Conception Supervía Pascual (en catalan : Concepció Supervia i Pascual), connue aussi comme Conchita Supervía (en catalan : Conxita Supervia), (Barcelone, – Londres, ) est une mezzo-soprano lyrique espagnole très populaire et historiquement importante. Malgré sa disparition précoce et tragique, c'est l'une des cantatrices les plus marquantes de son époque.
Excellence
Ses exceptionnels dons vocaux lui permettent la rapidité dans la coloratura et une maîtrise des nuances sonores et des timbres. Conchita Supervía a chanté les plus grands rôles pour de mezzo-soprano coloratura : les trois grandes héroïnes de Gioachino Rossini : Rosina[1] du Barbier de Séville, Angelina de La Cenerentola et Isabella de L'italiana in Algeri, la rendant célèbre dans le monde entier. Composés pour mezzo-sopranos, ces rôles avaient été dénaturés par d'autres modèles stylistiques postérieurs en étant chantés par des sopranos légères lors de l'extinction de la mezzo coloratura. Douée de tempérament et de présence scénique[2], exacte dans le phrasé et l'intention, son usage exagéré du vibrato (très rapide, surtout dans le registre inférieur) lui vaut en revanche des adversaires critiques. Cependant, sa restauration philologique du bel canto rossinien est sa contribution majeure au monde lyrique.
Conchita Supervía étudie le chant au Colegio de la Damas de Barcelone[3] puis au Conservatoire de musique de Liceu[4]. Dès ses quinze ans, le , elle fait ses débuts au Théâtre Colón de Buenos Aires en interprétant un rôle secondaire dans une œuvre de l'argentin César Stiattesi, Bianca de Beulieu[3]. Dès lors, un de ses professeurs de chant, Goula, qui possède sa propre compagnie, l'embauche pour réaliser de petits rôles ; par exemple, la même année, elle incarne Zulima des Les Amants de Teruel de Tomás Bretón et Lola dans Cavalleria rusticana.
Le , elle débute à La Scala dans Hänsel, suivi par Cherubino et Octavian, dirigée par le compositeur lui-même, Richard Strauss, dans Le Chevalier à la rose et se produit souvent à Milan ensuite[3].
Sa présence scénique, son timbre, son tempérament passionné ont participé à sa renommée.
Vie privée
En 1931, Conchita Supervía épouse l'industriel britannique Benjamin Rubinstein[3] et s'établit à Londres, où elle est tout aussi populaire[7]. Elle doit se retirer de la scène en 1935, par recommandation médicale pendant une grossesse avec complications. Elle est morte soudainement, le , à seulement quarante ans, des conséquences d'une infection générale provenant de l'accouchement de son enfant mort-née[3],[9]. Son fils, Giorgio, est le fruit d'un précédent et bref « mariage » antérieur, en 1917, avec Francesco Santamaria, ex-maire de Naples[10].
Elle est enterrée au cimetière juif de Golders Green, s'étant convertie pour complaire à son mari[11].
Art Of Singing - Golden Voices Of The Century (DVD 1996, BBC / IMG Artists / Warner Classics) (OCLC746641303)
Supervía n'a pas laissé d'enregistrements complets d'opéras, seulement des scènes et arias, mais elle a enregistré des zarzuelas complètes : La Leyenda del Beso et La verbena de la Paloma[12].
Bibliographie et sources
Gonzalo Badeles Maso, Voces, 1987.
Enzo Valenti Ferro, Las voces: Teatro Colón, 1908-1982, Caglianone, 1983.
Lanfranco Rasponi, The Last Prima Donnas, Knopf, 1982.
Encyclopédie de la musique (trad. de l'italien), Paris, Librairie générale française, coll. « Le Livre de poche/Pochothèque. Encyclopédies d'aujourd'hui », , 1 142 (ISBN2-253-05302-3, OCLC491213341), p. 760.
Alain Pâris, Dictionnaire des interprètes et de l'interprétation musicale au XXe siècle, Paris, Laffont, coll. « Bouquins », (réimpr. 1985, 1989, 1995), 4e éd. (1re éd. 1982), 1278 p. (ISBN2-221-08064-5, OCLC901287624), p. 852.