« Pourquoi l'accueil du concile, dans de grandes parties de l'Église, s'est-il jusqu'à présent déroulé de manière aussi difficile ? Eh bien, tout dépend de la juste interprétation du concile ou - comme nous le dirions aujourd'hui - de sa juste herméneutique, de la juste clef de lecture et d'application. Les problèmes de la réception sont nés du fait que deux herméneutiques contraires se sont trouvées confrontées et sont entrées en conflit. […] D'un côté, il existe une interprétation que je voudrais appeler "herméneutique de la discontinuité et de la rupture" ; celle-ci a souvent pu compter sur la sympathie des mass media, et également d'une partie de la théologie moderne. D'autre part, il y a l' "herméneutique de la réforme", du renouveau dans la continuité de l'unique sujet-Église, que le Seigneur nous a donné[3]. »
Pour Christoph Theobald, la définition de ces deux termes, si elle exprime une antinomie, n'en implique pas moins d'importantes nuances. Il discerne dans le discours du pape une « sorte de retractatio qui remplace l’opposition factice entre une herméneutique de discontinuité et une herméneutique de continuité par celle, plus nuancée, entre une herméneutique de discontinuité et une herméneutique de réforme. Cette dernière introduit une véritable historicité dans la définition des rapports entre sciences et foi, entre l’Église et l’État moderne, entre la foi chrétienne et les religions du monde »[4]. Ainsi le propos de Benoît XVI vise-t-il, selon Theobald, à indiquer que dans les décisions concernant des choses contingentes « seuls les principes expriment l’aspect durable, en demeurant sous-jacents et en motivant la décision de l’intérieur »[4].
Cette position de Benoît XVI a été contestée par certains théologiens[5].
Références
↑Roberto de Mattei, Il Concilio Vaticano II. Una storia mai scritta, Torino 2010, p. 7.
↑Giovanni Miccoli, In difesa della fede. La Chiesa di Giovanni Paolo II e Benedetto XVI, Milano 2007, p. 18-30.
Ralf van Bühren, Kunst und Kirche im 20. Jahrhundert. Die Rezeption des Zweiten Vatikanischen Konzils, Paderborn, Ferdinand Schöningh 2008 (ISBN978-3-506-76388-4)
Gilles Routhier, Vatican II : Herméneutique et réception, Montréal, Fides (coll. « Héritage et projet », 64) 460 p., 2006
Gilles Routhier et Guy Jobin (dir.), L'Autorité et les Autorités. L'herméneutique théologique de Vatican II, Cerf, 2010
Gilles Routhier, La Réception d'un concile, Cerf, coll. « Cogitatio Fidei » n° 174, 272 p., 1993, rééd. 2012
Gilles Routhier, P. Roy et K. Schelkens (dir.), La Théologie catholique entre intransigeance et renouveau : La réception des mouvements préconciliaires à Vatican II, Thurnout, Brepols, coll. « Bibliothèque de la Revue d’histoire ecclésiastique » n° 95, 2012, 363 p.
Hubert Wolf (dir.): Antimodernismus und Modernismus in der katholischen Kirche. Beiträge zum theologiegeschichtlichen Vorfeld des II. Vaticanums, Schöningh, Paderborn, 1998 (ISBN3-506-73762-7)
Articles
Gilles Castro, « Recension de Gilles Routhier (dir.), « L'Autorité et les Autorités. L'herméneutique théologique de Vatican II », Cerf, 2010 », Esprit & Vie, no 232, , p. 60-61