Un champ (du latin campus) est un espace défini et ouvert, parcelle de terre cultivée ou terrain réservé à une activité spécifique. Par extension de sens, un champ est une étendue virtuelle dans un domaine donné, par exemple champ d'application ou champ d'action.
Le terme « champ » fait partie de nombreuses expressions et noms composés dans des domaines variés ; c'est aussi un élément de nombreux toponymes et un nom de famille.
L'homographechamp (plutôt noté champ’), où le p est prononcé, n'a aucun rapport : c'est une abréviation familière pour le mot « champagne », parfois aussi pour champignon.
Le mot polysémique issu du latin campus donnant le français camp et champ a eu un usage d'abord militaire, par le « champ de bataille » et le terrain servant à l'exercice, dès le XIe siècle. Un début de polysémie identique arrive à la même époque pour l'activité agricole « terrain » et « champ ». Après les arpenteurs et les géographes décrivant les fonds marins et fluviaux pour une navigation plus sûre après le milieu du XVIIIe siècle, les cartographes (comme Cassini et Haxo en France dans le Génie militaire) se soucient de la représentation sur un plan des pentes naturelles des terrains. Les contours topologiques des montagnes et vallées sont projetés sur un plan, dans une première époque en exprimant les lignes de plus forte déclivité avec des cotes (susceptibilité d'avoir un fort impact de la gravité sur les choses à cet endroit), puis par des courbes de niveau exprimant une altitude constante. Une carte comporte alors plus que l'expression de la qualité du terrain, de plat à pentu[1]. Par extension le terme champ s'est appliqué à la science optique par le « champ de vision » au milieu du XVIIIe siècle puis à la physique en général. Il s'est appliqué à la science de l'électricité et du magnétisme avec le « champ électrique », le « champ magnétique » puis le « champ électro-magnétique » qui sont utilisés au passage du XIXe siècle au XXe siècle, et enfin le « champ électrostatique » et le « champ tournant ». En mathématique associée à la physique le champ scalaire apparaît au milieu du XXe siècle. Dans les domaines des sciences du langage et de la personne les « champs sémantiques » et autres sont apparus après le milieu du XXe siècle[2].
Champ lexical, ensemble théorique de mots appartenant à une même catégorie syntaxique, liés par leur domaine de sens ou se rapportant à une même idée ou notion
Champ sémantique, ensemble des différentes significations d'un même mot dans les différents contextes où il se trouve, ensemble des sens de termes homonymes
Champ, objet servant à modéliser des phénomènes concernant des objets « étendus ». Par objet étendu, on entend objet pour lequel le paramètre considéré varie d'un endroit à l'autre. Cela peut être une pièce mécanique, un assemblage complexe (un véhicule, une machine, un bâtiment), une enceinte contenant un gaz, voire toute l'atmosphère terrestre ou encore l'espace intersidéral…; en physique, le concept de champ est pratique pour modéliser les perturbations des propriétés d'un espace par une force (gravitation, électromagnétisme, etc.). Ces champs existent sans support matériel (concept abandonné de l'éther), par contre ils nécessitent la présence de sources (localisées ou non) ; on parle de :
En mathématiques comme en physique, lorsqu'on parle de champ, on utilisera le terme d'espace plutôt que celui d'objet, l'espace considéré pouvant être occupé ou non par un objet matériel. Un champ tensoriel, c'est tout simplement l'association d'une valeur du paramètre à chaque point de l'espace. Le terme « valeur du paramètre » est à prendre au sens large de tenseur. On distingue :
les champs scalaires (tenseur d'ordre 0) : à chaque point de l'espace, on associe un nombre, par exemple la température, la pression ou la densité…
les champs de vecteurs (tenseur d'ordre 1) : à chaque point de l'espace on associe un vecteur, par exemple le vecteur champ de gravité, le vecteur champ électrique, la vitesse locale d'un fluide…
Un champ, un espace social avec une autonomie relative selon la conception de Pierre Bourdieu.
Laurent Cailly définit un champ comme un « espace social métaphorique, relationnel et concurrentiel où s'exerce une force, c'est-à-dire une modalité spécifique d'accumulation et de circulation de pouvoir(s), distribuant et discriminant un ensemble de positions qui contribuent à leur tour à instituer et à modifier ce champ »[3].