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Haute-Yutz

Haute-Yutz
Haute-Yutz
Plan cadastral de Haute-Yutz en 1889.
Blason de Haute-Yutz
Blason
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Grand Est
Département Moselle
Arrondissement Thionville
Commune Yutz
Statut Ancienne commune
Code postal 57970
Code commune 57758
Démographie
Population 5 288 hab. (1968)
Densité 1 422 hab./km2
Géographie
Coordonnées 49° 20′ 49″ nord, 6° 11′ 42″ est
Superficie 3,72 km2
Localisation
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Haute-Yutz

Haute-Yutz est un quartier de la commune française de Yutz, dans le département de la Moselle et la région Grand Est. De 1790 à 1810, puis de 1875 à 1970, Haute-Yutz était une commune indépendante.

Ses habitants sont appelés Ower-Jäizer[1] en francique et étaient au nombre de 5 288 en 1968.

Géographie

Situé dans le pays thionvillois et sur la rive droite de la rivière de la Moselle.

Toponymie

Anciennes mentions : Oberieutz (1606) ; Itz (1686) ; Yeutz, Yeut-Haute (XVIIIe siècle) ; Yutz la Haute (1793) ; Intz (Haute) (1801)[2],[3].

En allemand : Ober-Geits[2] et Ober Jeutz[4]. En francique lorrain : Ower-Jäiz[1] et Uewer-Jäiz.

Histoire

Ancienne dépendance du château de Meilbourg, devenu Malberg ou judicium[4]. Sous l'ancien régime, Haute-Yutz constituait le village central de cette seigneurie ; jusqu'à la révolution française, la totalité de son ban en dépendait.

Concernant le spirituel, Haute-Yutz était sous l'ancien régime une annexe de la cure de Basse-Yutz. Ce n'est qu'en 1881 que Haute-Yutz est érigée en paroisse, devenant alors succursale de la cure de Thionville. Il existait dans l'ancien village détruit en 1815, une église dédiée à Saint-Cyriaque, qui datait de l'époque de Charlemagne et qui était construite avec des matériaux de l'époque gallo-romaine. Il y existait également une chapelle à proximité de l'église Sainte-Ursule, qui était sous le patronage de Notre dame de l'assomption et qui fut détruite en 1792 par l'armée des émigrés. Le lieu-dit où elle se trouvait portait encore le nom de « bei der kapell » en 1986[1].

Pendant le siège de 1792, ce village fut sans cesse pris par les émigrés et repris par les défenseurs de la place : on se fusillait alors de maison en maison[1].

La commune de Haute-Yutz est rattachée une première fois à celle de Basse-Yutz de 1810 à 1875[3]. Puis le , Haute-Yutz est de nouveau rattachée à Basse-Yutz, qui est alors renommée « Yutz »[5].

Au cours du mois de , des travaux de canalisation de la Moselle mirent au jour sur le territoire de la commune de Haute-Yutz, des fours et de la céramique romaine[6].

La population passe de 829 habitants en 1926 à 5288 en 1968[3], cette sérieuse augmentation durant cette période, est due à la construction sur le territoire communal de plusieurs bâtiments immobiliers, dont des HLM.

La disparition du village en 1815

Il faut savoir premièrement que lors des travaux d'extension de la fortification de Thionville en 1727, sur la rive droite de la Moselle, ce village se trouvait à moins de 500 m des glacis. Il était alors compris dans le diamètre de la forteresse. Dans ce diamètre, toute nouvelle construction devenait désormais interdite. Les habitants des deux Yutz avaient été expropriés de grandes surfaces de terrain et aucun ne fut dédommagé de son vivant[1].

Plus tard, en 1815, ce village fut démoli et rasé par ordre du commandant de la place de Thionville dénommé Léopold Hugo. Il fut reconstruit sur la partie de son territoire en dehors du rayon de défense de la tête du pont[4]. D'après Viville, c'est sous prétexte d’éclairer les dehors de la place, que le général qui commandait à Thionville pour l'usurpateur, fit mettre le feu au village, dans la nuit du 25 au . En un instant les habitants se trouvèrent sans ressources et sans asile ; mais avec les secours en argent et les bois que le Roi leur fit délivrer, ils rebâtirent, en 1817, leurs maisons sur un autre emplacement[7].

