Au cours de l'année 2017, la popularité du groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Cham, due à ses victoires militaires contre le régime, diminue au sein de la population syrienne. Pour Benjamin Barthe, journaliste du Monde : « Les djihadistes ont commis des erreurs. Ils ont contribué à se discréditer en cherchant à remplacer les embryons d’institutions mises en place par le « gouvernement » de l’opposition, installé dans le sud de la Turquie, à Gaziantep, par une structure à leur solde, le « gouvernement du salut ». [...] Le capital de sympathie dont l’organisation a initialement bénéficié, du fait de son efficacité dans la lutte contre le régime Assad, s’est étiolé après la chute d’Alep-Est, en décembre 2016, et la mise en place du processus de « désescalade », dont les zones abritant des forces djihadistes sont exclues »[2].
Depuis septembre 2017, le régime syrien opérait une reconquête du sud-est de la poche d'Idlib, notamment vers la ville d'Abou Douhour. Cette opération, déclenchée initialement par pratiquement l'ensemble des groupes armés de la poche dont Hayat Tahrir al-Cham et Ahrar al-Cham contre le régime syrien, avait tourné en leur défaveur. L'offensive se conclut le 13 février 2018, avec la perte de cette ville et de tout le sud-est de la poche. Ainsi, le coalition de groupes rebelles n’a plus lieu d’être et Hayat Tahrir al-Cham et Ahrar al-Cham redeviennent ennemis.
Du 20 au 24 février, 26 villes et localités passent aux mains des hommes du Jabhat Tahrir al-Souriya[5]. Les villes de Maarat al-Nouman et Ariha sont notamment prises par ces derniers le 21 février[2],[8],[9],[10].
Le 27 février, Hayat Tahrir al-Cham perd les derniers territoires qui étaient sous son contrôle dans le gouvernorat d'Alep[11]. Le même jour, les djihadistes abandonnent également la ville de Khan Cheikhoun, qui passe sous le contrôle de Jaych al-Ezzah[12]. Le 28 février, ils se retirent aussi de la ville de Saraqeb[2],[13]. Au 28 février, Hayat Tahrir al-Cham a perdu le contrôle d'une quarantaine de villes, villages et bases militaires, le groupe se maintient alors principalement dans le nord-ouest du gouvernorat d'Idlib[2],[12].
Mais le 1er mars, Hayat Tahrir al-Cham lance une importante contre-attaque : il reprend le contrôle de 23 villages, ainsi que de la base du régiment 46, et reprend pied dans le gouvernorat d'Alep[14].
Hayat Tahrir al-Cham et le Jabhat Tahrir Souriya concluent ensuite un accord de cessez-le-feu pour la période du 9 au 11 mars, cependant des combats continuent d'avoir lieu les jours suivants dans l'ouest du gouvernorat d'Alep[15]. Le 17 mars, après une médiation de Faylaq al-Cham, les deux concluent un accord de cessez-le-feu[16]. Cependant les combats se poursuivent[17],[18],[19].
Fin avril, des échanges de prisonniers sont effectués entre les deux camps. Le 27 avril, 21 membres de Jabhat Tahrir Souriya et 25 membres de Hayat Tahrir al-Cham sont relâchés[1]. Le 30 avril, 80 combattants de Hayat Tahrir al-Cham et 35 membres de Suqour al-Cham sont libérés à leur tour[1]. Le 24 avril, un nouvel accord de cessez-le-feu est signé entre Jabhat Tahrir Souriya et Hayat Tahrir al-Cham[22].
Les pertes
Le , l'Observatoire syrien des droits de l'homme affirme qu'au moins 62 hommes de Jabhat Tahrir Souriya, 94 hommes de Hayat Tahrir al-Cham et 14 civils ont été tués depuis le 20 février[23]. Le 2 mars, le bilan passe à au moins 132 tués pour Hayat Tahrir al-Cham et 91 tués pour Jabhat Tahrir Souriya, ainsi que 18 civils[24]. Au 9 mars, le bilan passe à au moins 178 morts pour Hayat Tahrir al-Cham et 129 morts du côté du Jabhat Tahrir Souriya et 21 civils tués[25]. Le 15 avril, il est d'au moins 207 morts pour Hayat Tahrir al-Cham et 154 morts du côté du Jabhat Tahrir Souriya et 25 civils tués[26]. Le 30 avril, il est d'au moins 231 morts pour Hayat Tahrir al-Cham et 174 morts du côté du Jabhat Tahrir Souriya et 26 civils[1].