Grégory Chatonsky est un artiste franco-canadien né le à Paris.
Biographie
En 1994, il fonde le collectif d’artistes Incident.net[1] qui se réunit autour des notions de flux, d’accident, de bug et de réseau. Une première version expérimentale du site Web est exposé en 1994 à la 3e biennale Artifices[2],[3]. Il collabore aux derniers numéros de la revue Traverses du Centre Pompidou.
En 2000, au C³ de Budapest, il collabore avec Reynald Drouhin sur le site Web en réalité virtuelle Revenances exposé à la Biennale d'art contemporain de Montréal.
En 2012 commence son périple en Asie : l’école offshore Xiyitang à Shanghai[1], 3331 Arts Chiyoda à Tokyo; en 2013 au Musée d'art contemporain de Taipei; en 2014 au Centre des arts d'Enghein-les-Bains. Il est lauréat 2014/2015 de la Villa Kujoyama[7],[8].
En 2016, sous la direction de Louise Poissant à l'Université du Québec à Montréal, il soutient la thèse de Doctorat en art Esthétique des flux (après le numérique)[10]. En résidence au centre Hangar[11] pour la production d'arts et de recherche à Barcelone, il participe à l'exposition collective Real Time: Art in Real Time avec son installation Capture[12]. Il part pour le Colab[13] en Nouvelle-Zélande où il retrouve Goliath Dyèvre rencontré à la Villa Kujoyama.
À la fin des années 1980, Grégory Chatonsky détourne un logiciel vidéo pour Amiga pour expérimenter le slitscan dans sa série Body scan movement[15][source insuffisante].
En 1994, il fonde Incident.net et devient l'un des pionniers du netart. Son travail s'oriente alors vers une exploration du réseau dans ses dimensions existentielles. Il s'intéresse à l'accumulation de la mémoire visuelle et textuelle et créé grâce à elle des fictions flottantes.
Au début des années 2000, il commence le cycle « Dislocation » à propos de la représentation de la destruction qui le mène à explorer le et l'histoire occidentale des ruines.
En 2010, il tourne son travail vers l'extinction, c'est-à-dire la disparition annoncée de l'espèce humaine, qui le mène à réaliser plusieurs installations d'envergure[16]. Parallèlement, il travaille sur la capacité des machines à produire beaucoup plus que ce que les êtres humains sont capables de percevoir. Cette hyperproduction prend la forme d'un groupe de rock fictif qu'il nomme Capture avec la collaboration du compositeur Olivier Alary. Il commence alors à expérimenter l'intelligence artificielle pour composer des musiques, technologie qui deviendra le cœur de sa pratique.
Il s'intéresse aux flux[17], à l'imagination artificielle et à la relation entre l'existence et le réseau[1],[18].
Il développe un travail théorique par lequel il propose plusieurs notions : fiction variable[19], fiction sans narration, économie zéro, hyperproduction, flux, imagination artificielle, etc. En 2011, il crée le néologisme de disnovation[20],[21].
Cinéma
Depuis 2001, Chatonsky utilise des séquences de films pour les déconstruire selon des procédures génératives et interactives[22]. Il développe la notion de post-cinéma.
En 2006, Intersitices permet à Grégory Chatonsky d'explorer l'espace entre les plans des films du réalisateur Jean-Paul Civeyrac jusqu'À travers la forêt. A chaque session, le logiciel Intersitices monte, incidemment dans un ordre inédit, les séquences non narratives extraites des films selon des thématiques comme les corps enlacés, le nombre d'acteurs, la musique. Le réalisateur a indiqué pour chaque plan la position relative de la caméra. Intersitices repositionne l'écran physique 2D de l'image dans une architecture 3D avec rendu en fil de fer par rapport à la position de la caméra. Le spectateur reçoit le flux d'images selon différents angles dans ce labyrinthe d'images toujours renouvelé qui crée une nouvelle fiction générative[23].
