À l'emplacement de l'actuel château se trouvait un château en bois, plus ancien, qui daterait du XIIe siècle. Il s'agissait d'une place forte entouré de fossés et de palissades surmonté d’une tour en bois dressée sur un monticule artificiel. Ce premier château fut remplacé par une construction en maçonnerie au XIIIe siècle. Seule la tour Réfous est conservée. La superficie de cet ancien château en bois correspond à la place surélevée qui entoure aujourd’hui encore la tour Réfous[3].
Le vaste ensemble a une forme triangulaire composé de plusieurs bâtiments qui étaient autrefois plus nombreux. Quelques traces de remparts curvilignes du XIVe siècle subsistent à l’ouest et au nord mais l’enceinte extérieure, elle, n’existe plus[4].
Bâtiments antérieur
Maison de Lydda et chapelle
Le palais du château en bois était nommé Maison de Lydda. La maison se trouvait sur la terrasse, entre la tour Réfous et la cour triangulaire. Elle démolie en 1804[3].
Une chapelle, de style gothique tardif, faisait partie de la maison. Celle-ci se trouvait dans la cour du château et a été démolis au début du XIXe siècle[3].
Hôtel de la monnaie et caserne de la garnison
À l'emplacement de l'actuelle terrasse sud se trouvait l’Hôtel de la Monnaie et la caserne de la garnison du château, avec la poterne où aboutissait le chemin qui conduisait au Faubourg de France[3].
La poterne est aujourd'hui condamnée mais encore visible au bas du mur de soutènement. Il a été remplacé par un escalier qui se trouve dans la Tour du Trésor. Ces deux bâtiments ont été démolis en 1820[3].
Bâtiments actuels
Tour Réfous
Élément le plus ancien, la tour Réfous (anciennement Riffhus), est édifiée autour de 1271 et était rattachée à un château plus ancien. Aujourd'hui, la tour est isolée du bâtiment principal. La tour, qui rappelle les donjons circulaires savoyards, fait 32 mètres de haut et 12 mètres de diamètre et possède une épaisseur de mur de 4,5 mètres dans le bas, diminuant vers le haut. La porte d'entrée de la tour se trouve à 9 mètres du sol car elle était autrefois accessible par un pont en bois depuis la Maison de Lydda démolie vers 1804[4]. Cette entrée est maintenant accessible par un escalier tournant ancré dans la façade.
Ses dernières restaurations datent de 1924 et de 1985[2].
Résidence
Le bâtiment de la Résidence a été construit entre 1588 et 1591 à la demande du prince-évêque Jacques-Christophe Blarer de Wartensee et d'après les plans des architectes Jean et Nicolas Frick. En plus des gros œuvres, le bâtiment a conservé cette époque les portails Renaissance de la façade principale ainsi que deux escaliers en colimaçon datés de 1590 et 1591.
Le caractère de la façade donnant sur la cour a été modifié dans les années 1720 par la transformation de grandes fenêtres de forme rectangulaires et surmontées de frontons cintrés de style Régence richement ornés en stuc, parmi lesquels sont représentés des soleils, rosaces, conques, bouquets, animaux ou encore vouivres.
Le bâtiment, qui compte trois niveaux, repose sur des caves voûtées monumentales. Les salles du rez-de-chaussée sont également voûtées. Elles abritaient, en plus de différents locaux de services et d'une cuisine (dans l'entrée principale actuelle), quatre salles à manger, dont la qualité des hôtes et des mets décroissait à mesure qu'on se rapprochait de la cuisine. Ces pièces sont ornées de stucs aux motifs décoratifs et figuratifs du début du XVIIIe siècle. Le premier étage, qui servait à héberger les hôtes et dignitaires de la cour, présente un corridor à l'arrière, sur lequel ouvrent les anciens appartements constitués d'une belle chambre donnant sur la cour et d'une antichambre. Les plafonds sont ornés de stucs des années 1720. L'un d'eux présente le lion héraldique de la famille de Reinach portant les différents insignes du pouvoir des princes-évêques[4].
Le deuxième étage, qui a subi davantage de transformations, abritait la salle du trône, des salons de réception et, du côté est, l'appartement du prince-évêque. Dans les corridors sont accrochés les portraits des 14 derniers princes-évêques de Bâle.
Chancellerie
Le bâtiment de la Chancellerie se situe à l'est de la Résidence et forme un léger angle avec celle-ci. Le bâtiment, sur deux niveaux, à plusieurs fois été modifié. Entre ces deux bâtiments, une tourelle d’escalier carré, avec un cadran solaire, sous un dôme en bulbe est présent[4].
Les caves voûtées de la Chancellerie faisaient office de prisons[4].
Tour du Coq
Située tout à l'est du château, la tour du Coq est une tour à quatre niveaux. Ces fenêtres datent seulement de 1756. Elle servait, à l'origine, de salle des archives de Principauté épiscopale de Bâle jusqu’en 1898. Sur la face de la tour se trouvent les armoiries peintes de la Principauté épiscopale de Bâle et de la famille Blarer. Sa dernière rénovation date de 1960[4].
