Profondément croyant, Frédéric III suit les pratiques catholiques de son temps : messe quotidienne, œuvres pieuses, culte de la Vierge Marie, des saints et des reliques. Il collectionne ces dernières avec une véritable passion et enrichit régulièrement la collection qu'il avait commencée en 1493 lors d'un pèlerinage en Terre sainte. Il possède à la fin de sa vie la troisième plus grande collection de reliques. Lucas Cranach l'Ancien, que Frédéric avait nommé peintre de la cour en 1505, réalise en 1509 une gravure sur bois détaillée de ces reliques dans le château de Wittemberg.
Frédéric de Saxe joue un rôle important lors de l'élection au trône impérial en 1519. Il est le candidat soutenu par le papeLéon X, ce dernier ne voulant ni du roi de France François Ier, ni de Charles Quint, tous deux considérés comme trop dangereux pour les États pontificaux. Une fois le camp français rallié à sa personne, il a les meilleures chances d'être élu, mais refuse de poser sa candidature : Frédéric III accorde son appui à Charles Quint en échange de capitulations électorales qui accroissent le pouvoir de décision des princes au sein de l'Empire. Charles Quint est alors élu à l'unanimité le .
Proche de Luther, le duc de Saxe obtient que ce dernier soit auditionné au cours de la diète de Worms en 1521, et s'assure ensuite que la Saxe soit exemptée d'appliquer l'édit de Worms, hostile au luthéranisme. Frédéric protège Luther contre l'édit en l'emmenant au château de Wartbourg, à la suite de la diète. En 1523, il consent à mettre un terme à la vénération des reliques au cours des cultes catholiques.
Rêve de Frédéric III de Saxe
Il aurait fait un rêve prémonitoire au sujet de Jan Hus, de Martin Luther et des 95 thèses. Dans la matinée du , le jour même où Luther accroche ses 95 thèses à la porte de l'église, Frédéric de Saxe fait un rêve. Il le raconta à son frère, et, heureusement, il a été enregistré par la plupart des chroniqueurs de l'époque.
«
M'étant mis au lit hier soir, fatigué et abattu, je m'endormis bientôt après ma prière, et je reposai doucement environ deux heures et demie. M'étant alors réveillé, j'eus jusqu'à minuit toutes sortes de pensées. Je réfléchissais comment je voulais fêter tous les Saints, je priais pour les pauvres âmes du Purgatoire, et je demandais à Dieu de me conduire, moi, mes conseils et mon peuple, selon la vérité. Je m'endormis de nouveau; et alors je rêvai que le Dieu tout-puissant m'envoyait un moine qui était le fils véritable de l'apôtre saint Paul.
Tous les saints l'accompagnaient d'après l'ordre de Dieu, afin de lui rendre témoignage auprès de moi et de déclarer qu'il ne venait point machiner quelque fraude, mais que tout ce qu'il faisait
était selon la volonté de Dieu. Ils me demandèrent de vouloir bien permettre gracieusement qu'il écrivit quelque chose à la porte de l'église du château de Wittemberg, ce que j'accordai par l'organe du chancelier.
Là-dessus le moine s'y rendit et se mit à écrire : il le fit en si grosses lettres que je pouvais de Schweinitz lire ce qu'il écrivait. La plume dont il se servait était si grande, que l'extrémité atteignait jusqu'à Rome; elle y perçait les oreilles d'un lion qui y était couché, et faisait chanceler sur la tête du Pape la triple couronne. Tous les cardinaux et les princes, accourant en toute hâte, s'efforçaient de la soutenir. Moi-même et vous mon frère, nous voulions aider aussi : j'étendis le bras ; mais en ce moment je me réveillai le bras en l'air, tout épouvanté et fort en colère contre ce moine qui ne savait pas mieux gouverner sa plume. Je me remis un peu… ce n'était qu'un songe. — J'étais encore à moitié endormi, et je fermai de nouveau les yeux.
Le rêve recommença. Le lion, toujours inquiété par la plume, se mit à rugir de toutes ses forces, en sorte que toute la ville de Rome et tous les États du Saint-Empire accoururent, s'informant de ce que c'était. Le Pape demanda qu'on s'opposât à ce moine et s'adressa surtout à moi, parce que c'était dans mon pays qu'il se trouvait. Je me réveillai encore, je récitai « Notre Père », je demandai à Dieu de préserver Sa Sainteté, et je me rendormis de nouveau…
Alors je rêvai que tous les princes de l'Empire, et nous avec eux, accouraient à l'orne, et s'efforçaient les uns après les autres de rompre cette plume; mais plus on faisait d'efforts, plus elle se raidissait ; elle craquait comme si elle eût été de fer : nous nous lassâmes enfin. Je fis alors demander au moine (car j'étais tantôt à Rome et tantôt à Wittemberg) d'où il tenait cette plume et pourquoi elle était si forte. « La plume, répondit-il, a appartenu à une vieille oie de Bohême (allusion à Jean Hus), âgée de cent ans. « Je la tiens d'un de mes anciens maîtres d'école. Quant à sa force, elle provient de ce qu'on ne peut pas lui ôter l'ame ou la moelle, et j'en suis moi-même tout étonné… Tout à coup j'entendis un grand cri; de la longue plume du moine étaient sorties un grand nombre d'autres plumes…
Je me réveillai une troisième fois, il faisait jour.
»
— Frédéric III de Saxe, doit avoir été rapporté par Antonius Musa, superintendant à Koeblitz, qui l'aurait entendu de la bouche même de Spalatin. Ni Spalatin, ni Mélanchthon, ni Luther n'en parlent[1].
Décès et succession
Frédéric de Saxe meurt célibataire au château de Lochau, près d'Annaburg, en 1525. Son frère Jean Ier de Saxe, dit « l'Assuré », lui succède en tant qu'électeur de Saxe.
(de) Klaus Kühnel, Friedrich der Weise, Kurfürst von Sachsen : eine Biographie, Wittemberg, Drei-Kastanien-Verl., , 87 p. (ISBN3-933028-81-7, OCLC249209940).
(de) Ingetraut Ludolphy, Friedrich der Weise, Kusrfürst von Sachsen. 1463-1525, Göttingen 1984 (ISBN3-525-55392-7).
Références
↑Félix Kuhn, Luther, sa vie et son œuvre, Tome premier, (1483-1521), Paris, Typographie E. Plon, Nourrit & Compagnie, rue Garancière, 8. Librairie Sandoz et Thuillier, Paul Robert, successeur ; 4, rue de Tournon, 4., (1re éd. 1517) (ISBN0-543-81485-8, lire en ligne), p. 219, note de bas de page.