Le royaume de Neustrie du roi Chilpéric II se voit aidé par le maire du palaisRainfroy, que les Austrasiens accusent de prétendre au trône avec le qualificatif de « tyrannus ». Charles Martel bat Rainfroy à Vinchy le [5],[6], malgré son alliance avec les Frisonspaïens. Rainfroy se rabat sur les Vascons qui forment la majeure partie des troupes d’Eudes. « C’est pourquoi Chilpéric et Rainfroy envoient une ambassade auprès d’Eudes pour obtenir son alliance contre Charles Martel. Ils lui offrent le royaume et des dons[5] ». Eudes est donc reconnu officiellement roi d’Aquitaine par le roi de Neustrie[7]. Cependant, la force militaire manque au Gallo-Romain du Sud-Est, ce qui permettra à Charles Martel de supprimer son indépendance très rapidement[8].
À la manière de Dagobert Ier, vice-roi d'Austrasie, Judicaël, duc ou roi des Bretons, de Chramn et de Caribert II, nommés tous deux rois d’Aquitaine, il y a une tradition franque du vice-royaume (Unterköningtum[9]). Lorsque Chilpéric II et Rainfroy accordent un « royaume et des dons » à Eudes, ils ne livrent pas le royaume de Neustrie à Eudes mais paient une alliance par la reconnaissance du vice-royaume d’Aquitaine et la scellent par un échange de dons[10] selon un cérémonial rigoureusement identique à celui qui régla la rencontre entre Judicaël et Dagobert Ier[11]. Ils la donnent contre une reconnaissance de son indépendance et le titre de roi[12]. Eudes se reconnaît soumis à Chilpéric II puisqu'il n’entre pas en relation avec le roi d’Austrasie et refuse d’obéir au maire du palais austrasien. Juridiquement, le vice-roi d’Aquitaine est légitimement reconnu comme seigneur-roi « domnus princeps »[13].
Une alliance étant faite et une armée commandée par Chilpéric II, Rainfroy et Eudes part en découdre contre Charles Martel mais leur inflige une défaite le entre Senlis et Néry près de Soissons[14]. Eudes réussit à s'enfuir avec une partie de ses hommes et passe au sud de la Loire. Il accueille ensuite Chilpéric à Toulouse, mais refuse de reprendre la lutte contre les Francs. Il livre d’ailleurs Chilpéric en 720 à Charles Martel contre un traité de paix.
En 731, Charles, l'accusant d'avoir violé le traité de paix de 720, passe la Loire à deux reprises et prend Bourges[12].
Il marie sa fille Lampégie[15] avec Uthman ibn Naissa aussi nommé Munuza, gouverneur dissident de Cerdagne. Mais en 732, Munuza, en révolte contre le wali d'Espagne Abd-er-Rahman, est tué par les troupes de Gehdi ben Zeyan.
Les Omeyyades d’Espagne lancent alors deux offensives simultanées, une qui remonte la vallée du Rhône jusqu'à Sens, et l'autre conduite par Abd-er-Rahman qui franchit les Pyrénées, ravage l’Aquitaine, prend Bordeaux et défait les troupes d’Eudes dans une bataille sanglante au passage de la Dordogne ou de la Garonne.
Le duc d'Aquitaine s'enfuit et demande de l'aide à Charles Martel, son ancien ennemi. Celui-ci réunit une armée, la rencontre a lieu en octobre 732 près de Poitiers, donnant la victoire aux Francs.
Après avoir perdu Bordeaux, Eudes accepte la suzeraineté de Charles Martel et meurt en 735.
Le groupe de folk métal gascon Boisson Divine a écrit une chanson traitant d'Eudes d'Aquitaine (et plus précisément de la bataille de Toulouse), nommée Caussada deus Martirs (« chaussée des Martyrs » en gascon) dans leur album Volentat (2015).
Sources
Bibliographie
Blade, Eudes, duc d’Aquitaine, Paris, 1892.
Michel Rouche, L'Aquitaine des Wisigoths aux Arabes, 418-781 : naissance d'une région, Paris, École des Hautes Études en Sciences Sociales, Jean Touzot, 1979 (ISBN978-2-7132-0685-6).
Michel Dillange, Les Comtes de Poitou, ducs d'Aquitaine : 778-1204, Mougon, Geste éd., coll. « Histoire », , 303 p., ill., couv. ill. en coul. ; 24 cm (ISBN2-910919-09-9, ISSN1269-9454, BNF35804152).
Frédégaire (trad. par O. Devilliers et J. Meyers), Chronique des Temps mérovingiens, édition Brepols, 2001 (ISBN2503511511).
Chroniques des derniers rois Mérovingiens (trad. F. Guizot et R. Fougères), coll. « Sources de l'histoire de France », éditions Paleo, 156 p. (ISBN2-913944-39-6).
↑Jean de Jaurgain, La Vasconie : étude historique et critique sur les origines du royaume de Navarre, du duché de Gascogne, des comtés de Comminges, d'Aragon, de Foix, de Bigorre, d'Alava & de Biscaye, de la vicomté de Béarn et des grands fiefs du duché de Gascogne, t. 1, PyréMonde (Ed.Régionalismes), , 447 p. (ISBN2846181446 et 9782846181846, OCLC492934726, lire en ligne).
↑Michel Dillange, Les Comtes de Poitou, ducs d'Aquitaine : 778-1204, Mougon, Geste éd., coll. « Histoire », , 303 p., ill., couv. ill. en coul. ; 24 cm (ISBN2-910919-09-9, ISSN1269-9454, BNF35804152), p. 15.