Charles-César de Faÿ, comtede La Tour-Maubourg (Grenoble, [1] - Paris, ) est un officier général et parlementaire français.
Biographie
Révolution française
Charles-César de La Tour-Maubourg est issu de « l'ancienne famille des Faÿ, qui tire son nom de la terre de Latour en Velay, et a compté, au milieu du siècle dernier (XVIIIe siècle), un maréchal de France[2]. » Il épouse (non commun de biens), Marie-Charlotte-Henriette Pinault de Thenelles (1760-1837).
Latour-Maubourg a déjà fait preuve de sympathie envers la Révolution française en renonçant aux privilèges de baronnie dont il peut se prévaloir aux États de Languedoc[5],[2] : « il se montre le chaud partisan de la liberté et de l'égalité, sans cesser d'être l'ami de l'ordre[5] ».
« Nous cédons à notre conscience, mais c'est avec douleur que nous nous séparons de nos frères, nous venons concourir à la régénération publique[6]. »
Dans la nuit du 4 août il renonce à un privilège héréditaire dans les États d'Artois, commençant ainsi « la régénération de l'État par la réforme des institutions, et la réforme des institutions par l'abolition des restes de la féodalité[6] ».
Le le lendemain de la fuite du roi, il propose de s'assurer par un nouveau serment des chefs des commandements de terre et de mer : il jure lui-même fidélité à la nation et à l'Assemblée nationale, et propose d'envoyer à toute l'armée la formule de ce nouveau serment. Le même jour, chargé par l'Assemblée d'aller délivrer deux aides de camp arrêtés par le peuple, il s'acquitte avec bonheur de cette mission difficile et périlleuse.
Lorsqu'on apprend à Paris l'arrestation du roi à Varennes-en-Argonne, il est député par l'Assemblée, avec Barnave et Pétion, comme commissaire chargé de ramener Louis XVI à Paris. Aussi dévoué au roi qu'à la constitution, Latour-Maubourg cède à ses deux collègues l'honneur de rester avec la famille royale dans l'intention, sans doute, de les intéresser à la grandeur malheureuse, et se place dans une voiture de suite, avec Mme de Tourzel. Son dévouement, à cette occasion, reste incompris de Marie-Antoinette[7].
Le 6 juillet, au moment de la déclaration de Pillnitz[4], lorsque la guerre parut imminente et la crainte de l'invasion étrangère rendit nécessaire la présence à leurs régiments des députés militaires, Latour-Maubourg reçoit l'ordre de rejoindre son régiment qui est à Metz et fait partie de l'armée du Centre commandée par La Fayette, qui est son ami[5]. Devenu maréchal-de-camp le , il prend le commandement de l'avant-garde après la mort du général Gouvion. « Il partage l'indignation que font éprouver à Lafayette les événements du 20 juin 1792 et s'associe à ses efforts pour en faire punir les auteurs[6] ».
Le 10 août vient bientôt briser ses espérances. Enveloppé dans la proscription de Lafayette, il prend la fuite le 18 avec son général en chef. Il a le projet de se retirer en Hollande mais il est arrêté le 19, à dix heures du soir, avec Lafayette et plusieurs autres, par les avant-postes autrichiens. Il proteste inutilement contre son arrestation : conduit à Luxembourg et jeté dans les prisons du château avec Lafayette, Alexandre de Lameth et Bureau de Pusy, il est ensuite livré au roi de Prusse, qui le fait conduire à Wesel, puis à Magdebourg. Il y reste jusqu'en l'an III.
Lorsque Frédéric-Guillaume II de Prusse fait la paix avec la France, Latour-Maubourg considéré comme « otage de la Révolution[4] », n'est point remis en liberté, mais est livré à Léopold II, empereur germanique et archiduc d'Autriche, qui le transfère avec ses compagnons dans les prisons de la forteresse d'Olomouc en Moravie. Alexandre de Lameth obtient bientôt sa délivrance par l'entremise de sa mère, secondée par le maréchal de Broglie, dont elle est la sœur ; mais Latour-Maubourg et ses amis, Lafayette et Bureau de Puzy, conservés par la Coalition « comme victimes expiatoires de la liberté, sont soumis à des tourments d'une cruauté révoltante[6],[4] ». Latour-Maubourg « n'a pas même la consolation d'être admis à voir sa femme, qui est allée le rejoindre », pourtant, « comme Lafayette, il proteste n'avoir rien de commun avec les émigrés armés contre leur patrie[2] ».
