En 1970, Jimi Hendrix sort l'album en trio Band of Gypsys, décrit comme le « point zéro » (ground zero) du funk psychédélique[6]. Le collectif Parliament-Funkadelic développe cette sensibilité, employant des guitares et des synthétiseurs orientés vers l'acid rock dans des jams libres de funk[2],[3]. L'album Maggot Brain de Funkadelic, sorti en 1971, est qualifié de monument du genre par Pitchfork[7]. Sous la houlette de George Clinton, le P-Funk délaisse la forme de la chanson au profit du groove et de la texture, en mettant l'accent sur les éléments abjects du psychédélisme ainsi que sur les thèmes liés à l'espace[8]. Les Isley Brothers et Bobby Womack seront influencés par Funkadelic et s'inspireront de ce son[3]. Womack a également contribué à l'album phare de Sly and the Family StoneThere's a Riot Goin' On en 1971, décrit comme un « chef-d'œuvre de funk sombrement psychédélique » par AllMusic[9].
Au début des années 1970, les principaux éléments du funk psychédélique sont adoptés comme signifiants de la « noirceur urbaine » et incorporés dans des films de blaxploitation[8]. L'album instrumental Sho Is Funky Down Here de James Brown, réalisé par le chef d'orchestre David Matthews en 1971, explore le funk psychédélique fuzzy[10]. Le musicien de jazz Miles Davis, nouvellement influencé par Sly Stone et Brown[11], explore le genre sur son album On the Corner de 1972[12]. Le groupe War enregistre dans un style funk-rock psychédélique et des paroles protestant contre le racisme et la brutalité policière[13]. L'album Inspiration Information de Shuggie Otis, paru en 1974, explore le funk psychédélique et, bien qu'il ait reçu peu d'attention lors de sa sortie, il est acclamé plus tard lorsqu'il a été réédité par le label Luaka Bop[14].
À la fin des années 1970, le groupe de new waveTalking Heads explore le funk psychédélique, influencé par George Clinton et P-Funk, dans une trilogie d'albums acclamés[15],[16]. Prince s'inspire de ce style[3], enregistrant dans une « veine richement mélodique de funk psychédélique » sur son album Around the World in a Day, sorti en 1985[17]. L'auteur Michaelangelo Matos décrit le morceau The Ballad of Dorothy Parker (1987) de Prince comme du funk psychédélique, « pas dans le sens de Funkadelic ou du Band of Gypsys d'Hendrix, mais dans le sens où ses rythmes et ses textures atteignent un sens de lave en fusion sans renoncer au groove[18]. »
Artistes internationaux
Le groupe ouest-allemand Can joue du funk psychédélique dans le cadre de la scène krautrock des années 1970[19]. Des groupes ouest-africains tels que Blo et Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou ont joué des formes de funk psychédélique au milieu des années 1970, tous deux s'inspirant de l'afrobeat du musicien nigérianFela Kuti[20],[21]. La scène rock anatolienne de Turquie joue du funk psychédélique avec des artistes tels que Barış Manço[22]. Le groupe britannique Happy Mondays joue une forme de funk psychédélique « rigide » sur son album Bummed sorti en 1988[23].
Des exemples de funk psychédélique provenant de scènes musicales du monde ont été rassemblés sur des compilations publiées sur le label World Psychedelic Funk Classics[24], notamment la compilation Psych-Funk 101 : 1968-1975[25] en 2009. Une collection d'enregistrements de funk psychédélique des années 1970 en provenance du Ghana et du Togo est publiée en 2010 sous le titre Afro-Beat Airways : West African Shock Waves par le label Analog Africa[26]. La musique de la scène funk psychédélique nigériane des années 1970 est documentée plus tard sur la compilation Wake Up You! The Rise and Fall of Nigerian Rock 1972-1977, sortie en 2016[27].
Le duo de hip-hop OutKast des années 1990 est également influencé par des musiciens psychédéliques noirs tels que Sly Stone et Clinton[32],[33]. Leur album Stankonia de 2000 est décrit comme « une sorte de funk techno-psychédélique trippant » composé de « percussions programmées, de synthétiseurs d'un autre monde et d'effets sonores surréalistes[34]. » Le groupe d'indie pop expérimental of Montreal a développé un son funk psychédélique[35], en particulier sur leur album Skeletal Lamping sorti en 2008[36]. L'album Awaken, My Love! de Childish Gambino de 2016 emprunte le son funk psychédélique de Clinton et Bootsy Collins, Vice le décrivant négativement comme un « pur cosplay de Funkadelic[37]. »
↑ abcd et e(en) Derek B. Scott, Dayton Street Funk: The Layering of Musical Identities, Ashgate Publishing, (ISBN9780754664765, lire en ligne), p. 275.
↑ abcde et f(en) Jacqueline Edmondson, Music in American Life: An Encyclopedia of the Songs, Styles, Stars, and Stories that Shaped our Culture [4 volumes]: An Encyclopedia of the Songs, Styles, Stars, and Stories That Shaped Our Culture, ABC-CLIO, , p. 474.
↑Michael Stephen Hanson, People Get Ready: Race, Place and Political Identity in Post-civil Rights Black Popular Music, 1965-1975, UC Berkeley, (lire en ligne), p. 124.
↑(en) Moskowitz Dave, The Words and Music of Jimi Hendrix, ABC-CLIO, , p. 43.
↑ a et b(en) William Echard, Psychedelic Popular Music: A History through Musical Topic Theory, Indiana University Press, , 123–125 p. (ISBN9780253026590, lire en ligne)