Son grand-père, Adrien Henri Dambray, seigneur de Montigny, fut conseiller, et son arrière-grand-père, Jean Henri Dambray, aussi seigneur de Montigny, président à mortier au parlement de Normandie.
Sur la recommandation de son cousin Hue de Miroménil, garde des sceaux, il obtient très jeune – il n'a alors que dix-neuf ans – une place d'avocat général à la cour des aides. En 1788, toujours grâce à la même protection, il devient avocat général au parlement de Paris, en remplacement d'Antoine-Louis Séguier. Il ne tarde pas à se faire remarquer dans plusieurs causes importantes : entre autres dans l'affaire de Montgolfier et dans celle de Kornmann.
À la veille de la Révolution, il se retire dans sa terre de Montigny près de Dieppe. Dambray quitte momentanément cette retraite en juin 1791, pour aller à l'étranger favoriser la fuite de Louis XVI. Mais après l'échec de cette tentative, il regagne Rouen et vit ignoré à Oissel. La petite maison où il a vécu avec sa famille a conservé le nom de pavillon Dambray. Il n'émigre pas et traverse la Terreur sans encombre.
Sur les conseils de sa mère – qui a ce bon mot : « mon fils, il faut accepter toutes les croix que le ciel nous envoie ! » –, il accepte la Légion d'honneur en 1810.
Entouré d'autres juristes, notamment Emmanuel de Pastoret, qui lui succédera comme garde des sceaux et président de la Chambre des pairs, il joue un rôle important dans l'élaboration de cette charte, pour laquelle il doit composer à la fois avec les ultras et les monarchistes libéraux.
Avec la seconde Restauration, il retrouve la présidence de la Chambre des pairs au retour des Bourbons ; mais les sceaux ne lui sont pas rendus, si ce n'est, momentanément et par intérim, du au . C'est notamment lui qui préside la cour des pairs lors du procès du maréchal Ney en 1815.
En 1820, il devient officier de la Légion d'honneur. Il est également membre du Conseil privé.
Dès 1827, il abandonne au marquis de Pastoret, vice-chancelier, la présidence de la Chambre des Pairs.
Il termine ses jours le à l'âge de soixante neuf ans, sur sa terre de Montigny[4].
Personnalité
Dambray, moins homme d'état que jurisconsulte, est de mœurs simples et débonnaires. Sa carrière politique est brillante, mais sans éclat.
Issu de la magistrature d'ancien régime, il se préoccupe, suivant la volonté de Louis XVIII, d'accorder la continuité dans la monarchie légitime avec la succession de régimes politiques antagonistes qui vient de s'opérer. Lorsqu'il dirige les travaux d'élaboration de la charte constitutionnelle, avec les commissions du Sénat et du corps législatif, il intitule la Charte "ordonnance de réformation". Il conseille à Louis XVIII de dater la charte de la dix-neuvième année de son règne.
A la fin de la première Restauration, dans un ordre ministériel adressé à ses subordonnés au moment du débarquement de Napoléon, il leur prescrit de "courir sus à l'usurpateur". Il tente, autant que possible, de résister à l'avancée bonapartiste et ne quitte Paris qu'à la dernière extrémité, le 20 mars 1815 en début d'après midi.
En 1816, il se positionne contre l'ordonnance du 5 septembre 1816, qui brise la majorité de la chambre introuvable.
Comme président de la chambre des pairs, il montre dans les délibérations une impartialité à laquelle ses adversaires rendent plus d'une fois justice.
Mariage et descendance
En 1782, il épouse Charlotte de Barentin (1765-1802), fille de Charles de Barentin , Garde des Sceaux du Roi Louis XVI (1738-1819) et d'Anne Masson de Meslay (1744-1796). Tous deux ont trois enfants :
Emmanuel, vicomte Dambray (1785-1868), marié en 1813 avec Louise Caroline Deshayes de Cry (1792-1870), sans postérité ;
Françoise Dambray (1786-1866), mariée en 1805 avec Claude Louis Gabriel Donatien, comte de Sesmaisons (1781-1842), dont postérité ;
Céleste Dambray (1790-1874), mariée en 1812 avec Jean Maurice Goujon, Marquis de Gasville, conseiller d'Etat, gentilhomme de la chambre du Roi (1789-1865), sans postérité.
↑Henri de Frondeville, Les Présidents du Parlement de Normandie (1499-1790) Recueil généalogique, Rouen & Paris, Lestringant & Picard, , 636 p., p. 460-463
↑Sylvie Nicolas, Les Derniers Maîtres des Requêtes de l'ancien régime (1771-1789), dictionnaire prosopographique, Paris, Ecole des Chartes, , 400 p., p. 91-94