Elle possède un des plus beaux palmarès du judo féminin français et international, avec une médaille d’argent (2016), trois médailles d’or (2020 en individuel et par équipes et en 2024 par équipe) et une médaille de bronze olympique (2024), six titres de championne du monde (2014, 2017, 2018, 2019, 2021 et 2023), deux médailles d'argent mondiales (2013 et 2015) et cinq titres européens (2013, 2014, 2018, 2019 et 2020).
Elle est désignée, en compagnie du gymnaste Samir Aït-Saïd, porte-drapeau de l'équipe de France olympique pour les Jeux de Tokyo 2020. Le , quatre jours après la cérémonie d'ouverture où elle a défilé en tête de sa délégation, elle est sacrée championne olympique. Elle domine la tenante du titre Tina Trstenjak qui l'avait battue en finale à Rio, s'imposant au golden score pour gagner le seul titre qui manquait encore à son palmarès. Elle remporte ensuite une deuxième médaille d'or, avec la France, dans la compétition par équipes mixtes qui clôt le programme du judo à Tokyo, en battant les japonaises en finale. Après avoir donné naissance à une petite fille en 2022 et onze mois après, Clarisse Agbegnenou remporte son sixième titre de championne du monde le à Doha.
Clarisse Bogdanna Agbegnenou[5],[6],[7] est une enfant née prématurée avec son frère jumeau, nés deux mois avant terme. Elle connaît un début de vie très difficile, après un passage en couveuse durant quatre semaines, elle subit une opération due à la malformation d'un rein, puis tombe dans le coma pendant sept jours. Sa mère Pauline raconte : « Lorsqu'elle s'est réveillée, dans une grande inspiration, tous ceux qui étaient présents dans sa chambre ont applaudi et je me souviens que le médecin a dit que ma fille était une battante. »[8]
Elle grandit à Gennevilliers. Son père, Victor Agbegnenou, est un scientifique togolais[9]. Clarisse a trois frères[10]. Elle acquiert la nationalité française le 17 octobre 2000, par l'effet collectif attaché à la naturalisation de son père[11]. Elle rentre au club de l'AMA (Arts martiaux d'Asnières) à l'âge de neuf ans puis elle entre au pôle France d'Orléans à quatorze ans[10]. Hors des tatamis, elle est adjudant de la Gendarmerie nationale française[12].
Le , elle annonce être enceinte de son premier enfant[13]. Le 17 juin 2022, elle annonce être devenue maman d'une petite fille prénommée Athéna, née le 15 juin[14].
Clarisse Agbegnenou est titulaire d'un diplôme de coach de vie d'HEC Paris[15].
Carrière sportive
Licenciée aux Arts Martiaux d'Asnières, elle est championne d'Europe cadette et vice-championne de France en moins de 57 kg en 2008, puis championne de France junior en moins de 63 kg en 2009 avant d'entrer à l'INSEP. Elle rejoint alors le Judo Club Escales Argenteuil la même année, à 16 ans et demi, et travaillera avec le coach de haut niveau, Ahcène Goudjil, président fondateur du club[16],[17],[18].
À la suite d'une bagarre l'impliquant elle (et d'autres judokates, relaxées) pour des violences commises à l'INSEP à l'encontre d'Anne-Fatoumata M'Bairo le , elle est condamnée par la Fédération à un an de suspension de compétition avec sursis (trois mois pour Priscilla Gneto, Madeleine Malonga, Fanny Posvite et Linsay Tsang Sam Moi) puis en juillet 2014 par la Justice à 70 heures de travaux d'intérêt général et un amende de 2 780 euros[22].
Quelques mois plus tard, le , elle est sacrée championne du monde des moins de 63 kg à Budapest, face à la Slovène Tina Trstenjak qui l'avait battue en finale des Jeux olympiques, un an plus tôt[25].
Lors des compétitions de judo, elle remporte un quatrième titre continental en s'imposant en finale face à la Britannique Alice Schlesinger[31]. Et le , Clarisse Agbegnenou devient pour la quatrième fois championne du monde au Nippon Budokan, la salle mythique des arts martiaux et des concerts de Tokyo, en battant au golden score la Japonaise Miku Tashiro après un combat de onze minutes[32] particulièrement remarqué[33].
Elle devient ainsi la judokate française la plus titrée de l'histoire devant Lucie Décosse, Gévrise Émane et Brigitte Deydier qui comptent trois titres planétaires chacune, et elle reste invaincue depuis décembre 2017[32].
Le seul titre qui lui manque en 2020 est l'or olympique, qui aurait dû être remis en jeu sur les tatamis du même Nippon Budokan en 2020[32] (mais ces Jeux olympiques ont été reportés à cause de la Pandémie de Covid-19).
Clarisse Agbegnenou rejoint ainsi les porte-drapeaux français Marie-José Pérec (Atlanta 1996), David Douillet (Sydney 2000) et Teddy Riner (Rio 2016), qui avaient eux aussi gagné la médaille d'or en compétitions individuelles, après avoir défilé en tête de leur délégation. Elle devient la septième athlète du judo français à avoir gagné tous les titres majeurs (Championnats d'Europe et du Monde, Jeux olympiques) après Thierry Rey en 1983, Cécile Nowak et Cathy Fleury en 1992, David Douillet en 1996, Teddy Riner et Lucie Décosse en 2012[38]. Elle devient la deuxième personne après Wim Ruska à remporter deux titres olympiques en judo au cours des mêmes Jeux.
