrale, des os de mammouth sont suspendus depuis le Moyen Âge à de lourdes chaînes de fer. Une légende raconte que lorsqu’ils tomberont, Cracovie sera détruite!
La magnifique porte d'entrée en bois, de 1636, est recouverte de tôle de fer marquée du monogramme du roi Kazimierz le Grand, un K surmonté d'une couronne. La porte est encastrée dans un encadrement de marbre noir.
Neuf chapelles se succèdent dans la nef droite de la cathédrale : chapelle de la Sainte-Croix, des Potocki, des Szafraniec, des Vasa, de Sigismond, de Jan Konarski, de Jakub Zadnick, du roi Jan Olbracht et de l'évêque Andrzej Załuski. Dans la nef gauche, il y en a six : chapelle de la Trinité, des Czartoryski, de l'évêque Samuel Maciejowski, des Lipski, des Skotnicki, de l'évêque Andrzej Zebrzydowski, et la sacristie. Dans la neuf principale, derrière le maître-autel, se trouvent : chapelle de l'évêque Piotr Tomicki, chapelle de la Vierge et chapelle de l'évêque Piotr Gamrat.
La chapelle Sainte-Croix attire les regards avec ses murs et des voûtes gothiques recouvertes en 1470 de peintures des artistes ruthènes de Pskov. Mais la plus célèbre de toutes est la chapelle de Sigismond, construite entre 1519 et 1533, par l'Italien Bartolommeo Berrecci(en). C'est un chef-d’œuvre de l’art de la Renaissance. Des maîtres italiens ont travaillé à sa décoration : Giovanni Cini, Giovanni Maria Padovano, Niccolo da Castiglione, Antonio et Filippo de Fiesole, Bernardino di Zanobi Gianottis, Giovanni Soli. Dans une double niche en forme d'arc de triomphe est placé le monument funéraire de marbre des derniers Jagellons, à savoir Zygmunt Ier et son fils Zygmunt II Auguste
La nef principale
Entre la nef principale et le chœur, au milieu de la cathédrale une chapelle-mausolée érigée dans les années 1628/1630, d'après le projet de Giovanni Battista Trevano, a remplacé un autel gothique. À son intérieur se trouve un autel et le tombeau de saint Stanislas, évêque et martyr canonisé en 1253, saint patron de la Pologne et de la cathédrale de Cracovie. Le duc Bolesław V et l'évêque Prandota transfèrent les restes du saint dans une nouvelle chasse richement décorée et offert par la sainte Kinga. Le premier cercueil du saint avait la forme d'une caisse romane. Le second reliquaire du saint fut offert par la reine Hedwige Ire, elle-même canonisée après sa mort. Le donateur du troisième était le roi Zygmunt III Vasa. Le cercueil actuel, qui date de 1669-1671, est l'œuvre de Peter von der Rennen de Gdańsk. Avec le temps, l'autel saint Stanislas est devenu l'Autel de la Patrie. C'est ici que les rois déposaient les drapeaux pris pendant les batailles de : Płowce en 1331, Grunwald en 1410, Vienne en 1683.
Le chœur où se sont déroulés trente-sept couronnements de rois et de reines de Pologne, est orné de stalles et d'une chaire fin Renaissance, œuvres de l'ébéniste Jan Szabur (vers 1620) ; le maître-autel de style baroque date également du XVIIe siècle.
Dans la cathédrale elle-même et dans des cryptes se trouvant sous celle-ci, ont été inhumés presque tous les rois et des membres de leur famille qui ont régné en Pologne du XIVe au XVIIIe siècle. Les cercueils royaux, en particulier ceux de la dynastie Jagellon et de la maison Vasa, sont des œuvres d'art riches en sculptures.
Au XIXe siècle, pendant les années où la Pologne n'existait plus en tant qu'État, pour maintenir l'esprit patriotique des Polonais, on y ensevelissait les héros nationaux, ainsi que des grands écrivains et artistes polonais. C'est à cette époque que la cathédrale est devenue le symbole de l'identité et de la culture polonaises.
