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François Sublet de Noyers

François Sublet de Noyers
Portrait de François Sublet de Noyers par Pierre Daret.
Fonctions
Secrétaire d'État de la Guerre
Intendant des finances
Surintendant des fortifications
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 56 ans)
DanguVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
MilitärbeamterVoir et modifier les données sur Wikidata

François Sublet de Noyers, est un administrateur et homme d’État français, né au Mans[1] le [2], mort le [3] en sa propriété de Dangu[4].

Origines familiales

Issu d'une famille blésoise, Sublet est le petit-fils de Mathurin Sublet (mort à Gisors le ), trésorier des cents Suisses de la garde du roi, receveur des tailles en l’élection de Gisors, et de Françoise Allais (morte le ), fille de Henri Allais, sommelier d'armes du roi, bourgeois de Paris et Marguerite d'Orléans, qui dans son testament du porte fondation d'une messe par jour en la chapelle de la Résurrection de l'église des Saints Gervais et Prothais de Gisors autrement dit la chapelle de cuivre qu'elle avait fait bâtir[5].

Il est le fils de Jean Sublet de Noyers (né à Paris le , baptisé à Saint-Paul de Paris le , mort en 1635), sieur de La Guichonnière, trésorier des Suisses, engagé dans l’armée royale contre les protestants (1573), participant à l’ambassade de Paul de Foix auprès du pape, anobli (par lettres patentes données à Fontainebleau en et enregistrées à la cour des aides de Normandie le [6]), acquéreur des deux demi-fiefs de Noyers le et le , trésorier de France à Rouen (par lettre patente du [7], maître à la chambre des comptes de Paris (d'abord au XLIVe office reçu le , jusqu'en 1588[8] puis au IIIe office, l'un des quatre prenant bourse en chancellerie, reçu le en exercice jusqu'en 1608[9]), secrétaire du roi (1605), chartreux (), et de Madeleine Bochart (morte en 1611), son épouse (par contrat du signé devant Laurent de Monthenault et Martin Jamart, notaires à Paris)[10].

Ascension sociale

Le , François Sublet de Noyers est reçu conseiller secrétaire du roi, maison, couronne de France et de ses finances par résignation de son père[11]. Il s'en démet à son tour en 1613 en faveur de Jacques Barat[12]. La même année, il est pourvu d'un office de conseiller et de trésorier général de France à Rouen par résignation de Claude Bretel[13] et le sont publiés les bans de son mariage avec Isabelle Le Sieur, de Saint-Médéric[14]. Du au , il est de conseiller notaire et secrétaire du roi du collège des cinquante-quatre par la résignation de Nicolas le Pelletier[15]. Il est reçu dans cet office le [16].

Grâce à la protection de son oncle maternel Jean Bochard, contrôleur général et surintendant, il devient de 1623 à 1629 commis du contrôle général des finances[17]. Du à 1636, François Sublet de Noyers est intendant des finances. En , il reçoit une commission pour « se rendre dans les diverses places de Champagne » afin « de faire réparer le plus promptement qu'il se pourra les manquements qui s'y trouvent ». Par une nouvelle commission du , il est envoyé comme intendant des finances auprès de l'armée pour le secours de Trèves en Allemagne commandée par le maréchal d'Effiat puis après la mort de ce dernier le , par le maréchal d'Estrées[18]. En , il est intendant de l'armée commandée en Lorraine par le maréchal de La Force. Une commission datée de Fontainebleau le le charge de se rendre en Picardie pour « y faire en toute diligence travailler aux fortifications des villes et places, citadelles et châteaux de Doullens, Montreuil, Calais, fort de Lay, Ardres, Abbeville, Rue, Saint-Quentin, Le Castellet[Où ?], Péronne, La Capelle, Corbie, Amiens, et La Fère, suivant les devis et desseins du sieur d'Argencourt notre maréchal de bataille que nous envoyons avec vous en notredite province »[19]. Une commission lui est donnée en pour se rendre à Nancy, récemment occupée par les troupes françaises, afin d'y faire travailler à la citadelle. Dans toutes ces missions, il informe régulièrement Richelieu de la situation sur place et ne lui cache pas les fragilités des dispositifs[20].

Ministère

Protégé du Père Joseph, l'éminence grise du cardinal de Richelieu, il succède à Abel Servien comme secrétaire d'État de la Guerre du au . La France étant alors engagée dans la guerre de Trente Ans, le ministre doit organiser l'administration d'une armée aux effectifs démesurément accrus. Aux côtés de Louis XIII et du cardinal de Richelieu, il inspecte les différents fronts. Devant Hesdin en 1639, il concerte avec le chevalier de La Ville la conduite des attaques[21]. Il fait fortifier un grand nombre de places. Il construit des hôpitaux militaires[22] qu'il confie souvent aux Jésuites, pour soigner les corps et les âmes des soldats. Il réglemente les enrôlements, la discipline, les subsistances, le transport. Il développe le pouvoir des intendants d'armée afin d'assurer le contrôle du pouvoir civil sur les militaires.

