Auguste Simon Hubert Marie Ravez, dit le comte Ravez, né à Lyon le , mort à Bordeaux le , est un avocat et homme politique français.
Biographie
Jeunesse à Lyon
Fils d'un marchand vergettier lyonnais, il fait ses études au collège des Oratoriens et étudie le droit. Au terme d'une de ses premières plaidoiries, il est accusé de conspiration puis libéré fin juillet 1792 par décret de l'Assemblée législative[1]. Toutefois, il ne peut rester dans une ville où le régime de la Terreur le considère comme hostile. Il quitte Lyon et décide de s'installer à Bordeaux en décembre 1792, où il poursuivra sa carrière de magistrat.
Retourné à la vie privée pendant la monarchie de Juillet, il obtient sa réintégration dans le barreau bordelais en tant que jurisconsulte et poursuit ses œuvres de charité à travers la présidence du conseil de la paroisse Saint-Paul à Bordeaux, dans la rue qui, plus tard, portera son nom.
Il continue d'entretenir des relations avec les Bourbons en exil, notamment la duchesse de Berry[5] ou encore Charles X, qui lui demande d'instruire son petit-fils, le « comte de Chambord », dans la science du droit.
Passée la Révolution de 1848, il revient à la politique et est élu conseiller général de la Gironde en juin 1848 puis, aux élections législatives de 1849, député de la Gironde. Désigné président de la commission de la Législation et membre de la Haute-Cour de Justice, il décède quelques mois plus tard d'une congestion pulmonaire en pleine séance du conseil général. Il est inhumé au cimetière de la Chartreuse à Bordeaux dans le caveau qui fut la première concession accordée par la ville à un particulier, en hommage à sa fille décédée en bas âge[6].
Carrière et orientations politiques
Tout au long de sa vie, Auguste Ravez est considéré comme un magistrat éloquent et talentueux, ainsi qu'en témoignent ses amis comme ses adversaires à la barre : « Les séductions de l'Art oratoire ont pu faire oublier les résultats qui se montreront lorsque le prestige répandu dans l'audience sera dissipé »[7].
Comme homme politique, il appartient au centre-droit. Modéré, il soutient avec prudence la loi de la liberté de la presse lors des débats de juin 1819 : « Il sera le président modèle et, pendant neuf ans, sera continué dans cette fonction. »[8], dira Pierre de La Gorce.
Ne souhaitant pas participer au dernier gouvernement du Prince de Polignac malgré la sollicitation de ce dernier, il demeure cependant fidèle aux Bourbons et se démet de ses fonctions de Pair de France et de 1er Président de la Cour d'appel de Bordeaux à la chute de Charles X.
Citations
« Il en est des libertés comme du pouvoir, elles tendent à s'agrandir et, si elles n'étaient pas contenues, elles périraient comme lui par leurs propres excès[8]. »
« Ne mesurons pas nos devoirs par notre puissance, mais notre puissance par nos devoirs[1]. »
Famille originaire du Jura[10], leur descendant Claude Joseph Ravez s'installe à Lyon comme marchand vergetier et s'y marie en 1765[11] avec Antoinette Aroud, issue d'une famille de forgeurs de Saint-Genis-Terrenoire, département de la Loire.
De cette union naquit Auguste-Simon-Hubert-Marie Ravez, qui s'allie en 1796 avec la nièce d'Alexandre Deleyre, Marie-Anne "Alexandrine", dont la famille, l'avait accueilli à son arrivée à Bordeaux. De leur mariage, plusieurs enfants, dont Antoine Arnaud Sophie Auguste Ravez qui épouse Marie-Louise Ducru, issue de la famille Ducru-Duluc, propriétaire des châteaux Ducru-Beaucaillou et Branaire-Ducru. Il est dit qu'en l'honneur de sa belle-fille, Auguste père remplaça le traditionnel verre d'eau des orateurs à l'Assemblée Nationale par un verre de Ducru-Beaucaillou[12]. De cette union, naissent trois enfants : Marie-Thérèse Joséphine Caroline, Jean-Baptiste Marie Joseph Alfred, qui fera reconstruire à la fin du XIXe siècle le Château Millet à Portets (33)[13], et Marie Joséphine Antoinette Ernestine, dont la dot apportée au mariage de sa fille, Marie de Pichard de Latour avec Marc Paul Louis Marquis de Carbonnier de Marzac, permettra la restauration du château de Puymartin à Marquay (24). Au décès de son père, en 1849, il tentera, sans succès, de succéder à son mandat de conseiller général de la Gironde. Le « comte de Chambord » lui adressera une lettre datée du 10 janvier 1857[14] à la suite du décès de sa fille, Ernestine, survenu en décembre 1856.
Selon le Dictionnaire de la Noblesse Française d' É. de Séréville et de F. de Saint Simon, la famille Ravez appartient à la noblesse française subsistante[15].
