Son mandat ne dure que 49 jours, un record de brièveté qui s'inscrit dans le cadre d'une crise politique qui avait déjà emporté le gouvernement précédent et que Liz Truss aggrave par la présentation de mesures budgétaires et fiscales non-financées qui déstabilisent les marchés financiers, ce qui finit par la contraindre à démissionner.
Ce gouvernement est dirigé par la nouvelle Première ministreLiz Truss, précédemment secrétaire d'État aux Affaires étrangères. Il est constitué et soutenu par le Parti conservateur, qui dispose seul de 357 députés sur 650, soit 54,9 % des sièges de la Chambre des communes.
À la suite d'un grand nombre de démissions à tous les échelons du gouvernement en raison de scandales entourant son exercice du pouvoir, Boris Johnson annonce le sa démission de la direction du Parti conservateur, déclenchant une élection pour le remplacer, son successeur étant appelé à devenir Premier ministre[1].
En confiant les postes-clés de chancelier de l'Échiquier, secrétaire d'État aux Affaires étrangères et secrétaire d'État à l'Intérieur à Kwasi Kwarteng, James Cleverly et Suella Braverman, tous trois issus de l'immigration, la nouvelle Première ministre forme un cabinet encore plus divers que le précédent. Elle nomme vice-Première ministre sa directrice de campagne pour l'élection interne au Parti conservateur, Thérèse Coffey, et récompense ses soutiens de la première heure, Kwarteng et Cleverly, avec des responsabilités de premier plan. Les promotions de Braverman, Jacob Rees-Mogg comme secrétaire d'État à l'Énergie, ou encore Chris Heaton-Harris, secrétaire d'État pour l'Irlande du Nord, marquent un virage à droite encore plus marqué que le deuxième gouvernement Johnson. De celui-ci, ne sont pas reconduits aussi bien Rishi Sunak que des personnalités de poids, tels Dominic Raab ou Michael Gove. À l'inverse, des secrétaires d'État de premier ordre que sont James Cleverly et Suella Braverman n'ont qu'une faible expérience gouvernementale, ayant intégré l'exécutif depuis moins de quatre ans[5].
Évolution
Kwasi Kwarteng annonce le qu'il a démissionné de ses fonctions de chancelier de l'Échiquier, conformément à la demande formulée par la Première ministre. Il avait annoncé trois semaines plus tôt un plan fiscal prévoyant d'importantes baisses d'impôt non-financées, ce qui avait eu pour effet de déstabiliser les marchés financiers et faire chuter le cours de la livre sterling[6]. Il est remplacé quelques heures plus tard par Jeremy Hunt, qui avait apporté son soutien à Rishi Sunak dans la campagne de l'élection à la direction du Parti conservateur[7].
Cinq jours plus tard, le , Suella Braverman remet à son tour sa démission. Reconnaissant avoir utilisé une adresse électronique personnelle pour transmettre des documents confidentiels à un député, elle met en cause le programme du gouvernement, dénonçant le renoncement à des engagements dans le domaine de la lutte contre l'immigration illégale, et critique directement la gouvernance de Liz Truss. Cette dernière pourvoie le poste de secrétaire d'État à l'Intérieur par la nomination de Grant Shapps, ancien secrétaire d'État aux Transports sous Boris Johnson et lui aussi soutien de Rishi Sunak lors de la dernière élection du chef des Tories[8].
Succession
Après plusieurs semaines de crise, déclenchée par la présentation des mesures fiscales en , et face à une fronde de plus en plus intense au sein du groupe parlementaire, Liz Truss annonce le sa démission de la direction du Parti conservateur[9]. Avec un mandat de 44 jours, elle établit le record du plus court mandat au 10 Downing Street, détenu depuis près de deux siècles par un autre conservateur, George Canning[10].
Le , date limite de dépôt des parrainages requis pour participer à l'élection à la direction du Parti conservateur, seul Rishi Sunak remplit les conditions pour postuler comme chef du parti, ce qui lui permet d'être automatiquement désigné[11]. Le lendemain, Liz Truss rencontre le roi Charles III et lui remet sa démission, qu'il accepte aussitôt[12], avant de nommer Rishi Sunak à sa succession[13]. Le gouvernement Truss battait alors des records d’impopularité, avec un taux d'approbation de seulement 10 % à la mi-octobre [14].
Composition
Par rapport au gouvernement Johnson II, les nouveaux membres sont indiqués en gras, ceux ayant changé d'attributions le sont en italique.
↑« DIRECT. Royaume-Uni : Boris Johnson laissera au prochain Premier ministre les "décisions budgétaires majeures" », France Info, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Royaume-Uni : le Parti conservateur désigne Liz Truss pour succéder à Boris Johnson », France 24, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Liz Truss devient officiellement première ministre du Royaume-Uni », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) « New cabinet: who is in and who is out in Liz Truss reshuffle? », The Guardian, (lire en ligne, consulté le ).
↑Cécile Ducourtieux, « Liz Truss, la première ministre britannique, nomme un gouvernement de fidèles », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Kwasi Kwarteng, le ministre des finances britannique, a été démis de ses fonctions », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Royaume-Uni. Le ministre des Finances Kwasi Kwarteng démissionne, Jeremy Hunt lui succède », Ouest-France, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Royaume-Uni : la ministre de l’intérieur annonce sa démission après avoir utilisé une adresse e-mail personnelle », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Royaume-Uni : Liz Truss démissionne après seulement six semaines au pouvoir », L'Obs, (lire en ligne, consulté le ).
↑Glenn Gillet, « Avec 44 jours en poste, Liz Truss est la Première ministre britannique la plus éphémère de l'histoire », BFM TV, (lire en ligne, consulté le ).
↑Arnaud De La Grange, « Royaume-Uni: Rishi Sunak, dernier espoir des tories, officiellement nommé premier ministre ce mardi », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
↑Agence France-Presse, « Nommé premier ministre britannique, Rishi Sunak veut réparer «immédiatement» les «erreurs» commises sous Liz Truss », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).