Le , Frédéric Ier, roi de Prusse adopte un règlement ordonnant la construction d'une maison de quarantaine en dehors des murs de Berlin pour les malades de la peste. Durant la Grande Guerre du Nord, la maladie s'était répandue en Prusse-orientale et menaçait également la Marche de Brandebourg. L'institution fut fondée le et les travaux pouvaient commencer.
Néanmoins, la ville est restée épargnée par cette épidémie. Les années suivantes, l'infirmerie a servi d'hôpital militaire et d'hospice. Le , le « Roi-Sergent » Frédéric-Guillaume Ier décrète que le bâtiment porterait le nom français d'« Hôpital de la Charité ». Des nouveaux bâtiments d'approvisionnement sont réalisés sur le terrain ; en 1713 déjà, un théâtre anatomique est inauguré, devenant plus tard un centre de formation des médecins militaires. Le , la Pépinière, deuxième établissement du type « école de chirurgie », est fondée à proximité. Rudolf Virchow et Hermann von Helmholtz sont boursiers de cette institution.
En 1801, le docteur Christoph Wilhelm Hufeland est nommé médecin du roi et directeur médical de la Charité. À partir de 1810, il exerce également la fonction de Doyen de la faculté de médecine de la nouvelle université de Berlin qui s'y installe en 1828. En 1815, le médecin Carl August Wilhelm Berends est nommé professeur de médecine à l'université et directeur de l'hôpital de la Charité. Nommé hôpital universitaire, il acquiert une réputation en recherche et enseignement. Rudolf Virchow, chef de l'institut de pathologie nouvellement créée en 1856, y a développé la thèse selon laquelle toute cellule provient d'une autre cellule (omnis cellula e cellula), le troisième axiome de la théorie cellulaire.
Après l'unification allemande, Emil Adolf von Behring et Paul Ehrlich travaillent pour l'établissement d'un système de santé national. Robert Koch tient un poste au district sanitaire de Berlin à partir de 1880 ; période pendant laquelle il découvre les agents pathogènes de la tuberculose et ceux du choléra (isolés pour la première fois par Filippo Pacini en 1854). Sous l'égide de Friedrich Althoff, directeur-général au tournant du siècle au ministère prussien pour les biens et les activités culturelles, il réalise de nombreuses nouvelles constructions qui marquent encore l'image du complexe hospitalier.
Le campus historique de la Charité (CCM) est situé dans le quartier de Mitte, sur la rive septentrionale de la Sprée. D'autres sites sont localisés à Wedding (campus Virchow Klinikum, CVK), Lichterfelde (campus Benjamin Franklin, CBF) et Buch (campus Berlin-Buch, CBB).
Robert Koch (1843-1910), médecin connu pour sa découverte de la bactérie responsable de la tuberculose, lauréat du prix Nobel de physiologie ou médecine en 1905 ;
Paul Langerhans (1847-1888), anatomo-pathologiste et biologiste ;
Emil Fischer (1852-1919), chimiste allemand, lauréat du prix Nobel de chimie de 1902 ;
Albrecht Kossel (1853-1927), médecin, lauréat du prix Nobel de physiologie ou médecine de 1910 ;
Paul Ehrlich (1854-1915), scientifique connu pour ses travaux en hématologie, en immunologie et en pharmacologie, considéré comme le père de la chimiothérapie, colauréat du Prix Nobel de physiologie ou médecine de 1908 ;
Emil Adolf von Behring (1854-1917), médecin et premier lauréat du prix Nobel de physiologie ou médecine de 1901 ;
Werner Forßmann (1904-1979), médecin, célèbre pour ses travaux sur le cathétérisme cardiaque ;
Samuel Mitja Rapoport (1912-2004), directeur de l’institut de chimie biologique et physiologique.
Ingeborg Rapoport (1912-2017) Professeure de pédiatrie à l’hôpital pour enfants de la Charité à Berlin-Est de 1969 à 1973, elle occupe la première chaire européenne de néonatalogie. Elle compte alors parmi les pédiatres les plus renommés de son temps, au-delà même des frontières de la République démocratique allemande, jusqu'à sa retraite
Bibliographie
Heinz David(de), „Es soll das Haus die Charité heißen …“ – Kontinuitäten, Brüche und Abbrüche sowie Neuanfänge in der 300-jährigen Geschichte der Medizinischen Fakultät (Charité) der Berliner Universität. 2 Vol., Akademos, Hambourg, 2004, (ISBN3-934410-56-1).
Paul Diepgen(de), Paul Rostock: Das Universitätsklinikum in Berlin. Seine Ärzte und seine wissenschaftliche Leistung (1810–1933). J. A. Barth, Leipzig, 1939.
Sabine Schleiermacher, Udo Schagen(de) (dir.), Die Charité im Nationalsozialismus: Die Indienstnahme medizinischer Wissenschaft im Nationalsozialismus. Schöningh, Paderborn, 2008, (ISBN978-3-506-76476-8).