Généalogie simplifiée
Albert Révérend donne la généalogie suivante de la famille Ravez[16]:
Claude Ravée dit Ravez, marchand vergettier, marié à Antoinette Aroud dont :
Auguste Simon Marie Hubert Ravez (1770-1849), dit le comte Ravez, pair de France (1829-1830), marié en 1796 à Marie-Anne Deleyre, dont :
Antoine Arnaud Sophie Auguste Ravez (1797-1857) dit le baron Ravez, magistrat, marié à Marie-Louise Ducru, dont :
Marie-Joséphine Antoinette-Ernestine Ravez (1831-1856), mariée en 1853 à Anne-Jean-Charles-Armand de Pichard de Latour.
Jean-Baptiste-Alfred Ravez (1835-1914) dit le comte Ravez, marié à Jeannette Salintini, dont :
Jean-Baptiste Joseph Alfred Ravez (1880),
Pierre-Joseph-Marie-Thérèse-Paul Emile Ravez (1810-1855), officier de marine;
Jean-Baptiste-Alfred Ravez (1835-1914) dit le comte Ravez a reconnu le 6 juin 1874 un fils, Jean Amédée, né le 13 février 1874 à Mérignac de Marguerite Gaston[17], d'où est issue une descendance subsistante.
Titulatures
L’ordonnance du 10 août 1829 qui accorde la pairie à Auguste Ravez le dispense, à titre personnel, de l'établissement du majorat préalable pour y siéger. Toutefois la dite-ordonnance précise « Néanmoins la dignité de pair du royaume qu'il nous a plu de conférer au sieur Ravez ne sera héréditaire qu’à la charge par lui de constituer un majorat de dix mille francs au moins de revenu»[18].
Dans la Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlemens et avis du Conseil d'État... : de 1788 à 1830 inclusivement, par ordre chronologique, continuée depuis 1830...., tome 29, par J.-B. Duvergier, il est mentionné « sieur Ravez » et non « baron Ravez »[19].
Toutefois, Hervé Pinoteau précise « Il fut appelé à la pairie comme baron-pair »[20] ; ce qui est cohérent avec l'ordonnance du 14 août 1819[21] qui dispose « que le titre à conférer aux pairs nouvellement créés sera celui de baron ; & d'appliquer ce principe aux pairs nommés par l'ordonnance du 5 mars dernier ... »
Hervé Pinoteau ajoute néanmoins « Il ne réalisa pas le majorat voulu et fut expulsé de la chambre des pairs comme tous ceux qui avaient été nommés par Charles X (…) Son fils avocat général à la cour de Bordeaux se titra baron puis comte »[20]. Les majorats ayant été supprimés à partir de 1835 et nonobstant la décision royale de 1837 concernant l'hérédité des titres en l'absence de majorat[22], la question de l'hérédité du titre de baron se pose. Quant au titre de comte, Albert Révérend indique « Il figure comme pair avec ce titre à l'Almanach Royal de 1830, mais il n’existe pas de lettres patentes aux Archives du Sceau de France au nom de Ravez ; s’il y a eu une ordonnance royale d’avis d’expédition desdites lettres, nous n’en avons pas retrouvé la date »[16]. On le retrouve malgré tout avec ce titre sur la liste officielle des pairs de France en 1830[23].
Armoiries
« D'azur à la bande d'or chargée d'une étoile à six rais d'azur »[24].
Les Archives nationales conservent sous la cote BB/30/1118 l'ordonnance du règlement d'armoiries concernant Auguste Ravez[25]. Selon Hervé Pinoteau « Ravez dit à Tiolier qu'il avait reçu des armes de Charles X et il lui en expédia dessin, le 26 avril 1826, mais ce document n'est pas dans le dossier de chevalier [de l'ordre du Saint-Esprit] »[20].
↑Robert Dufourg, Ravez, un grand parlementaire de la Restauration, Raymond Picquot, 1952, page 12
↑ a et bRobert Dufourg, Ravez, un grand parlementaire de la Restauration, Raymond Picquot, 1952, page 25
↑Cette citation serait en réalité la devise familiale ; on la retrouve ainsi gravée dans les moulures intérieures des salles du château Millet à Portets, toutefois cette devise ne semble pas avoir été attribuée par le pouvoir en place sous la Restauration car aucune mention n'en est faite dans les archives du Sceau aux Archives Nationales ...
↑Le nom a des provenances diverses, principalement pour cette branche, des origines franc-comtoises et de façon plus lointaine, latines. En patois picard, il signifie 'marchand' Cf. https://www.filae.com/nom-de-famille/RAVEZ.html
↑Acte figurant aux Registres paroissiaux et d'état civil des Archives Municipales de Lyon sous la côte 1GG634. Claude Joseph RAVEZ est natif de Civria (Archives du Jura, microfilmés sous la côte 5 MI 398, entre les années 1700 et 1750. Les registres paroissiaux de la commune de Civria ont permis de confirmer le patronyme 'Ravez' écrit ainsi, et non 'Ravée'.