Une autre hypothèse voudrait que ce village ait été brûlé par vengeance, étant donné que la bataille de Waterloo a eu lieu le et que Napoléon a abdiqué le 22 du même mois. Cette destruction de dernière minute n'aura donc servi à aucun avantage stratégique. De plus, entre 1814 et 1815, il n'y eut aucune attaque sérieuse contre le Fort[1].

À la chute de l'empire en 1814, le général Hugo voulait acquérir le château de Haute-Yutz comme résidence secondaire. Mais M. Schweitzer, son propriétaire, ne voulait pas le lui céder. Nul ne sait ce qu'il s'est passé au château en cette fin d', cependant, à son retour à Thionville en 1815, le général aurait fait bruler le village par vengeance[1].

Les habitants de Haute-Yutz, qui haïssaient déjà celui qu'ils appelaient « de Fransous » (le Français), à cause des nombreuses réquisitions et de la manière d'opérer lors de celles-ci, croyaient en cette hypothèse de la vengeance. Lorsque dans la nuit du , des coups de fusil sont tirés des ruines de Haute-Yutz sur les sentinelles du Fort, ceux-ci provenaient de quelques habitants du village revenus sur les lieux, voulant montrer leur désappointement. Cent ans plus tard, les Yussois diront encore à un enfant qui saccage tout : « de bascht e richtegen Hugo »[8]. Le nom de ce général était rentré dans la langue locale pour désigner un vandale[1].

Après cet évènement, certains habitants trouvèrent refuge à Illange et Basse-Yutz, mais la grande majorité d'entre eux restait sans abri. Ils ne voulaient pas s'éloigner des terrains du village qui étaient leur propriété, ils eurent le droit d'en disposer à condition de ne plus y reconstruire leur maisons[1].

Il fut envisagé de reconstruire les habitations dans les prés de Kameren, lieu dans lequel on avait installé des baraquements provisoires. Mais finalement, l'autorisation de reconstruire le village à cet endroit fut refusé par la préfecture. Car il se trouvait partiellement dans le périmètre de la Forteresse et dans la ligne de tir vers la route menant à Metz[1].

N'étant pas autorisé à s'installer dans un rayon de 500 toises, le territoire de Haute-Yutz n'offrait plus aucun endroit pour la construction d'un nouveau village. Les habitants demandèrent alors à la municipalité de Basse-Yutz qu'on leur donne un emplacement. Le , le conseil municipal de Basse-Yutz concéda aux habitants de Haute-Yutz diverses portions de terres au lieu-dit appelé Kolewooss. Celui-ci faisait jusqu'alors partie du territoire de Basse-Yutz. Par ailleurs, les sinistrés ne furent que partiellement dédommagés et concernant M. Schweitzer, il fit reconstruire son château avec ses dépendances à un autre endroit[1].

Administration

Lors de la recréation de la commune, le premier conseil municipal, élu en règle le , fut installé le de la même année[1].

Liste des maires successifs[1]
Période Identité Étiquette Qualité
1793 1794 François Hoffman    
1794 (an III) nov. 1795 (an IV) Pierre Galloit    
1797 (an V) 1798 (an VI) Jean Mathis    
1799 (an VII) 1800 (an VIII) Didier Hoffman    
1800 (an VIII) 1808 Théodore Kremer    
1808 1810 François Hoffman    
1810 1875 Commune supprimée    
1876 1892 Joseph Nels    
1892 1902 Hubert Baué    
1902 1918 Ignace Kreutzer    
1918 1922 Jean-Pierre Liber    
1922 1929 Jean-Mathias Hoffman    
1929 1935 Jean Franck    
1935 1940 Joseph Baué    
1940 1944 Liebel[9]    
1945 1951 François Hergat    
1951 1952 Edmond Becker    
1952 1960 Joseph Baué    
1960 1970 Raymond Husson    
Les données manquantes sont à compléter.