Le général Bonaparte, poursuivant contre l'archiduché d'Autriche le cours de ses victoires, le force au mois de vendémiaire an VI, à demander la paix à la France : les conditions en sont réglées par le traité de Campo-Formio ; et l'une de ses conditions est la mise en liberté de Latour-Maubourg et de ses compagnons. C'était pour eux la fin de la captivité, mais non de l'exil. Le comte, en restant jusqu'en 1799 à l'étranger, n'y accède point aux vues de l'émigration[5].
Revenu en France, il s'occupe de faire reconstruire le château familial, détruit sous la Révolution par un incendie (les demeures privées construites à cette époque sont rares...). Soucieux de la gestion de son patrimoine, il participe au financement des activités industrielles de Pierre Samuel du Pont de Nemours, fondateur de la célèbre dynastie américaine. Mais cela ne l'empêche pas d'accéder à diverses fonctions politiques.[réf. nécessaire]
En 1813, comme commissaire extraordinaire, il est chargé de prendre des mesures de salut public dans les départements de la Normandie, où il a été envoyé six ans auparavant. Dans toutes ces missions importantes, « il use de la dictature qui lui est conférée avec une réelle modération[4] » (« revêtu de pouvoirs illimités, dont l'exercice touchait à l'abus, il munit une sagesse et une modération qui lui acquièrent de nouveaux droits à l'estime et à la reconnaissance du gouvernement. Partout la paix publique, la concorde entre tous les citoyens et le respect des lois sont le prix de ses efforts[6] »).
Au Sénat, dans la séance du 3 avril de la même année, il fait un rapport sur un projet de sénatus-consulte relatif à l'augmentation de l'armée, rendue nécessaire par les désastres de la campagne de Russie (1812) et la défection du roi de Prusse ; il fait mettre 180 000 hommes à la disposition du ministre de la Guerre, et obtient la création de 4 régiments de gardes d'honneur à cheval.
1814-1815
Le comte César de Latour-Maubourg commandait à Caen au moment où le trône impérial tombe[5]. Le il donne son adhésion à la déchéance de l'Empereur et dépose les pouvoirs qu'il en a reçus. Le 11 il annonce, par un ordre du jour, que n'ayant aucun ordre du gouvernement provisoire, il cesse toute fonction mais qu'il reste a son poste pour être encore utile, sinon par son autorité, au moins par ses conseils.
« Tout est changé en France : le langage de Latour-Maubourg, son attitude, sont les mêmes ; il défend avec la même ardeur, avec la même énergie, l'indépendance, les libertés de son pays et cette légalité protectrice toujours réclamée par les vaincus, et dont l'oubli compromet si souvent la victoire[6]. »
Le 4 juin suivant, Louis XVIII le nomme pair de France. Il défend constamment, dans la session de 1814, les principes constitutionnels, et est toujours fidèle à la cause qu'il a si puissamment secondée dès les premières années de la Révolution.
Le il accepte la pairie de Napoléon, et on le voit, toujours fidèle à ses principes, « signaler avec courage dans cette assemblée les actes arbitraires de cette malheureuse période[6] » :
« Depuis deux mois, dit-il, dans la séance du 20 juin, l'Empereur nous a annoncé que la monarchie constitutionnelle allait commencer : or, un des articles les plus importans de la constitution est que nul ne peut être exilé, arrêté, détenu, que de la manière prescrite par les lois. Nous devons demander aux ministres qu'ils nous lassent un rapport sur les exilés et les détenus ; la plupart ne le sont que sous les plus frivoles prétextes et prévenus seulement de délits imaginaires : sous l'empire d'une constitution, aucun individu ne doit être retenu prisonnier sans en connaître les motifs. Il faut que les uns en sortent sans délai, et que les autres soient renvoyés devaut les tribunaux pour être jugés[6]. »
« Pourquoi, dit-il, un comité secret ? Je n'en conçois pas la nécessité. Il faut que notre délibération soit publique, afin que nos sentimens soient connus de la nation entière[6]. »
Dans celle du 22, lors de la discussion qui suivit l'exposé de la situation des armées après la « malheureuse journée de Waterloo[6] », il s'écrie :
« Ces nouvelles ont tout le caractère de l'invraisemblance : si les faits ne sont pas vrais, je demande que le ministre de la guerre soit mis en état d'accusation pour avoir voulu tromper la Chambre des pairs et celle des représentants. »
Il vote le 23 en faveur de la proposition de déclarer Napoléon IIempereur des Français, par le fait de l'abdication de Napoléon Ier, et en vertu des constitutions de l'Empire (constitution de l'an XII et acte additionnel de 1815). Il a obtenu la parole, le 20 juin, pour une motion tendant à faire révoquer les commissions de haute police qui, disait-il, « avaient porté le trouble dans toutes les familles » : la précipitation des événements, et la crainte de gêner l'action du gouvernement, l'avaient empêché, les jours suivants, de prendre la parole ; mais, dans la séance du 25, lorsque, loin d'abolir ces commissions, on vint proposer des mesures de sûreté publique destructives de la liberté individuelle, il combattit avec force ces nouvelles mesures, en démontra l'inutilité, et demanda l'abolition des commissions.