En 2008, dans L'invention de la destruction[24], il expose à la galerie Numeris causa à Paris et Poller Gallery à New York des montages photographiques de films célèbres réalisés en 2003[25] qui restent en mémoire (Read Only Memories[24]) des spectateurs.
Télévision
En 2006, Arte invite ses internautes à naviguer dans la fiction générative de Grégory Chatonsky Sur terre[26] où l'on suit trois personnages dans l'univers ferroviaire.
Littérature
En août 2022, il publie chez l'éditeur Rrose éditions Internes, le premier roman francophone co-écrit de part en part avec une intelligence artificielle[27] dont certains extraits avaient été utilisés dans la bande son de « Terre seconde » au Palais de Tokyo.
Principales expositions
Liste non exhaustive
Expositions personnelles
2001 : Revenances[28], Institut français, Budapest, Galerie Sagace, Pau
2003 : Turbulence Artists Studios, Turbulence, Boston
2013 : Telofossils I[32], commissaire de l'exposition : Shuling Cheng (鄭淑鈴) et Sylvie Parent (希薇.帕宏), MoCA, Taipei
2014 : I'll be your mirror, avec Olivier Alary et Jean-Pierre Balpe, Maison des Arts, Engheins les Bains : Capture génère de l'ancienne musique pop à usage unique et à l'obsolescence programmée immédiate[33].
2015 : Telofossils II[34],[35], avec Dominique Sirois et Christophe Charles, Unicorn Art Center, Beijing
2015 : Extinct memories[36] I & II, avec Dominique Sirois et Christophe Charles, La Chambre Blanche, Québec, iMAL, Bruxelles
2015 : Memories Center, avec Dominique Sirois, La condition post-photographique - International Biennial of the Contemporary Image, commissaire de l'exposition : Joan Fontcuberta, Centre Clark, Montréal[37],[38]
2016 : Extinct memories III, avec Dominique Sirois et Christophe Charles, Eastern Bloc, Montréal, Canada
2017 : Le jour de notre mort, Centre Bellegarde, Toulouse, France.
2017 : Alt.City, Abou Dhabi, Émirats arabes unis.
2018 : Perfect Skin, Diagonale, Montréal, Canada.
2019 : Je ressemblerai à ce que vous avez été, Les Tanneries, Amilly, France.
Expositions collectives
1994 : Artifices 3, commissariat J.-L. Boissier et A.-M. Duguet, Saint Denis
2008 : L’Invention de la destruction, Galerie Numeris causa, Paris
2011 : The Radius, commissariat Drift Station, Chicago
2011 : Chic Art Fair, Futur en Seine / Cap Digital, Paris
2011-2012 : La Fiac, commissariat J. Levesque, La fin d'un monde, Paris
Bertrand Gervais (dir.), Alexandra Saemmer (dir.) et Anaïs Guilet, Protée, vol. 39 : Esthétique et fiction du flux. Éléments de description, Chicoutimi, Département des arts et lettres - Université du Québec, coll. « Esthétiques numériques. Textes, structures, figures » (no 1), , 120 p. (ISSN0300-3523, DOI10.7202/1006730ar, présentation en ligne, lire en ligne), p. 89–100
(fr + en + zh) Grégory Chatonsky (格雷戈里.夏通斯基), Christophe Charles (克里斯多夫.查爾斯), Shuling Cheng et Sylvie Parent, Telofossils : Grégory Chatonsky, 末世化石.未來考古 : 格雷戈里.夏通斯基個展, Taipei, MoCA, , 220 p. (ISBN978-986-88674-7-5)
Grégory Chatonsky, Esthétique des flux (après le numérique), Université du Québec à Montréal, coll. « thèse de doctorat en études et pratiques des arts », , 645 p. (lire en ligne)