Elle rejoint également parmi les athlètes féminines françaises à avoir gagné deux médailles d'or lors de la même édition des Jeux olympiques Laura Flessel (1996, escrime), Félicia Ballanger (2000, cyclisme sur piste), Marie-José Pérec (1996, athlétisme), Micheline Ostermeyer (1948, athlétisme), Suzanne Lenglen (1920, tennis) en devenant la première judoka à intégrer ce cercle prestigieux.
2022 : maternité avant la reprise vers les JO de Paris
Clarisse Agbegnenou donne naissance à une petite fille nommée Athéna le [40], elle ne dispute ainsi aucune compétition jusqu'à son accouchement et durant l'été pour son congé maternité[41]. Elle doit reprendre la compétition début 2023 pour se lancer vers son objectif final : les Jeux olympiques de Paris 2024, si possible en restant dans sa catégorie des -63 kg[41].
2023 : retour international et sixième titre mondial
Onze mois après la naissance de sa fille[42], Clarisse Agbegnenou fait son retour aux championnats du monde qui se disputent à Doha. Le est la journée de sa catégorie des -63 kg. Elle remporte tous ses combats par Ippon[42] jusqu'à la finale face à Andreja Leski : à 30 secondes de la fin du combat, son adversaire slovène lance une attaque qu'elle contre instantanément, la renversant au sol pour marquer waza-ari, avant de l'immobiliser pour remporter son sixième titre mondial sur ippon[43].
Clarisse Agbegnenou remporte en février 2024 le Grand Chelem de Paris, sa septième victoire dans cette compétition, ce qui lui permet d'égaler le record de victoires féminines dans ce tournoi de Lucie Décosse[46]. Elle gagne ensuite en mars le Grand Chelem de Tachkent[47]. En mai, dominée en quart de finale des championnats du monde par Catherine Beauchemin-Pinard, Agbegnenou obtient la médaille de bronze en s'imposant lors des repêchages puis du match pour la médaille[48].
Lors des JO de Paris, alors qu'elle mène aux pénalités, elle s'incline lors de la demi-finale des moins de 63 kg contre la Slovène Andreja Leški sur waza-ari validé à 15 secondes de la fin du combat. Elle remporte le match pour la troisième place par ippon et la médaille de bronze face à l'Autrichienne Lubjana Piovesana[49]. Lors de la finale de l'épreuve par équipes, elle remplace Marie-Ève Gahié et domine Miku Takaichi, ce qui permet alors à la France d'égaliser à trois victoires partout face au Japon. Le match suivant, décisif, voit Teddy Riner battre Tatsuru Saitō, amenant ainsi l'équipe de France à conserver le titre olympique obtenu à Tokyo dans cette compétition[50].
Engagement associatif
En 2019, Clarisse Agbegnenou devient la marraine et ambassadrice de l'association SOS Préma, dont le but est de donner à tous les enfants prématurés les meilleures chances de bien grandir. Forte de son expérience de vie, elle souhaite transmettre le message qu'en chaque prématuré, un champion sommeille[51].
Elle est également très engagée auprès de la jeunesse, du sport pour tous, de l'image de France sur le plan international, mais aussi de l'agriculture française. Elle est marraine de l’école élémentaire Saint-Lambert (école A) et de l'opération #LaRelève de Paris 2024, ainsi qu'ambassadrice de la ville de Paris pour la branche sport et de Charolais France[53].
En 2021, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes qui a lieu le 8 mars, Clarisse fait partie des « 109 Mariannes » dont les portraits sont exposés sur le parvis du Panthéon du 4 au [54]. Elle fait également partie des personnalités féminines qui ont écrit aux 1 000 petites filles à naître le [55],[56]. Clarisse Agbégnénou est également devenue l’ambassadrice d’une marque française de culottes menstruelles. Elle a également posé en une de L'Équipe Magazine pour un dossier consacré aux seins des sportives[57].
Elle est la marraine[58]de l'exposition "Ultime Combat. Arts Martiaux d'Asie"[59] au musée du quai Branly, du au ; l'exposition qui se tient dans le cadre de l'Olympiade culturelle Paris 2024.
Récompense honorifique
Le , Clarisse Agbegnenou inaugure à Lisses en Essonne un nouveau complexe sportif[60], qui porte son nom. Celui-ci comprend plusieurs salles de sport dédiées, dont un dojo, mais également des salles de danse, musculation et boxe.
2021 : À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Clarisse fait partie des « 109 Mariannes » exposées sur le parvis du Panthéon[77]
En 2023, StreetPress révèle que Clarisse Agbegnenou a mis en location un logement considéré comme indécent par les services municipaux de Maisons-Alfort. La sportive aurait expliqué aux fonctionnaires municipaux qu’elle n’avait pas pu gérer son logement parce qu’elle était en train de préparer un championnat[85].
↑ ab et cAnthony Hernandez, « Judo : avec son quatrième sacre, Clarisse Agbegnenou devient la Française la plus titrée de l’histoire des Mondiaux », Le Monde, (lire en ligne)