Digne, « Dinia », est la capitale des Bledontii ou Brodonticiens[2],[3], citée romaine devenue le siège d'un évêché au IVe siècle. Il ne subsiste pas de monument gallo-romain. Un document de 780 énonce « in Digna civitate » pour un plaid tenu à la demande de Charlemagne par des missi dominici à la suite d'une plainte de l'évêque Mauront de Marseille représentant l'abbaye Saint-Victor de Marseille[4]. Le texte le plus ancien suivant est une bulle du pape Alexandre III datée du citant cette cathédrale et l'évêque de Digne Bertrand Ier de Turriers mentionne les propriétés du chapitre. Le castrum de Digne est cité dans un acte de 1193. Un acte de 1221 donné au bourg de Digne cite les privilèges accordés au chapitre par le comte de Provence. Ces actes permettent de préciser qu'il y a ai Moyen Âge deux parties dans Digne, le château ou la cité épiscopale qui a succédé à la cité gallo-romaine, et le bourg, mais le bourg va entrer en décadence à partir du XIVe siècle. Les foires qui s'y tenaient sont transférées dans la cité par le roi René, comte de Provence.
Bien qu'une lettre apocryphe attribue la fondation de l'église à Charlemagne, en 780, son style roman montre que sa fondation ne peut remonter avant le IXe siècle[5] et que le clocher et quelques débris de colonnes ne peuvent pas remonter au-delà du XIe siècle.
Victime de nombreuses attaques et pillages, elle est rénovée au début du XIIIe siècle. Elle est ravagée par les huguenots en 1560-1562, 1568 et 1574. Elle est bombardée par Lesdiguières pendant les guerres de Religion (1591). Après cette attaque, en 1591, le siège de l’évêché fut transféré à la cathédrale Saint-Jérôme de Digne.
Vue de Digne prise des abords de Notre-Dame du bourg : tableau réalisé vers 1800, visible au Musée Gassendi.
Vestiges d’un état antérieur, façade nord.
Fragment d'inscription latine d'époque romaine retrouvé lors des fouilles.
Architecture
Extérieur
Des parties des XIe et XIIe siècles subsistent.
Aujourd'hui entièrement restaurée, c'est l’un des plus importants édifices de style roman à nef unique du Sud-Est de la France. Construite à la fin du XIIe siècle jusqu’au début du XIVe siècle, elle a été bâtie sur des vestiges d’églises antérieures. Les travaux de restauration générale de la cathédrale, menés dans les années 1980 ont été accompagnés de fouilles archéologiques de grande ampleur, avec une première campagne entre 1987 et 1988. Elles ont permis d'accroître la connaissance historique de cet édifice[6],[7].
Après sa bénédiction la nouvelle cloche « Marie-Vincent », a été mise en place le , ainsi que de deux cloches dans le beffroi[8],[9].
Détail de la rosace.
La façade.
Détail des chapiteaux du portail.
Détail du portail.
Plan et projet d'agrandissement de la cathédrale de Digne, par A. Raymond (1849).
Intérieur
Son autel de marbre blanc est d’époque mérovingienne[10],[5].
L'église ne comportait ni mobilier, ni vitraux, seulement une rosace. Cette situation rare a conduit la ville à souhaiter que des vitraux et un réaménagement de l’espace liturgique soit l'objet d’une création contemporaine. Dans le cadre de la commande publique, cette création contemporaine est l'œuvre de l’artiste canadien David Rabinowitch[13].
Vitraux
Tous les vitraux conçus par Rabinowitch[14] déclinent un motif constitué de cives, feuilles de verre de forme circulaire soufflées en plateau, et diversement colorées[15].
Le triplet du chœur, représentant la Sainte Trinité : le Père (vert), le Fils (violet ou lavande) et l'Esprit saint (jaune).
Le vitrail du chœur, rouge.
Le vitrail de Notre-Dame, bleu.
Le vitrail des fonts baptismaux, blanc à deux cives.
Incrustations au sol
Depuis l'entrée de la nef, le cheminement est marqué de plusieurs étapes, symboles gravés au sol et rehaussés de métal incrusté.
(hors série) une ammonite intégrée dans un trou circulaire vitré, censée symboliser la création
un triangle équilatéral marqué des trois lettres hébraïques כ, ר, מ formant le mot כֶּרֶם désignant la vigne en hébreu
un carré marqué ΙΧΘΥΣ (Ichtus) signifiant poisson en grec
un pentagone marqué agnus signifiant agneau en latin
Des fouilles sporadiques avaient été menées au cours des XIXe et XXe siècles, particulièrement par André Delmas et Jean Irigoin en 1945-1946.
Profitant des travaux de restauration et consolidation de la cathédrale par Francesco Flavigny[17], architecte en chef des Monuments historiques, des fouilles archéologiques ont été menées sous la cathédrale et dans les alentours immédiats[18].
1983-1984 fouilles préalables au chantier de consolidation de la cathédrale ;
1987-1988 fouilles dans et sous la cathédrale ;
1991-1992 fouilles sous le secteur au nord de la cathédrale ;
1994 fouille sur le parvis (ouest) de la cathédrale.