Louis XVIII comprend Latour-Maubourg au nombre des pairs qui sont censés avoir donné leur démission en acceptant le mandat impérial, et une ordonnance royale du 24 juillet 1815 le prive de la pairie, qui lui est rendue quatre ans après par une autre ordonnance du , en considération des services rendus par sa famille à la légitimité : il siége jusqu'à sa mort[5] et y défend toujours les opinions libérales[2].
Latour-Maubourg est nommé, le 18 mai de la même année, et le premier au scrutin, l'un des cinq membres de la commission spéciale chargée de l'examen du projet de loi relatif à l'abolition du droit d'aubaine, mais il ne reparait plus à la tribune[6] et meurt à Paris le . Il est inhumé au cimetière de Montmartre[8].
N.° 2540. — Extrait des registres de la Commission du sceau, contenant des Lettres patentes relatives à l'institution de Titres de pairie.
« Par lettres patentes signées Louis, et plus bas, par le Roi, De Serre ; Visa, Richelieu ; scellées en présence du commissaire du Roi au sceau de France et de la commission du sceau, le . Le majorât de la pairie de M. Marie-Charles-César de Fay comte de la Tour-Maubourg, lieutenant général des armées du Roi, &c., créé pair de France par ordonnance royale du , a été établi sur une inscription de dix mille francs de rente cinq pour cent, portée au grand livre de la dette inscrite, au nom de M. le marquis Juste-Ponce-Florimond de Fay de la Tour-Maubourg, son fils, sous le n.°35 405, série 4 ; et immobilisée. En conséquence, la pairie de M. le comte de la Tour-Maubourg a été instituée héréditairement sous le titre de Baron, et sous les conditions particulières énoncées auxdites lettres. »
Charles-César de Faÿ était le fis aîné de Claude-Florimond de Faÿ de La Tour-Maubourg (1712-1790), comte de Coisse (dit « le comte de La Tour-Maubourg »), et de Marie-Françoise, fille de Nicolas Vachon (1687-1752), marquis de Belmont, docteur en droit, avocat au parlement de Grenoble.
Son père, Claude-Florimond de Faÿ (1712-1790), capitaine de cavalerie, chevalier, seigneur (« comte ») de Coisse[18], baron de Dunières, seigneur du Mazel, de Pleyné, de Salette, de Joyeuse La Roue, de Riotord, de La Motte-de-Galaure, baron de Privas, veuf et sans hoirs de son premier mariage avec Marie Agnès Césarine de Faÿ-Gerlande (1736-1753), a hérité de tous les biens du grand-père de cette dernière (le maréchal de Latour-Maubourg) en Velay et en Vivarais (dont le domaine de Maubourg), avec charge de reprendre le nom de La Tour-Maubourg.
Charles-César a deux frères cadets et une sœur :
Victor (1768-1850), marquis de La Tour-Maubourg (1817), également général d'Empire puis pair de France (1814) et ministre de la Guerre (1819-1821) ;
Marie (1770 - ), mariée avec Gérard Bidault de Maisonneuve, dont postérité ;
Just-Charles-César (La Motte-de-Galaure, - Paris, ). Colonel de l'armée française sous l'Ancien Régime, il est déclaré traître à la Nation le , en même temps que son frère aîné et le marquis de La Fayette. Capturé par les Autrichiens, il est libéré peu après. C'est en venant rejoindre (1798, à Wittmoldt, Allemagne) son frère aîné libéré, qu'il fait la rencontre d'Anastasie du Motier de La Fayette (1777-1863). Il l'épouse la même année et en a cinq filles, dont Jenny, aïeule de la reine Paola de Belgique.
