Cet article concerne le Congrès de La Haye de 1948. Pour le Congrès de La Haye de 1872, voir Congrès de La Haye (1872).
Le congrès de La Haye, tenu dans la ville siège du gouvernement des Pays-Bas, est considéré comme l'un des premiers véritables fondements du fédéralisme européen. Intitulé à l'époque « congrès de l'Europe », il rassemble, du au , 800 délégués venus de dix-huit pays d'Europe[1], et quelques observateurs des États-Unis et du Canada.
En , un comité de coordination rassemble l'UEF et le United Europe Movement, le Mouvement pour les États-Unis socialistes d’Europe et les Nouvelles équipes internationales. Il s'intitule « Comité international de coordination des mouvements pour l'unité européenne ».
Le Comité est à l'origine du « Congrès de l'Europe ». Le but de cette manifestation est « d’attirer sur ce problème l’attention de l’opinion publique internationale et d’indiquer la formation des États-Unis d’Europe comme objectif commun de travail de toutes les forces démocratiques européennes » selon un mémorandum du .
Alexandre Marc, secrétaire général de l'UEF, propose de l'intituler « États généraux de l'Europe » afin de donner une connotation populaire voire révolutionnaire à l'événement. Cette formulation n'est pas retenue par le Comité de coordination.
Le Congrès se déroule du au , soit trois ans exactement après l'armistice en Europe. Il réunit entre 750 et 800 participants selon les sources. Y participaient des hommes politiques, intellectuels et syndicalistes. Dix-sept pays sont représentés, notamment France, Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas, Italie et Allemagne (à l'époque encore sous occupation par les Alliés). Participent aussi des personnes venues d'Europe de l'Est : Roumains, Polonais, Tchèques, Hongrois et Yougoslaves. Quarante députés travaillistes britanniques renoncent à participer à la suite d'une interdiction par la direction de leur parti.
Le Congrès se déroule dans la Ridderzaal, « salle des chevaliers » du Binnenhof de La Haye, sous la présidence d'honneur de Winston Churchill et en présence des souverains des Pays-Bas. Il est considéré comme un moment d'incarnation de l'idéal européen[2].
Le Congrès est marqué par un clivage entre unionistes et fédéralistes. Les premiers, dont Churchill, souhaitent une simple coopération entre États afin de résoudre les difficultés économiques et de renforcer le camp occidental dans la Guerre froide naissante. Les fédéralistes veulent aller plus vite et plus loin et demandent un transfert partiel de souveraineté à une Fédération européenne.
Henri Brugmans souligne plus tard « l'atmosphère joyeuse, créatrice, presque révolutionnaire du Congrès »[3]. Les fédéralistes concluent cependant à une domination des unionistes au cours du Congrès. Pour Denis de Rougemont, « Les maîtres du Congrès ont retiré la parole au peuple européen pour la donner à des ministres qui en ont fait l'usage que l'on sait ». Plusieurs affrontements verbaux ont lieu entre les deux camps qui se forment.
Le Congrès adopte un « Message aux Européens » rédigé et lu par Denis de Rougemont. Il déclare notamment :
« Tous ensemble, demain, nous pouvons édifier […] la plus grande formation politique et le plus vaste ensemble économique de notre temps. Jamais l'histoire du monde n'aura connu un si puissant rassemblement d'hommes libres. Jamais la guerre, la peur et la misère n'auront été mises en échec par un plus formidable adversaire. »
Il appelle à :
l'élimination des restrictions à l'échange des marchandises, la convertibilité des monnaies, la programmation des ressources, la mobilité de la main-d'œuvre, la coordination des politiques économiques et la promotion du plein emploi ;
une Assemblée européenne élue au suffrage universel ;