C'est le roi Kazimierz III le Grand qui fait construire le premier monument funéraire à la cathédrale. Le somptueux sarcophage de son père, Władysław Ier, le premier roi à se faire couronner à Cracovie, devint ensuite un modèle pour les autres sarcophages de l'époque. Le sarcophage de Kazimierz III se situe de l'autre côté du maître-autel. En beau marbre rouge, il est richement sculpté de figures et d'inscriptions, surmonté d'un baldaquin appuyé sur de fines colonnes. On l'attribue à des sculpteurs hongrois inspirés de l'art français.
Le troisième tombeau gothique est celui du roi Władysław II Jagellon, à droite de l'entrée principale. Surmonté d'un baldaquin Renaissance supporté par huit colonnes, il est l'œuvre de Giovanni Cini de Sienne. Władysław II est le dernier roi de Pologne inhumé dans la nef principale de la cathédrale. Ses successeurs sont ensevelis dans les chapelles latérales ou dans les cryptes situées sous l'église.
La crypte a été construite entre 1090 et 1117. Elle est soutenue par huit colonnes et représente le plus bel exemple d'intérieur roman et le mieux conservé de Pologne. Elle accueille les tombeaux de personnages royaux et de héros nationaux.
Cette crypte située au-dessous de la chapelle de la Vierge Marie accueille le tombeau d'une seule personne, le roi de Pologne Stefan Batory. Il y fut inhumé en 1588 dans un sarcophage réalisé par les orfèvres de Gdańsk.
Étienne Báthory, roi de Pologne, grand-duc de Lituanie, prince de Transylvanie ( - )
Crypte familiale de Władysław IV Vasa
Cette crypte accueille les tombeaux du roi Władysław IV Vasa, de sa femme et ses enfants. Les sarcophages de Władysław IV et de son épouse sont en cuivre doré de l'orfèvrerie de Toruń.
Władysław IV Vasa, roi de Pologne, grand-duc de Lituanie, tsar de Russie ( - )
La crypte, située sous la chapelle Sigismond où l'on trouve les monuments funéraires de Sigismond Ier et Sigismond II, accueille les dépouilles de plusieurs personnalités royales.
Zygmunt Ier , roi de Pologne, grand-duc de Lituanie ( - )
Barbara Zápolya, reine consort de Pologne, grande-duchesse consort de Lituanie (vers 1495 - ), première épouse de Zygmunt Ier
Zygmunt August, roi de Pologne, grand-duc de Lituanie ( - )
Cette crypte accueille les cercueils de plusieurs membres de la maison des Vasa. On y trouve également une urne contenant de la terre de Katyń et une plaque commémorative fixée en 1990 pour le 50e anniversaire du massacre de Katyń. Le sarcophage de Jan II Kazimierz Vasa est réalisé à Gdansk et est orné des figures des héros et des rois de la Bible.
Zygmunt III Vasa, roi de Pologne, grand-duc de Lituanie, roi de Suède ( - )
On y trouve la tombe du maréchal Józef Piłsudski ( - ), premier chef de l'État polonais après la reconstitution de l'État en 1918, qui a été inhumé dans la crypte Saint-Léonard de 1935 à 1937, puis transféré ici. Conformément à sa volonté, sa tombe est accompagnée d'une urne contenant de la terre de la tombe de sa mère Maria Piłsudska née Bilewicz.
Dans le vestibule de la crypte, une plaque dédiée aux victimes du massacre de Katyń, est fixée sur un mur.
Dans cette crypte sont inhumés les plus grands poètes romantiques, les chantres de la nation polonaise auxquels le pays a souhaité rendre hommage en les inhumant dans ce sanctuaire national.
En 2001 : Cyprian Kamil Norwid, poète et peintre ( - ) ; Une urne de bronze, contenant de la terre de la fosse commune où il a été enterré en France près de Paris, marque sa mémoire.
Le , pour le 200e anniversaire de la naissance de Frédéric Chopin, un médaillon de marbre blanc avec le portrait du compositeur, copie du médaillon se trouvant sur sa tombe au cimetière du Père-Lachaise à Paris. On peut lire sur le médaillon les mots suivants: « Au grand artiste - la nation » (« Wielkiemu artyście – naród »).