Fondée à l'automne 1874[3], la Conférence Olivaint est une des plus anciennes associations française. Son objectif est de former les jeunes à l'exercice de fonctions dans la vie publique, notamment à travers la tenue de conférences hebdomadaires face à des personnalités politiques et depuis 2003, des personnalités de la vie civile[4],[5].
Le modèle de la Conférence Olivaint a été repris en Belgique où il existe une « Conférence Olivaint de Belgique » depuis 1954.
La Conférence Olivaint tient son nom de son fondateur, le Père Olivaint, supérieur des jésuites.de la rue de Sèvres à Paris. Ce dernier, marqué par les troubles politiques de son époque (Monarchie de Juillet, II. Republique, Second Empire), dont il sera victime, souhaitait former les jeunes gens éduqués par la congrégation Rue de Sèvres, à la vie publique et politique et en faire des défenseurs des intérêts nationaux comme des intérêts de l’Église[6] : « Si vous êtes poussé vers la carrière politique, il importe que vous y teniez un des premiers rangs. Dans un temps de révolution, il faut, par le savoir, le caractère, l’indépendance, s’élever au-dessus de tous les partis, pour ne voir que les intérêts du pays et se dévouer à son salut », disait-il.
La séance du mercredi est une tradition de la Conférence Olivaint depuis sa création. L’invité prononçait un discours de portée générale, souvent à forte connotation politique ou morale.
La Conférence Olivaint a bénéficié de l'ultramontanisme. En effet, le pape Pie IX, puis le pape Léon XIII accordèrent à la Conférence Olivaint leur bénédiction apostolique en insistant sur le rôle spécifique que remplissait à leurs yeux cette organisation. Ils la qualifiaient « d’intérêt général pour la société »[7].
Au lendemain de la Première Guerre mondiale et jusqu’à la suivante, la Conférence Olivaint souhaite orienter ses débats à l’international. La Conférence Olivaint invite des hommes de presque tout bord politique.
En 1946, la Conférence Olivaint invite des étudiants italiens à venir échanger avec les Olivaints sur le thème « Démocratie et fascisme ». L’année suivante a lieu la première d’une série de sessions franco-allemandes, qui a pour thème « Responsabilité et nazisme ».
Après-guerre, la Conférence Olivaint est de sensibilité plutôt démocrate-chrétienne et surtout pro-européenne. En 1968, la laïcité est communément acceptée, sous la présidence de Laurent Fabius (branche Jeunes) et de Hervé de Charette (branche Anciens). Dans les années 1980, de nombreux jeunes collaborateurs de François Mitterrand sont recrutés par des Anciens comme Jacques Attali[8] ou Hubert Védrine. En 2013, sous l'impulsion de la présidence des jeunes, la laïcité est inscrite en tant que principe fondateur dans les statuts et le règlement de l'association.
Originellement destinée à un public masculin, la Conférence Olivaint se féminise dans les années 1950 et élit sa première présidente en la personne d'Angéline Arrighi en 1970[9].
Fonctionnement
Le recrutement des nouveaux membres de la Conférence Olivaint s’effectue au cours d’un processus fondé sur l’étude préalable d’un dossier (comportant une lettre de motivation et un curriculum vitæ) et, par la suite, d’un entretien individuel devant les responsables des recrutements.
Activités
L'activité principale de la Conférence Olivaint est l'organisation de conférences hebdomadaires avec des personnalités du monde politique et de la société civile. Bien que ces conférences soient ouvertes au public, la tradition veut que la confidentialité soit maintenue sur les propos tenus lors de ces conférences.
Son autre tradition est la formation à l'art oratoire. Des joutes oratoires et un portrait de l'invité précèdent ainsi chaque conférence hebdomadaire. Depuis 1947, des cours d'art oratoire sont dispensés par des avocats. Jacques Pradon, Mario Stasi et Olivier Schnerb se sont succédé au poste de conseiller d'art oratoire de la Conférence Olivaint[7]. Depuis 2017, François Martineau et Antoine Vey remplissent cet office.
La Conférence Olivaint organise également chaque année un colloque ouvert au public comme en 2009 à l'Assemblée nationale sur le sujet « Décision et pouvoir dans la société française »[10] ou en 2022 à l'Académie du Climat sur le sujet : « L'État face au dérèglement climatique»[11] ; mais également un voyage d'étude à l'étranger (l'Argentine et l'Uruguay en 2005, l'Ukraine en 2006,la Turquie en 2007, les États-Unis en 2010[12] ou le Vatican[13]), où les membres de la Conférence rencontrent des personnalités politiques du pays visité.
Certains partenariats ont également des visées plus temporaires, comme celui noué en 2014 avec la Société universitaire canadienne de débat inter-collégial en vue de participer à différents tournois[14].
Anciens
Les Anciens disposent d'un Conseil d'administration, présidé par le Professeur Antoine Souchaud depuis 2019, s'assurant de la pérennité de la Conférence Olivaint. Ils constituent un réseau informel et ont des activités moins régulières que les jeunes.
Bibliographie
Certaines informations figurant dans cet article ou cette section devraient être mieux reliées aux sources mentionnées dans les sections « Bibliographie », « Sources » ou « Liens externes » ().
Emmanuelle Bastide, « La Conférence Olivaint : 1947-1987 : un lieu de formation des élites à la vie civique », Institut d'études politiques, 1990.
David Colon. La Conférence Olivaint et le Parlement, de 1875 à nos jours. Conférence de la commission internationale des Assemblées d'État, septembre 2006, Paris, France. Assemblée Nationale, pp.1208-1222, 2010.
David Colon, « Les jeunes de la Conférence Olivaint et l'Europe, de 1919 à 1992 », dans Histoire@Politique no 10 « Jeune Europe, jeunes d'Europe», 2010.
Conférence Olivaint, « Séance solennelle de clôture sous la présidence de M. le Comte Mercier, Premier ministre de la province de Québec », Paris, F. Levé, 1891.
Henri Gauthier-Villars, « Conférence Olivaint - séance du 2 mars 1882 : Les Parnassiens », Paris, Gauthier-Villars, 1882.
Vincent Soulage, « 50 ans d'effort pour former une élite de jeunes à la politique : la Conférence Olivaint, 1947-1997 », Université Paris 10, 1997.
Tribouille (de la) E., 2011 : « La conférence Olivaint : à débattre ! », Contrepoint, l'autre point de vue de l'actualité du monde étudiant (ISSN2102-0582) no 23 (février 2011) - p. 18.
↑AUDIGIER François, « L'Union des Jeunes pour le Progrès. Une école de formation politique », Revue historique, , p. 451-487 (DOI10.3917/rhis.012.0451, lire en ligne)
↑« Rue89 au colloque de la Conférence Olivaint », L'Obs, (lire en ligne)
↑« Joutes oratoires francophones : le Québec, la Belgique et la France s’affrontent à Montréal - L'Outarde Libérée », L'Outarde Libérée, (lire en ligne, consulté le )