Démographie

Évolution démographique
1793 1800 1806 1876 1881 1886 1891 1896 1901
329579354389362369400461539
1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954 1962
7358508468291 0651 2131 2531 6152 604
1968 - - - - - - - -
5 288--------
Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes.
(Sources : Ldh/EHESS/Cassini, de 1793 à 1968[3].)

Culture locale et patrimoine

Langue

Le platt de Haute-Yutz ou « Owerjäizer platt », est très proche de celui qui est parlé à Inglange. La caractéristique principale de ce dialecte local est qu'il présente un nombre très réduit de diphtongues, soit deux seulement : [au] et [ai][1].

D'autre part, il n'existe pas de différence notable entre le dialecte de Haute-Yutz et celui de Basse-Yutz ou encore celui de Macquenom, si ce n'est que le dialecte de Basse-Yutz connaît plus d'emprunts à l'allemand standard que les deux autres. Ceci vient du fait que beaucoup d'allemands s'installèrent à Basse-Yutz à partir de 1870. Même dans le dialecte de Haute-Yutz, il y a un certain nombre d'emprunts à la langue allemande n'existant pas dans d'autres villages[1].

Quelques mots du parler de Haute-Yutz sont par exemple : de moorjen (le matin), de paschtor (le curé), de päipampel (le papillon), d'eerbet (la fraise), et koren (goûter)[1].

Sobriquet

Le principal sobriquet qui est attribué aux habitants de Haute-Yutz, par les habitants des villages environnants, est celui de Dëppegiisser. Certains villageois le traduisent par « étameurs », « fondeurs en zinc » et disent qu'a Haute-Yutz habitaient jadis quelques familles d'étameurs ambulants qui, à certaines périodes, quittaient le village pour aller travailler dans les environs[1]. Une autre hypothèse traduit Dëppegiisser par « potiers », en référence à l'époque ou Yutz était une localité de potiers[1].

Lieux et monuments

  • Plusieurs croix, dont deux de type bildstock : un face à l'ancienne Mairie et un autre rue Pasteur, encastré dans un mur[10]
  • Monument aux Morts[11]

Personnalités liées

  • Rolland Ehrhardt (1941-2007), ancien footballeur professionnel français de 1956 à 1975, né à Haute-Yutz le .

Héraldique

Blason de Haute-Yutz Blason
Fascé d'azur et d'or, à l'épée haute d'argent, garnie d'or, brochante.
Détails
Il s'agit des armes des Meilbourg, anciens seigneurs de Haute-Yutz, auxquelles on a ajouté le glaive de la justice, rappelant le nom latin de la localité[1].
Blason attribué en 1948[12].

Voir aussi

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Bibliographie

  • Jean-Marie BLAISING, Marie FRAUCIEL, Haute-Yutz, le temps d’un village, Les Cahiers Lorrains, 2007 (ISSN 0758-6760)

Liens externes

Notes et références

  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r et s Albert-Louis Piernet (dir.), Hemechtsland a Sprooch : Ower-Jäiz, H.A.S. (no 13), (ISSN 0762-7440)
  2. a et b Ernest de Bouteiller, Dictionnaire topographique de l'ancien département de la Moselle, rédigé en 1868, Impr. nationale, Paris
  3. a b c et d Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, « Notice communale : Haute-Yutz », sur ehess.fr, École des hautes études en sciences sociales (consulté le ).
  4. a b et c Publications de la Société pour la Recherche et la Conservation des Monuments Historiques dans le Grand-Duché de Luxembourg, volume 18, 1863
  5. Commune de Haute-Yutz (57758) sur le site de l'INSEE
  6. Jean-Jacques Hatt, Découverte d'une officine inconnue de terre sigillée à Haute-Yutz, 1960
  7. Viville, Dictionnaire du département de la Moselle, 1817
  8. Traduisible par : « tu es un vrai Hugo ».
  9. De 1940 à 1944, la commune fut incorporée au « Gross Diedenhofen », dont le « Oberbürgermeister » fut cette personne.
  10. culture.gouv.fr
  11. Monument aux Morts Haute-Yutz (Relevé n° 130753) sur memorialgenweb.org
  12. armorialdefrance.fr
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