Claudien Mamert (Claudianus Mamertus) est un philosophe et théologien gallo-romain de la fin du Ve siècle. Contemporain et ami de Sidoine Apollinaire, qui le décrit comme un disciple de Platon qui ne se distinguerait en rien des autres platoniciens, sinon par sa foi de chrétien[1]. Il fait le lien, dans l'Occident latin, entre Augustin et Boèce.
Biographie
On ne sait à peu près rien de Claudien Mamert, sinon qu'il est né sans doute dans la ville de Vienne, en Gaule, près de Lyon, au début du Ve siècle et qu'il est décédé après 470. On pense qu'il a fait ses études à Lyon. Il a été ordonné prêtre par son frère, Saint Mamert, qui était évêque de Vienne, et qu'il a soutenu dans son sacerdoce. À son frère on doit l'institution des Rogations[2] vers 469.
Œuvres
Claudien Mamert est surtout connu pour son ouvrage De statu animae (en trois livres, paru vers 468-470), qu'il a dédié à Sidoine Apollinaire[3]. Dans une lettre, Sidoine parle de Claudien Mamert en ces termes
« Librum de statu animæ, tribus voluminibus illustrem, Mamertus Claudianus, peritissimus Christianorum philosophus, et quorumlibet primus eruditorum totis sectatæ philosophiæ membris, artibus, partibusque comere et excolere curavit, novem quas vocant Musas, disciplinas aperiens esse, non feminas. »
- Traduction : Mamertus Claudianus, le plus habile philosophe des chrétiens, le premier de tous les savants, a pris soin d’enrichir et d’orner de tous les membres, de toutes les parties, de tous les secrets de la philosophie profane, un livre remarquable sur la Nature de l’âme, et en trois volumes, où il prouve que les neuf Muses ne sont point des femmes, mais les sciences personnifiées [4].
On lui doit deux lettres et Sidoine Apollinaire parle d'un lectionnaire. Cet ouvrage montre que Claudien Mamert connaissait des textes "platoniciens", dont le De regressu animae de l'élève néoplatonicien de Plotin, Porphyre.
Le De statu animae
Le peu de cas que nous faisons aujourd'hui de cet ouvrage ne doit pas faire oublier qu'il a été pendant la presque totalité du Moyen Âge un des classiques de la psychologie (des ouvrages portant sur l'âme). Cassiodore s'en inspire dans son De Anima et Abélard au XIIe siècle le cite régulièrement. Nicolas de Clairvaux [réf. souhaitée], le secrétaire de Bernard de Clairvaux, le porte littéralement aux nues et le compare à Saint Augustin.
Bibliographie
- Édition du De statu animae et de la correspondance par A. Engelbrecht dans CSEL, tome 11, Vienne 1885 (réimpression New York 1966).
- Émile Bréhier, Histoire de la Philosophie. Paris, 1942. Tome I, p. 528 (sur Claudien Mamert, quelques lignes acides).
- Ernest Fortin, Christianisme et culture philosophique au cinquième siècle. La querelle de l'âme humaine en Occident. Paris, 1959 (Études augustiniennes). Thèse de doctorat.
- André Loyen, Sidoine Apollinaire et l'esprit précieux en Gaule. Paris, 1943. Dans cet ouvrage l'auteur fait une description précise des mœurs et des amitiés, ainsi que de la culture gréco-latine des patrices de la région.
- Pierre Courcelle, Les Lettres grecques en Occident, de Macrobe à Cassiodore. Paris, De Boccard, 1948.
- Sidoine Apollinaire, Lettres. Le texte complet des Lettres de Sidoine Apollinaire est disponible sur le site de Philippe Remacle.
- L'Histoire littéraire de la France lui consacre un chapitre[5].
Articles connexes
Notes et références
- ↑ Sidoine Apollinaire, Lettres. IV, 11 A Petreius : "...a collegio tamen complatonicorum solo habitu ac fide dissociabatur." - TRADUCTION : "... il ne se séparait cependant que par l'extérieur et la foi de ses amis les Platoniciens.
- ↑ Cette information est connue par le successeur de l'évêque Mamert, Sextus Alcimus Ecditius Avitus, connu sous le nom de saint Avit
- ↑ Sidoine parle de lui comme du plus habile des philosophes chrétiens, dans la Lettre à Nymphidius. Cf. Sidoine Apollinaire, Lettres, V, 2. Voir la bibliographie ci-dessous pour consulter cette lettre.
- ↑ Lettre à Nymphidius. Sidoine Apollinaire, Lettres, V, 2
- ↑ Lire en ligne sur Gallica
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