D'origine cévenole, Henri Manen est le fils de Garibaldi Manen, né à Saint-Germain-de-Calberte et pasteur de Saint-Martin-de-Lansuscle et d'Élise Marguerite Berthier[1]. Il fait une année de philosophie à la faculté des lettres de Paris, puis fait ses études à la faculté de théologie protestante de l'université de Genève et est consacré pasteur en 1925.
Henri Manen demande à être nommé au camp des Milles, qui est alors sous l'autorité du capitaine Charles Goruchon. Des Allemands de toutes origines, dont de nombreux artistes, sont internés dans cette ancienne briqueterie. Le pasteur obtient l'autorisation que les détenus protestants, ainsi que les Juifs convertis au protestantisme, assistent en fin de semaine au culte célébré au temple à Aix, ceci jusqu'en août 1942. À partir de ce moment le camp passe sous l'autorité de l'intendant de police de Marseille, Maurice de Rodellec du Porzic. Les rafles opérées par Vichy s'intensifient. Henri Manen apprend le que les internés du camp seront déportés vers le camp de Drancy. Ainsi le premier convoi de déportés quitte les Milles le , suivi de deux autres les 13 et 23 août, un quatrième le [2] et le dernier le 10. Henri Manen réussit à exfiltrer des internés du camp des Milles et raconte son combat et sa détresse dans un journal tenu quotidiennement du 9 au : Au fond de l'Abîme. Ce texte est traduit en allemand et publié dans un ouvrage consacré à l'Église confessante allemande[2].
Après la guerre, il est à nouveau pasteur à Mulhouse. Il publie Le Dieu libérateur et un recueil de sermons.
La tombe d'Henri Manen se trouve à Saint-Julien-du-Gua, la partageant avec sa femme, Alice.
Vie privée
Il épouse Alice Bertrand, fille du pasteur André-Numa Bertrand (1876-1946), vice-président de la Fédération protestante de France durant l'occupation nazie et « auteur d'initiatives dignes et courageuses en faveur des juifs » : il est notamment l'auteur d'une lettre au maréchal Pétain pour protester contre l’obligation faite aux juifs de porter l’étoile jaune, d'une protestation, après la Rafle du Vélodrome d'Hiver (1942), auprès du délégué du gouvernement auprès des autorités d’occupation « contre l’extermination d’une race, le martyre immérité de ses femmes et de ses enfants »[4].
Publications
Au fond de l'Abîme - Journal du camp des Milles, préface de Philippe Joutard, postface d'Alain Chouraqui, Éditions Ampelos 2013, 56 p., (ISBN9782356180643)
La Main de Dieu. Dix sermons prêchés à Aix-en-Provence, préface de Paul Liquier, Aix-en-Provence, P. Roubaud, 1943
Le Dieu libérateur, Strasbourg, Oberlin, 1946.
Messages : prédications du temps de la Passion et de la Semaine Sainte, avec Charles Dombre, Mulhouse, Secrétariat de la Paroisse Saint-Jean, 1950.
Catholicisme et protestantisme : causeries protestantes, paroisse St-Jean Mulhouse, octobre-
Le pasteur A.-N. Bertrand, témoin de l'unité évangélique 1876-1946, Nîmes, Chastanier et Bertrand, 1960 ?
Une foi enracinée, la Pervenche : la résistance exemplaire d'une paroisse protestante ardéchoise (1685-1820), avec Philippe Joutard, Valence, Imprimeries réunies, 1972.
La foi qui sauve, Paris, Société centrale évangélique, [s.d.].
Voir aussi
Bibliographie
Patrick Cabanel, Résister. Voix protestantes, Nîmes, Alcide, 2012.
Pierre Bolle, « Henri Georges Manen », dans André Encrevé (dir.), Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine. 5 Les Protestants, Paris, Beauchesne, (ISBN2701012619), p. 312.
↑ a et b« Henri Manen, La dignité de la souffrance, Aix-en-Provence 15 novembre 1942 », in Patrick Cabanel, Résister. Voix protestantes, Nîmes, Alcide, 2012, p. 118-128.