Pavillon de la Princesse Christine
La cour est fermée au sud par le pavillon de la Princesse Christine qui a été construit au début du XVIIIe siècle, par Nicolas Schelhorn ou Pierre Racine pour le prince-évêque Guillaume-Jacques Rinck de Baldenstein, à l'emplacement de bâtiment ruraux détruits par l'incendie de 1697. Il doit son nom au souvenir de séjours que fit à Porrentruy la Princesse Christine de Saxe.
Il s'agit d'un corps d'habitation comptant seulement un niveau, le rez-de-chaussée du côté cour, et qui repose du côté de la ville sur un impressionnant mur de soutènement. Il a conservé du côté oriental une ancienne cuisine monumentale[4].
Tour du Trésor
À l’extrémité sud-ouest du Pavillon de la Princesse Christine, s’élève la tour du Trésor. La tour est raccourcie après l’incendie de 1697 et fut alors couverte d’un toit en bulbe. Un escalier est présent à l'intérieur de ladite tour. Celui-ci mène au Faubourg de France traversant le rez-de-chaussée de la maison de Luppach[3].
Maison de Luppach
Située en contrebas, la maison de Luppach était autrefois reliée au mur d’enceinte extérieur. Ayant un aspect de tour carrée, elle doit son nom au Prieuré de Luppach[3].
L’étage supérieur contenait la chapelle privée du prince-évêque Jean-Conrad de Roggenbach (1656-1693). Celle-ci a conservée un plafond vouté richement orné de stucs du début du baroque. Le reste de la chapelle a été transformée[3].
Corps de garde
Le bâtiment appelé aujourd’hui le corps de garde, était à l’origine le logement de divers serviteurs[3].
À l'origine, la partie sud du bâtiment était dotée d'une énorme tour datant du XIVe siècle à laquelle a été adossé, au XVe siècle un bâtiment pourvu d’encadrements de fenêtres richement ornés. Au début du XVIIIe siècle, la toiture de ce bâtiment a été modifiée et la flèche de la tour de l’escalier en colimaçon, démolie[3].
Orangerie
Bâti au nord du château en 1726, le bâtiment de l'Orangerie a été profondément remanié. Les vestiges d'un ancien jardin baroque rectangulaire ainsi que des ouvrages de défense du XVIIe siècle y ont été retrouvés[3].
Galerie
La Tour Réfous.
La résidence et la Chancellerie.
La Chancellerie et la Tour du Coq.
Le Pavillon de la Princesse Christine et la tour du Trésor.
Jusqu'au début de l'époque carolingienne, l'Ajoie appartient aux comtes d'Alsace. Peu peuplée, cette région attira pendant longtemps de nombreux colonisateurs. Lors du partage de la Lotharingie, en 870, l'Ajoie échut à Louis le Germanique. Peu à peu, des familles de la petite noblesse, dispersées dans tout le pays, défrichèrent des terres incultes et érigèrent de modestes châteaux. Ce n'est que plus tard qu'elles les agrandirent pour en faire des maisons fortes. La ville de Porrentruy est promue au rang de ville au XIIIe siècle par Rodolphe de Habsbourg. Le château, lui, devient propriété des princes-évêques de la Principauté épiscopale de Bâle dès 1270. Le 21 mars 1337, le château est victime d'un incendie. Le 20 juin 1384, le château et la ville sont rattachés à la Principauté épiscopale de Bâle avant de se rattacher, le 18 juillet de l'année suivante, à la seigneurie de Roche-d'Or. Le 5 juillet 1386, le château et la ville sont vendus à la Principauté de Montbéliard. Finalement, entre le 1461 et 1462, le château et la ville sont rachetés par le prince-évêque de Bâle Jean de Venningen. En 1465, le château est relevé. Le 10 juillet 1528, la Réforme protestante conquiert Bâle où le prince-évêque Jacques-Philippe de Gundelsheim est contraint de se réfugier au château de Porrentruy. À partir de cette date, le château devient la résidence des princes-évêques[5].
Le château subira un deuxième incendie le 19 décembre 1558. Comme ce fut la Chancellerie qui brula, une grande partie des archives furent détruites. Ferdinand Ier imposa aux sujets et vassaux de la Principauté épiscopale de Bâle de déclarer les fiefs et biens qu'ils retiennent de l'église de Bâle[6].
En 1575, Jacques-Christophe Blarer de Wartensee est élu prince-évêque. Celui-ci rénove complément le château entre 1590 et 1597. Il crée également, à Porrentruy, le Collège des Jésuites et assura la fondation d'une imprimerie. La ville connut alors une ère de prospérité qui prit fin avec la guerre de Trente Ans, durant laquelle la cité fut assiégée et occupée à plusieurs reprises par des troupes diverses. Après la guerre, le château redevient possession du prince-évêque le 29 juillet 1650[6].
