Elena Ferrante est une romancière, nouvelliste et essayiste d'expression italienne, à l'identité mystérieuse, née selon sa propre biographie le à Naples.
Elle est notamment connue pour L'Amie prodigieuse (L'amica geniale), tétralogie romanesque ayant pour toile de fond l'amitié entre deux femmes, de leur enfance dans un quartier pauvre de Naples à l'âge adulte. Publiée en Italie entre 2011 et 2014, la saga a été traduite dans une quarantaine de langues[1].
Biographie
La romancière derrière le pseudonyme tient absolument à rester dans l'ombre[2] et refuse par conséquent la publicité et les apparitions télévisées, acceptant seulement en de rares occasions les interviews écrites[3].
Lors de celles-ci, Elena Ferrante a affirmé être une femme, mère de famille, et que son œuvre était d'inspiration autobiographique[4].
En particulier, dans La frantumaglia, l'auteur révèle à ses lecteurs des aspects de la personnalité d'Elena Ferrante en lui donnant notamment une origine (mère couturière s'exprimant en napolitain) une date (1943) et un lieu de naissance (Naples)[5].
Le 2 octobre 2016, dans quatre médias internationaux, Il Sole 24 Ore[9] en Italie, Mediapart[10] en France, Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung[11] en Allemagne et The New York Review of Books[12] aux États-Unis, le journaliste Claudio Gatti affirme avoir percé le mystère en observant une corrélation forte entre les droits d'auteur que les Edizioni E/O, la maison éditrice d'Elena Ferrante, perçoit de ses ouvrages, et les honoraires que la société verse la même année à la traductrice Anita Raja. Ni Anita Raja, ni Edizioni E/O n'ont confirmé ou démenti cette hypothèse déjà envisagée depuis quelques années comme plausible par plusieurs personnes.
Lors d'un entretien non enregistré avec le journaliste italien Tommaso Debenedetti, paru dans le quotidien El Mundo (Espagne), Anita Raja aurait confirmé être Elena Ferrante[13]. Il est important néanmoins de préciser que Tommaso Debenedetti s'est spécialisé depuis des décennies, selon ses propres dires, dans la publication de fausses nouvelles « afin de démontrer à quel point il est facile de manipuler l'opinion sur les réseaux sociaux ».
Le lectorat est partagé entre curiosité[14] et indignation en réaction à ce qu'il considère comme une investigation intrusive[15],[16].
En 2016 l'entreprise suisse OrphanAlytics compare par une analyse statistique le style de l'auteur Domenico Starnone avec celui d'Elena Ferrante et conclut qu'il existe de très nettes similitudes entre les deux[17],[18].
Une analyse scientifique basée sur la comparaison des œuvres d'Elena Ferrante avec un corpus de cent cinquante livres italiens par quarante auteurs différents a aussi attribué, sur la base du vocabulaire utilisé, la paternité des œuvres à Domenico Starnone[19].
Ce travail d'investigation a été conduit par l'université de Padoue et des experts de Pologne, France, Grèce, Italie, Suisse et États-Unis ont participé à cette analyse. Les investigations ont aussi conclu qu'il s'agissait du travail d'une seule plume, à savoir celle de Domenico Starnone (qui est aussi le mari d’Anita Raja, traductrice qui avait été désignée par C. Gatti comme Elena Ferrante).
Afin d'arriver à ce résultat, neuf méthodes différentes en attribution d'auteur ont été appliquées sur le corpus de romans italiens (recourir à une seule méthode est trop peu fiable).
Traduits dans quarante langues, les livres d’Elena Ferrante bénéficient d'un lectorat nombreux en Europe et en Amérique du nord.
Les romans d’Elena Ferrante présentent plusieurs modalités d’écriture, parfois en rentrant dans les cadres canoniques de l’écriture mais souvent en donnant vigueur à l’expression écrite en sortant des schémas[22].
Parmi les éléments fondateurs de ses trois romans (L'amore molesto, I giorni dell'abbandono, La figlia oscura), on peut souligner la présence d’une fausse forme de réalisme et l’emploi de la première personne du singulier.
La langue des romans d’Elena Ferrante est sûrement un des éléments qui ont permis son succès, même à l’étranger, en faisant de cette écrivaine une figure mondialement reconnue.
En effet l’autrice, même si elle parle d’un milieu pauvre et défavorisé, à la même manière d’autres importants écrivains italiens comme Pier Paolo Pasolini dans son roman Les Ragazzi, a choisi d’employer une forme de la langue italienne que les linguistes pourraient définir de standard, notamment sans l’emploi de tournures ou termes dialectales[23].
Le Nouveau Nom (L'Amie prodigieuse, vol. 2), traduit par Elsa Damien, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Du monde entier », 2016, 560 p. (ISBN978-2-07-014546-1)