Il cumule cette charge avec d'autres fonctions. Le [23] il est nommé capitaine, concierge et surintendant du château de Fontainebleau, charge vacante par la mort de Sébastien Zamet (survenue le ). Après la mort du président Henri de Fourcy en , il est surintendant des Bâtiments de France, du au . En cette qualité, il entreprend des travaux de rénovation et d'embellissement de plusieurs maisons royales, notamment le Louvre et Fontainebleau, il crée l'Imprimerie royale, installée au Louvre au 1639, et apporte son soutien aux "Intelligents", intellectuels promoteurs du classicisme dans les arts. En 1640, il envoie en mission artistique à Rome son cousin Paul Fréart de Chantelou pour décider Nicolas Poussin et Duquesnoy à venir à Paris. Le premier accepte et se voit chargé d'ordonner la Galerie des Antiques du Louvre[24].

Par brevet royal du , il est autorisé à recevoir 7 000 livres par an sur les gabelles du Dauphiné, du Lyonnais, du Forez et du Beaujolais. Le , il reçoit une gratification de la part des états de Provence[25]. Le [26], il échange la petite principauté de Mortagne en Saintonge, que son collègue du cabinet Henri-Auguste de Loménie venait de lui céder tout exprès moyennant 240 000 livres contre Dangu[27], dans le Vexin normand. Il reçoit l’office de capitaine des chasses de Dangu. Il fait jeter un pont en pierres sur l'Epte, fait paver la rue qui sépare les deux anciennes paroisses de Saint-Aubin et de Saint-Jean[28]. Il fait étudier par ingénieur hollandais l'asséchement du marais s'étendant des deux côtés du village vers Château-sur-Epte et Gisors[29].

Disgrâce

À la mort de Richelieu, le , Sublet de Noyers semble au faîte de son influence. Le roi l’associe à toutes les décisions politiques, fait ses dévotions, avec lui, l’appelle affectueusement « le petit bonhomme ». Mais Louis XIII est malade et le ministre songe à ménager l'avenir en se rapprochant d'Anne d'Autriche qui devrait obtenir la régence. Le souverain en est froissé, et demande un jour à Sublet de Noyers de rendre compte des trente millions de livres attribuées chaque année au département de la guerre. Se sentant mis en cause dans son honnêteté, ce dernier demande sa démission à Saint-Germain-en-Laye, le , vendredi saint, et se retire dans ses appartements. Contre toute attente, Louis XIII lui fait répondre par M. de Guénégaud, le ministre de sa Maison « de se retirer à Dangu et de laisser ses deux commis avec la cassette de ses papiers » et nomme à sa place par commission Michel Le Tellier, le .

Le , Sublet arrive à Dangu et fait savoir à ses correspondants qu'il n'aspire plus désormais qu'au calme du silence et de la solitude, loin du trouble et de l'agitation de la cour. Des amis viennent le visiter dans sa retraite. Louis XIII décède le . Sublet se rend à Paris à la fin de l'année 1643 pour remplir ses charges de surintendant des bâtiments de France et de capitaine et concierge du château de Fontainebleau[30]. Il est reçu par le cardinal de Mazarin. Avec le soutien du premier président Matthieu Molé, il demande à remplir sa charge de secrétaire d'État dont il reste officiellement titulaire[31]. Comme le cardinal Mazarin ne souhaite pas son rappel aux affaires, il lui propose l'archevêché d'Aix. Gondi, le futur cardinal de Retz, le tient pour dévot, voire pour un 'jésuite secret'. Il le craint comme concurrent pour l'archevêché de Paris, alors qu'il semble avoir visé celui de Rouen.

Au début de l'année 1645, constatant qu'il n'est pas entendu, Sublet de Noyers s'en retourne à Dangu. Entouré de quelques proches il se consacre à des exercices spirituels. Il participe également à la rédaction du livre de Roland Fréart, Le Parallèle de l’architecture antique avec la Moderne. Autorisé à titre exceptionnel par le Supérieur Général des Jésuites à prononcer ses vœux, il décède le [4] au hameau de "La Boissiére" à Trappes[32]. Ses derniers moments sont relatés dans les ouvrages d'édification[33]. Son corps en habit de jésuite est inhumé le , à Paris, faubourg Saint-Germain dans la rue du Pot-de-Fer (actuellement rue Bonaparte), dans l'église du noviciat des Jésuites dont il avait financé la construction d' à [34]. Son cœur est déposé au couvent des carmélites de Gisors[35] qu'il avait fondé après avoir obtenu des lettres patentes du roi le [36] et pour lequel il avait constitué une rente de 625 livres par contrat du .