Isabelle Lelarge (dir.), Grégory Chatonsky, Pau Waelder et Goliath Dyèvre, ETC Média, Grégory Chatonsky : Après le réseau, Montréal, Revue d’art contemporain ETC (no 110), 15 février - 15 juin 2017, 91 p. (ISBN978-2-924114-14-8, ISSN2368-030X, présentation en ligne, lire en ligne [PDF]), p. 12–15 L’infinitude, 36–39 Hyperproduction, 70–73 Sans nous
Artpress, 492, "Un réalisme sans réel" entretien avec Aurélie Cavanna, octobre 2021
Grégory Chatonsky, Autodestructivity, Rrose éditions, 2022, 92 p. (présentation en ligne)
Grégory Chatonsky, Internes, Rrose éditions, 2022, 184 p. (978-2-9556712-8-3, présentation en ligne)
↑ abcd et e« Grégory Chatonsky グレゴリー・シャトンスキー », sur Villa Kujoyama : Institut Français du Japon, (consulté le ) : « Après des études à la Sorbonne et aux Beaux-Arts de Paris, Grégory Chatonsky fonde Incident, l’un des premiers collectifs de netart en 1994. »
↑Grégory Chatonsky, « Incident », sur Chatonsky, 5 novembre au 4 décembre 1994 (consulté le ).
↑« Grégory Chatonsky », sur École des arts visuels et médiatiques de UQÀM, (consulté le ) : « Grégory Chatonsky fait partie de la première génération d’artistes Internet faisant du réseau un contexte de production autant que de diffusion. »
↑« MAC/VAL site internet », sur Dépli design studio, (consulté le ) : « Grégory Chatonsky (direction artistique) ».
↑Benjamin Locoge, « La France hisse son pavillon d’art », sur Paris Match, (consulté le ) : « Côté musique, Grégory Chatonsky poursuit ses recherches. »
↑ a et b(ca) Roberta Bosco, « Obras en tiempo real para tiempos convulsos », sur elpais.com, (consulté le ) : « Junto con el centro de producción Hangar, Santa Mónica ha producido Capture, una instalación de Gregory Chatonsky basada en un software que genera constantemente archivos digitales vinculados a una banda de rock inexistente. »
↑ a et b(en) « 2016 Residents », sur Colab, (consulté le ) : « Grégory Chatonsky and Goliath Dyèvre were selected as the 2016 Te Ataata Creative Technologies Artist Residency recipients. »
↑Marie Lechner, « «Innovation disruptive» ad nauseam : Obsession programmée. », sur liberation.fr, (consulté le ) : « L’innovation n’est plus forcément synonyme de progrès. Elle sert un fantasme de croissance infinie, tout en évitant d’en soulever les conséquences : l’épuisement des ressources, le réchauffement climatique, l’obsolescence généralisée, la destruction du travail. »
↑« Disnovation », sur chatonsky.net, (consulté le ).
↑« Post-cinéma », sur chatonsky.net, (consulté le ).
↑Dominique Frétard, « Le cinéma vu par Grégory Chatonsky », sur Le Monde, (consulté le ) : « Les images que je construis n'existent pas et pourtant nous les avons tous vues »
↑(en) « Grégory Chatonsky: Flußgeist », sur Oboro, 21 février au 21 mars 2009 (consulté le ) : « Flußgeist is a series of works inspired by the concept of Zeitgeist. (...) construct non-narrative fictions based on all these fluxes (social networks) ».
↑« See (&) Wait », sur Lieu-commun, 9 au 24 avril 2010 (consulté le ).
↑Marie Lechner, « J’aime l’idée d’une machine obstinée », sur Libération, (consulté le ) : « Capture ramasse ce qui restera de nous pour produire l’hymne de ce que nous avons été. »
↑(en) « French artist explores future archeology », sur China daily, (consulté le ) : « Grégory Chatonsky, together with Canadian artist Dominique Sirois, explores a speculative fiction about the Earth without us and questions the notion of virtual reality from a philosophical stance. »