Ascendants de Charles César de Faÿ de La Tour-Maubourg
16. Nicolas de Faÿ, seigneur de Coisse (né en 1612)
8. Balthazar de Faÿ, seigneur de Coisse (né en 1651)
17. Claire de Suat de Chavagnac (née en 1612)
4. Florimond de Faÿ, seigneur de Coisse (1687-1749)
18. Claude-François de Truchet, seigneur de Chambarlhac
9. Marie-Suzanne de Truchet de Chambarlhac (née en 1651)
19. Magdeleine d'Arbalestier (née vers 1629)
2. Claude-Florimond de Faÿ de La Tour-Maubourg, comte de Coisse (1712-1790)
10. François de Boulieu, seigneur du Mazel
5. Huguette de Boulieu
11. Marie-Anne de Costavol
1. Charles-César de Faÿ, comte de La Tour-Maubourg (1756-1831)
24. Ennemond de Vachon, seigneur de Belmont (1598-1660)
12. Jean-Baptiste de Vachon de Belmont (vers 1650-1700)
25. Honorade Prunier (née en 1609)
6. Nicolas de Vachon, marquis de Belmont (1687-1752)
26. François d'Agoult, seigneur de Chanousse (vers 1612-1671)
Adèle ( - Paris, ), mariée, le par contrat devant MeJean-Louis Bro, notaire à Paris, avec François Stellaye de Baigneux (1772-1850), marquis de Courcival, dont postérité ;
Alfred-Florimond-Louis (1784-1809 de ses blessures en Espagne), capitaine ;
Marie-Stéphanie-Florimond ( - ), mariée, le avec Antoine-François, 1er comte Andréossy (1761-1828), dont Étienne-Auguste, 2e comte Andréossy (Paris, - Paris, ), mort d'une chute de cheval, sans alliance ;
Éléonore-Marie-Florimonde (1799-1831), mariée avec Charles-Lucas « comte » Pinckney Horry, propriétaire de la « Harrietta Plantation(en) » et du château de Boissise-la-Bertrand ;
↑ abcd et e« De Fay, comte e La Tour-Maubourg, (Marie-Charles-César) », dans Jean-Baptiste-Pierre Jullien de Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France : des grands dignitaires de la couronne, des principales familles nobles du royaume et des maisons princières de l'Europe, précédée de la généalogie de la maison de France, vol. VII, [détail de l’édition] (lire en ligne), p. 12.
↑ abcdefghijkl et mGallien, « Latour-Maubourg (Marie-Charles-César de Fay, comte de) », dans A. Lievyns, Jean Maurice Verdot, Pierre Bégat, Fastes de la Légion d'honneur, biographie de tous les décorés accompagnée de l'histoire législative et réglementaire de l'ordre, vol. III, [détail de l’édition] (BNF37273876, lire en ligne), p. 18-19 .
↑Adolphe Rochas, Biographie du Dauphiné : contenant l'histoire des hommes nés dans cette province qui se sont fait remarquer dans les lettres, les sciences, les arts, etc. Avec le catalogue de leurs ouvrages et la description de leurs portraits, vol. 2, Charavay, (lire en ligne)
↑ a et bAlbert Révérend, Armorial du Premier Empire : titres, majorats et armoiries concédés par Napoléon Ier, vol. 3, Paris, (4 vol. in 2) Au bureau de l'Annuaire de la noblesse, (lire en ligne)
↑Nicolas Roret, Nouveau manuel complet du blason ou code héraldique, archéologique et historique : avec un armorial de l'Empire, une généalogie de la dynastie impériale des Bonaparte jusqu'à nos jours, etc., Encyclopédie Roret, , 340 p. (lire en ligne)
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
« De Fay, comte de La Tour-Maubourg, (Marie-Charles-César) », dans Jean-Baptiste-Pierre Jullien de Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France : des grands dignitaires de la couronne, des principales familles nobles du royaume et des maisons princières de l'Europe, précédée de la généalogie de la maison de France, vol. VII, [détail de l’édition] (lire en ligne), p. 10-12 ;
Gallien, « Latour-Maubourg (Marie-Charles-César de Fay, comte de) », dans A. Lievyns, Jean Maurice Verdot, Pierre Bégat, Fastes de la Légion d'honneur, biographie de tous les décorés accompagnée de l'histoire législative et réglementaire de l'ordre, vol. III, [détail de l’édition] (BNF37273876, lire en ligne), p. 18-19 ;
William Duckett (Fils), Dictionnaire de la conversation et de la lecture : inventaire raisonné des notions générales les plus indispensables à tous, vol. 12, 9 rue Mazarine et M. Levy, , 2e éd. (lire en ligne) ;
Nouvelle biographie générale, tome 29, Didot, 1859.
Adolphe Rochas, Biographie du Dauphiné : contenant l'histoire des hommes nés dans cette province qui se sont fait remarquer dans les lettres, les sciences, les arts, etc. Avec le catalogue de leurs ouvrages et la description de leurs portraits, vol. 2, Charavay, (lire en ligne) ;
Albert Révérend, Armorial du Premier Empire : titres, majorats et armoiries concédés par Napoléon Ier, vol. 3, Paris, (4 vol. in 2) Au bureau de L'Annuaire de la noblesse, (lire en ligne) ;
L. de la Roque : Catalogue Historique des Généraux, Paris, Desaide, 1896