Descendance

Le , François Sublet de Noyers épouse Isabeau Le Sueur (morte en 1623), fille de Guillaume Le Sueur, seigneur d'Osny, auditeur des comptes (reçu le , en exercice jusqu'au ), maître des comptes de la chambre des comptes de Paris (reçu le , en exercice jusqu’au ), et de Marie Du Bouchet. De ce mariage sont issus

  • Guillaume Sublet (baptisé le , mort à Noyers le ) seigneur des Noyers, baron de Dangu (jusqu’au ), avocat au parlement de Dijon, conseiller au parlement de Metz (reçu le , résigne en 1648), chargé de l'inspection des places frontières de la Champagne (1639), secrétaire du Roi (reçu le ), général des Finances à Rouen, sans postérité
  • Elisabeth Sublet (baptisée le , morte jeune
  • Madeleine Sublet (baptisée à Noyers le , morte le ), prend l'habit de religion au couvent de Saint-Denis (), religieuse carmélite au couvent de Pontoise dont elle est sous-prieure trois ans.

Le titre de seigneur de Noyers passe après la mort de Guillaume à la descendance du jeune frère de François Sublet de Noyers, Mathurin. Les Sublet de Noyers s'éteignent un peu avant la Révolution française. Subsiste également la branche cadette des Sublet d’Heudicourt, issue de Michel Sublet (mort en 1599), anobli par lettres données au Bois de Vincennes en , trésorier général de l'artillerie, trésorier des parties casuelles, conseiller et secrétaire des finances reçu le , intendant et contrôleur général des finances le , puis intendant des ordres du roi en 1593, seigneur de Jonchet en 1593, frère de Mathurin, le grand père François Sublet de Noyers.