Le désir de valoriser les résultats de ces fouilles a amené la ville, propriétaire du bâtiment, à aménager une crypte archéologique sous la cathédrale, avec une muséographie confiée à l'architecte Eric Klein. Recouvrant une surface de 870 m2, elle a été ouverte au public en juillet 2010[22] et se visite en semaine[23].
Période pré-chrétienne
Les fouilles ont exhumé des témoignages funéraires gallo-romains datés du Ier siècle de notre ère, puis deux mausolées se faisant face datés du IIIe siècle.
↑Firmin Guichard, Essai historique sur le cominalat dans la ville de Digne : institution municipale provençale des XIIIe et XIVe siècles, t. 1, Digne, Mme Vve A. Guichard, (lire en ligne), p. XXXIV
↑ a et bMichel de La Torre, Alpes-de-Haute-Provence : le guide complet des 200 communes, Paris, Deslogis-Lacoste, coll. « Villes et villages de France », , 72 (non-paginé), Relié (ISBN2-7399-5004-7).
↑Premiers résultats de l'étude paléoanthropologique et paléopathologique de la nécropole historique de Notre-Dame-du-Bourg (Dignes : IVe – XVIIe siècles), [lire en ligne].
↑Gabrielle Demians d'Archimbaud, « Les fouilles de l'ancienne cathédrale de Digne : état des questions », Comptes-rendus des séances de l'année... - Académie des inscriptions et belles-lettres, vol. 145, , p. 409–439 (DOI10.3406/crai.2001.16270, lire en ligne, consulté le ).
Coordination générale : René Dinkel, Élisabeth Decugnière, Hortensia Gauthier, Marie-Christine Oculi. Rédaction des notices : CRMH : Martine Audibert-Bringer, Odile de Pierrefeu, Sylvie Réol. Direction régionale des antiquités préhistoriques (DRAP) : Gérard Sauzade. Direction régionale des antiquités historiques (DRAH) : Jean-Paul Jacob directeur, Armelle Guilcher, Mireille Pagni, Anne Roth-Congés Institut de recherche sur l'architecture antique (Maison de l'Orient et de la Méditerranée-IRAA) - Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Suivez le guide : Monuments Historiques Provence Alpes Côte d’Azur, Marseille, Direction régionale des affaires culturelles et Conseil régional de Provence – Alpes - Côte d’Azur (Office Régional de la Culture), 1er trimestre 1986, 198 p. (ISBN978-2-906035-00-3 et 2-906035-00-9)
Guide présentant l'histoire des monuments historiques ouverts au public en Provence – Alpes – Côte - d'Azur, avec cartes thématiques (traduit en allemand et anglais en septembre 1988) : Digne, Notre-Dame-du-Bourg, p. 18.
Georges Bailhache et Robert Doré, « Digne. Ancienne cathédrale Notre-Dame-du-Bourg », dans Congrès archéologique de France. 95e session. Aix-en-Provence et Nice. 1932, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 94-114
Jacques Thirion, Alpes romanes, p. 291-321, Éditions Zodiaque (collextion la nuit des temps no 54, La Pierre-qui-Vire, 1980
Gabrielle Démians d'Archimbaud, Digne. Église Notre-Dame du Bourg. Ancienne cathédrale dans Les premiers monuments chrétiens de la France, tome 1, Sud-Est et Corse, p. 69-80 , Picard éditeur, Ministère de la Culture et de la Francophonie, Paris, 1995 (ISBN978-2-7084-0442-7)
Rapports de fouilles :
Gabrielle Démians d'Archimbauld, Les fouilles de l'ancienne cathédrale de Digne : état des questions, p. 409-439, dans Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2001, volume 145, no 1
Géraldine Bérard, Guy Barruol, Carte archéologique de la Gaule: 04. Alpes-de-Haute-Provence, p. 149-170, Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Paris, 1997 (ISBN2-87754-054-5) (lire en ligne)
Chanoine Cruvellier, Notice sur l'église Notre-Dame du Bourg ancienne cathédrale de Digne, p. 149-152, 188-198, 245-248, dans Bulletin d'histoire ecclésiastique et d'archéologie religieuse des diocèses de Valence, Gap, Grenoble et Viviers, tome 3, 1882-1883 (lire en ligne)
Chanoine Cruvellier, Notice sur l'église Notre-Dame du Bourg ancienne cathédrale de Digne, p. 75-82, 116-120, 205-212, 250-251, 289-293, dans Bulletin d'histoire ecclésiastique et d'archéologie religieuse des diocèses de Valence, Gap, Grenoble et Viviers, tome 4, 1883-1884 (lire en ligne)
Chanoine Cruvellier, Notice sur l'église Notre-Dame du Bourg ancienne cathédrale de Digne, p. 188-200, 248-262, 408-416, 291-295, dans Bulletin d'histoire ecclésiastique et d'archéologie religieuse des diocèses de Valence, Gap, Grenoble et Viviers, tome 5, 1884-1885 (lire en ligne)
Abbé Arnaud d'Agnel, Émile Isnard, « Inventaire du mobilier de la cathédrale de Digne (1341) », dans Bulletin de la Société archéologique du Midi de la France, 1913, p. 118-144(lire en ligne)