Le col de Roncevaux ou d'Ibañeta forme un passage naturel entre la péninsule Ibérique et le territoire actuel de la France pratiqué depuis des siècles. Celtes, Romains, Wisigoths et Carolingiens utilisaient ce lieu, qui devient, avec le développement du pèlerinage de Compostelle, un point de passage important depuis la France. L'engouement provoqué par les reliquesgaliciennes entraîne la naissance d'un petit bourg à proximité du col, où existe un petit hospice pour pèlerins, l'hôpital de San Agustín.
Il charge l'évêque de Pampelune, Sancho Larrosa, de la construction de l'édifice. García Ramírez, roi de Navarre de 1134 à 1150, favorise par la suite l'institution qui devient un centre important d'accueil des voyageurs. Au siècle suivant, le roi de Navarre Sanche VII entreprend le réaménagement du site avec la construction de l'église collégiale de Santa María la Real, encore visible aujourd'hui. À la suite de la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212, Sanche VII vient déposer les chaînes de la tente du roi almohadeMuhammad an-Nasir, à l'origine du blason de la Navarre[2].
Le complexe hospitalier connaîtra par la suite de nombreuses modifications qui ne porteront toutefois pas atteinte aux principaux édifices médiévaux. Roncevaux continue aujourd'hui à recevoir les pèlerins partis sur le chemin de Saint-Jacques.
Description
L’église de Santa María la Real
Inspirée de Notre-Dame de Paris, mais à plus petite échelle, la collégiale fut commencée vers 1209 en style gothique. Elle abrite une très belle statue en bois de la Vierge à l'Enfant assise sur un trône, plaquée d'argent à l'exception des mains et des visages, rapportée de Toulouse au début du XIVe siècle.
Elle présente un plan à trois nefs, la centrale étant deux fois plus large que les collatéraux. Ces nefs se divisent en cinq travées auxquelles il faut ajouter dans la nef centrale un chevet pentagonal.
Les chaînes qui entouraient la tente du chef Almohades, connu sous le nom de Miramolin, présentes sur le blason de la Navarre, sont présentées dans le chœur.
La chapelle de Santiago ou de los Peregrinos
Érigée au XIIIe siècle en style gothique, elle est d'une harmonieuse simplicité et possède une seule nef voûtée sur croisée d'ogive.
Le pignon est couronné d'un clocher où fut installée la célèbre cloche de San Salvador de Ibañeta.
La chapelle Sancti Spiritus
C'est le plus ancien bâtiment de Roncevaux, et se situe à côté de la chapelle de Santiago.
Malgré les travaux d'aménagement successifs, cette chapelle présente un intérêt historique et artistique considérable.
Elle fut érigée en style roman au XIIe siècle sur la roche où, d'après la légende, Roland aurait brisé son épée Durandal après la défaite.
Sommée d'une croix, cette chapelle, de plan carré et voûtée sur croisée d'ogives, servait de sépulture aux pèlerins qui décédaient à l'hôpital.
Elle possède en outre une crypte voûtée en berceau. Au début du XVIIIe siècle, on ajouta à l'ensemble un porche avec des arcs en plein cintre, dont les murs étaient décorés de peintures, disparues, illustrant la fameuse bataille.
La collégiale de Roncevaux conserve un magnifique manuscrit du tout début du XIIIe siècle comprenant un poème, rédigé par un clerc érudit, qui fait l'éloge de l'établissement, tel un « dépliant touristique » : « Maison vénérable, maison glorieuse, maison admirable, maison fructueuse, qui dans les monts Pyrénées fleurit comme une rose, largement favorable à tous les peuples de l'univers ! »
On peut se demander si un tel tableau est toujours d'actualité à la fin du XVe siècle, lorsque Jean de Tournai visite ce « paradis de pèlerin » comme une curiosité locale et préfère loger à l'auberge voisine.
Galerie
La Collégiale
La collégiale
Le cloître gothique et la chapelle San Agustín
Gisant du roi de Navarre Sanche VII
La chapelle de Santiago et la chapelle Sancti Spiritus
↑Victor Dubarat, La Commanderie et l'hôpital d'Ordiarp, dépendance du monastère de Roncevaux en Soule (Basses-Pyrénées) : étude historique sur les relations de l'abbaye espagnole avec les diocèses d'Oloron, de Bayonne et de Pampelune, les souverains de Navarre et les rois de France, depuis le XIIe siècle jusqu'au XIXe., Paris, A. Picard, , lire en ligne sur Gallica