Bibliographie

Notes et références

  1. Daniel Alcouffe Un temps d'exubérance: les arts décoratifs sous Louis XIII et Anne d'Autriche, 2002, p. 45 d'autres auteurs le font naître à Paris Louis Régnier, Fragments inédits des Mémoires et des lettres du P. Caussin : sous Louis XIII, 1915, p. 3 et Orest Ranum pense qu'il a vu le jour à Blois.
  2. Généalogie manuscrite du XVIIIe siècle conservée à la Bibliothèque nationale de France, Cabinet des titres, dossiers bleus 621, no 16494 fol. 22, information confirmée par les dossiers bleus (621 Sublet, fol. 38) qui précisent que Sublet de Noyers est mort à l'âge de 56 ans 5 mois et 6 jours voir M.L Régnier, Les Carmélites de Giscors (1631-1792)Mémoires de la Société historique et archéologique de l'arrondissement de Pontoise et du Vexin, t. 22, 1900, chap. 2 « La Famille Sublet et les carmélites », p. 20 n. 4. Cette date s'accorde avec la situation familiale de François Sublet qui est le cinquième enfant de parents mariés en 1583. Elle a été reprise par le site internet de la mairie de Noyers ou par Abbé Louis Lefevre, Société Historique et Archéologique de Pontoise, Revu et annoté par José GILLES, Osny-sur-Viosne Essai historique d'après les archives de la Seigneurie, Prix Comartin de l’arrondissement de Pontoise 1934, p. 38. Ignorant ces indications, d'autres études retiennent parfois la date de 1563 (Ranum) de 1578 (Michaud Poujoulat) ou 1588 (Pillorget).
  3. Michaud-Poujoulat t. 40 p. 380.
  4. a et b Gazette de France, 1645, no 134, p. 992.
  5. Mélanges : documents, Société de l'histoire de Normandie, 2e série, 1893, p. 212.
  6. Pierre-François Lebeurier, État des anoblis en Normandie, de 1545 à 1661, avec un Supplément de 1398 à 1687, 1866, p. 16.
  7. Claude Michaud, "François Sublet de Noyers, surintendant des Bâtiments de France », Revue historique, 241, 1969, p. 328.
  8. Paul Guérin, Registres des délibérations du bureau de la ville de Paris, 1598-1602, 1909, t. 12, p. 481, note 1.
  9. H. Coustant d'Yanville, Chambre des comptes de Paris Essais historiques et chronologiques, privilèges et attributions nobiliaires et armorial, 1866-1875, p. 615.
  10. Claude Michaud, "François Sublet de Noyers, superintendant des Bâtiments de France », Revue historique, no 241, 1969, p. 328.
  11. Abraham Tessereau, Histoire chronologique de la Grande Chancellerie de France, contenant son origine depuis le commencement de la nouvelle Monarchie jusqu'à présent, 1710, t. 1, p. 283.
  12. Abraham Tessereau, Histoire chronologique de la Grande Chancellerie de France, contenant son origine depuis le commencement de la nouvelle Monarchie jusqu'à présent, 1710, t. 1, p. 315.
  13. +%C3%A0+Rouen+, +par+la+r%C3%A9signation+de%22&hl=fr&sa=X&ei=HtBOVL7bAsroaMvTgbAF&ved=0CBQQ6AEwAA# Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, 1851, t. 18, p. 98.
  14. Auguste Jal, Dictionnaire critique de biographie et d'histoire : errata et supplément pour tous les dictionnaires historiques d'après des documents authentiques inédits, 1867, p. 1154.
  15. Transcription sur le site internet ranumspanat.com du Ms. Fr. 18236 de la Bibliothèque nationale de France consacré aux secrétaires d'État de 1300 à 1647.
  16. Abraham Tessereau, Histoire chronologique de la Grande Chancellerie de France, contenant son origine depuis le commencement de la nouvelle Monarchie jusqu'à présent, 1710, t. 1, p. 346.
  17. [Michel Antoine, Le Cœur de l'État, surintendance, contrôle général et intendances des finances 1552-1791, 2003, p. 185].
  18. Pinard, Chronologie historique-militaire, contenant l'histoire de la création de toutes les charges, dignités et grades militaires supérieurs, de toutes les personnes qui les ont possédés... des troupes de la maison du Roi. Table des rois de France, les secrétaires d'état à la guerre, les sénéchaux, les connétables et les commandans d'armées, 1760, t. 1, p. 34.
  19. Michel Antoine, Le Cœur de l'État, surintendance, contrôle général et intendance des finances 1552-1791, p. 205.
  20. Charles Schmidt, « Le rôle et les attributions d'un intendant des finances aux armées: Sublet de Noyers de 1632 à 1636 » Revue d'histoire moderne et contemporaine, 1900-1901, p. 156-175..
  21. Pierre A. Allent? Histoire du corps impérial du génie, 1805, t. 1 p. 30.
  22. Augustin Cabanès, Chirurgiens et blessés à travers l'histoire. Des origines à la Croix-Rouge, s.d., p. 167.
  23. 1911, Bibliothèques nationale de France, Dossiers bleus, 621 cote 16494 cités par Henry de Castries, Les sources inédites de l'histoire du Maroc. Archives et bibliothèques de France, p. 523.
  24. Lucien Hoche, Paris occidental, XIIe siècle-XIXe siècle : ses rues, leur passé, leurs passants, 1, 1, 1912, p. 144.
  25. Claude Chablat-Beylot, « François Sublet de Noyers, baron de Dangu », Les Ministres de la Guerre 1570-1792, éd. Thierry Sarmant, 2007, p. 230.
  26. M.L Régnier, Les Carmélites de Giscors (1631-1792)Mémoires de la Société historique et archéologique de l'arrondissement de Pontoise et du Vexin, t. 22, 1900, chap. 2 « La Famille Sublet et les carmélites », p. 26.
  27. Claude Michaud, "François Sublet de Noyers, superintendant des Bâtiments de France », Revue historique, 241, 1969, p. 340.
  28. Charpillon, Gisors et son canton (Eure) statistiques - histoire, 1867, p. 200.
  29. La Normandie monumentale et pittoresque, édifices publics, châteaux, manoirs etc., Eure première partie, 1894, p. 218.
  30. Camille Lefauconnier-Ripoll, Sublet de Noyers : la disgrâce d’un ministre au XVIIe siècle. Une zone d’ombre de l’histoire, une zone grise de la société, Papers on French Seventeenth Century Literature XXXVII, 73 (2010).
  31. Lettres du cardinal Mazarin pendant son ministère, 1872, t. 1, p. 453.
  32. Victor R. Belot, Trappes, d'hier à aujourd'hui, , p. 134.
  33. Jean Hanart, Les Plus Belles Morts des séculiers, 1667, p. 43-46.
  34. Jean Lebeuf, Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, 1867, t. 3, p. 160.
  35. Françoise Bayard, article "sublet de noyer (François)" in Dictionnaire du Grand Siècle, 1990, p. 1476-1477.
  36. Mémoires de la Société historique et archéologique de l'arrondissement de Pontoise et du Vexin, 1910, t. 30 p. 146.

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