Le 27 juillet 1697, ce sont les écuries qui brulent[6].
En 1716, le prince-évêque Jean-Conrad de Reinach fonde une académie au château[6].
Durant l'été 1790, inspirée par la Révolution française, cette partie du Jura, et plus particulièrement le Nord, s'agite ; des émeutes éclatent et un comité révolutionnaire réclame la tenue d'États généraux sous l'impulsion des corporations de Porrentruy. Inquiet, le prince-évêque, Joseph Sigismond de Roggenbach, fait appel à l'empereur qui lui envoie des troupes autrichiennes au printemps 1791, lesquelles sont cantonnées à Porrentruy. La France entre en guerre contre l'Autriche le . Le , son armée pénètre dans l'évêché de Bâle pour, en conformité avec l'alliance de 1780 conclue avec le Prince-Évêque, repousser les Autrichiens devenus ennemis[7]. Les troupes françaises occupent la partie germanique de la principauté, mais ne franchissent pas les frontières des bailliages sud, respectant ainsi les territoires de la Confédération. Entre-temps, le prince a déjà pris la fuite abandonnant le château pour se réfugier à Bienne emportant avec lui de nombreux documents avec lui ; ils échouent à Vienne. Le reste demeure à Porrentruy. Cette fuite sans gloire sonne le glas de la principauté épiscopale, même si Roggenbach gouverne encore, au moins nominativement, le sud du territoire. Le 6 septembre 1792, les révolutionnaires d'Ajoie prennent possession du château.
Le révolutionnaire jurassien Joseph-Antoine Rengguer arrive dans le sillage de l'armée française avec ses partisans. Sous son impulsion autoritaire, et avec les bonnes grâces de la France, une Assemblée nationale est convoquée. Le , cette Assemblée proclame la déchéance du Prince-Évêque et la création de la République rauracienne. Le la Convention nationale accepte l'annexion sous la forme d'un nouveau département : le Mont-Terrible[8].
Après la chute de Napoléon, le Congrès de Vienne va alors redessiner les frontières de l'Europe. Après neuf mois de négociations, il est finalement décidé de rattacher le territoire jurassien au canton de Berne. Dès lors, le château devient propriété dudit canton. Dès 1837, le canton souhaite l'implantation d'un orphelinat et hospice dans le château[6]. Par cet acte, le château devient la propriété de toutes les communes du district de Porrentuy. L'Hospice des pauvres ouvre le 14 septembre 1841 et ferme le 14 novembre 1930. Le 3 novembre 1932, le château et racheté par le canton de Berne et devient le siège de l'administration du district[6].
En 1937, le château est aménagé en caserne militaire jusqu'en 1945[6]. Le 2 septembre 1956, par votation populaire cantonale, le peuple accepte la restauration du château et le transfert des administrations de district dans ledit bâtiment. La restauration aura lieu de 1958 à 1961[6].
Avec la création de la République et canton du Jura le 24 septembre 1978 et de son ascension au rang de 23e canton, le nouveau Gouvernement jurassien devient propriétaire du château et décide, le 19 janvier 1979, d'y installer le Tribunal cantonal[6].
Le 19 septembre 1997, un incendie criminel ravage les bureaux du substitut du procureur[6].
Archives
1558 : Incendie de la chancellerie du château de Porrentruy, destruction partielle des archives.
1752 : Déménagement des archives dans le nouveau dépôt de la Tour du Coq (les étagères existent encore). Création par Maldoner du nouveau cadre de classement pour les séries A et B et les registres de chancellerie (les codices) ; ce cadre de classement est encore en usage aujourd'hui.
1792 : Fuyant devant l'imminence de l'occupation française, le prince-évêque Joseph Sigismond de Roggenbach emporte de nombreux documents avec lui ; ils échouent à Vienne. Le reste demeure à Porrentruy.
1817 : Le canton de Berne obtient la restitution des archives épiscopales de Vienne. Elles sont conservées à l’Hôtel de ville de Berne.
1848 : Transfert des archives à Porrentruy dans l’ancien dépôt de la Tour du Coq.
1898 : Déménagement des archives de Porrentruy à Berne, où elles sont placées dans la Tour des prisons.
1940 : Nouveau déménagement, de la Tour des prisons dans le nouveau bâtiment des Archives cantonales bernoises (Falkenplatz).
1963 : Ultime déménagement, de Berne à Porrentruy, où les archives sont installées à l'Hôtel de Gléresse, le siège actuel de la Fondation des AAEB.
1985 : Création officielle de la Fondation des Archives de l'ancien Évêché de Bâle, par les cantons de Berne et du Jura.
1997 : Révision de l'Acte de fondation pour permettre l'entrée du canton de Bâle-Campagne.
2008 : Entrée dans la Fondation des AAEB du canton de Bâle-Ville.