Fils de Jean-Baptiste Soufflot, bourgeois de Paris et de Marie Antoinette Degat[1], il naît à Vermenton le 21 février1750, ainsi que son jumeau, Marie-Antoine[2]. Neveu de Jacques-Germain Soufflot, il reprit son importante agence après la mort de celui-ci en 1780. Il poursuivit les travaux de l'église Sainte-Geneviève et de l'école de droit et travailla pour une clientèle privée très diverse. Sa réalisation la plus connue est l'hôtel de Montholon (1785), parmi les hôtels construits et conservés sur les Boulevards parisiens et datant du règne de Louis XVI, projet sur lequel il fit travailler son collaborateur le dessinateur Jean-Jacques Lequeu.
Il poursuivit les travaux officiels de l'église Sainte-Geneviève et de l'école de droit. En 1796, il intervenait encore, sur le chantier du Panthéon, auprès de Rondelet dans le débat des architectes et des ingénieurs.
En , il se rendit à Sens en compagnie de Poncet et de Taboureur, greffier des Bâtiments du Roi, pour établir un projet et un devis pour l'embellissement de la cathédrale Saint-Étienne, mais le chapitre lui préféra la proposition de Lemoine de Couzon.
En 1785, il eut à construire pour la présidente de Montholon, épouse de Nicolas de Montholon (1736-1809)[4], qui possédait de vastes plantations aux Antilles[5], l'hôtel de Montholon sur le Boulevard à Paris. Il en confia l'étude à Lequeu qui s'inspira de l'hôtel Benoît de Sainte-Paulle, construit en 1773 au Faubourg Poissonnière par Samson-Nicolas Lenoir. C'est son œuvre la plus connue aujourd'hui, et pourtant la part qu'il a pu y prendre personnellement n'est pas aisée à déterminer.
Il meurt à Paris le 9 floréal an IX, soit le 29 avril1801[6].
Réalisations et principaux projets
Hôtel de Montholon[7], 23, boulevard Poissonnière à Paris, 1785 : Soufflot le Romain en confia l'étude à Lequeu qui s'inspira de l'hôtel Benoît de Sainte-Paulle, construit en 1773 au Faubourg Poissonnière par Samson-Nicolas Lenoir[8]. « Lequeu a composé le décor et le mobilier dans le même esprit piranésien que ceux de Montgermont. Ses dessins ont été fidèlement exécutés. »[9] Le peintre d'histoire Jean-Baptiste-Claude Robin a participé à la décoration intérieure. L'hôtel, qui fut célèbre, a été traduit en gravure par Krafft et Le Campion. Contenant six appartements, il fut peut-être conçu dès le départ à usage d'immeuble collectif[10]. Sa belle façade en léger retrait par rapport à l'alignement, afin de ménager au premier étage une terrasse permettant de jouir de la verdure du boulevard, est ornée d'un ordre colossal de colonnes engagées ioniques. Elle est encore visible de la rue. Malgré les dénaturations ultérieures, notamment les garde-corps en fonte ajoutés au XIXe siècle, c'est, avec l'hôtel de Mercy-Argenteau, l'un des seuls hôtels conservés qui se construisirent sur les boulevards parisiens, aménagés à l'emplacement de l'ancienne enceinte de Paris. Quelques vestiges subsistent du décor intérieur (grand et petit salon au premier étage).
Cathédrale Saint-Étienne de Sens (Yonne), 1785 : Projet non réalisé d'embellissement. Deux propositions pour le portail sont conservées au musée de Sens ; l'une d'elles « plaque devant l'église gothique un portiquecorinthien de six colonnes à peine plus modeste que celui de Sainte-Geneviève »[9].
Soufflot le Romain construit en 1785 une fabrique dite le temple d'Amour, en forme de rotonde couverte d'une coupole surmontée d'un lanterneau[11] et précédée d'un portique d'ordre dorique sommé d'un fronton triangulaire[12]. Lahure a gravé en 1792 le Plan du cul de four, du jardin d'hyver et de la nouvelle chambre à coucher de Madame de Gontaut en son château de Montgermont, le tout exécuté en l'année 1786 sur les dessins et conduite de M. Soufflot le Romain. Cette estampe montre le mobilier, comprenant bergère, chaises, tabourets, athénienne, écran de cheminée, table et chenets.
En 1789 et 1790[13], Jean Armand Louis de Gontault-Biron confie à Soufflot Le Romain les travaux destinés à transformer le château en lui ôtant son aspect féodal. L'aile droite, ainsi que deux tours, sont alors démolies[14]. Les profondes transformations effectuées au XIXe siècle rendent cette intervention peu lisible aujourd'hui.
↑« Notice biographique établie par François Morvan », In: Philippe Duboÿ, Jean Jacques Lequeu. Dessinateur en architecture, Paris, Gallimard, 2018, pp. 233-261.
↑Elle était née Marguerite Catherine Charlotte Laurence Fournier de La Chapelle, fille de Charles Fournier de La Chapelle, ancien procureur général du Conseil supérieur du Cap-François à Saint-Domingue, conseiller honoraire des deux conseils souverain et supérieur du Cap-François et de Port-au-Prince.
↑Un mémoire du vitrier de Seine-Port daté du , conservé aux Archives départementales de Seine-et-Marne, indique qu'il avait utilisé de la peinture « en petit gris » pour les huisseries et 37 pièces de verre de Bohême pour la lanterne.