Fils de professeurs de sociologie à l'université[1], né à Strasbourg[2] et vivant à Toulouse[3], Hugo Clément est scolarisé au lycée Bellevue ; il y est accusé le 31 mars 2006 d'avoir agressé physiquement un intendant[4]. Il écope d'une expulsion avec sursis malgré les protestations d'une partie du personnel qui réclame son expulsion effective[5].
L'année suivante, en 2010, il intègre la 86e promotion de l'École supérieure de journalisme de Lille (ESJ Lille)[11] (la même année d'entrée que son futur collègue Martin Weill[12], et l'année précédant celle de Pierre Le Baud, qui deviendra son JRI[13]), où il réalise notamment durant sa première année un reportage sur des manifestations à Istanbul (une partie des élèves de l'École part chaque année tourner des sujets à l'étranger)[14].
Une polémique éclate après les élections régionales françaises de 2015, à l'issue desquelles le ministre de la DéfenseJean-Yves Le Drian cumule sa fonction ministérielle et sa présidence du conseil régional de Bretagne, alors qu'il avait publiquement promis de ne pas cumuler ses fonctions politiques. L'émission se met alors à faire des sujets réguliers sur cette situation, non sans dérision, en envoyant par exemple Hugo Clément à Rennes pour la première séance du conseil régional post-élections, afin de questionner le ministre sur ce sujet, mais sans jamais obtenir de réponse. Accusant le journaliste d'avoir filmé son domicile et d'avoir, par ce fait, compromis sa sécurité ainsi que celle de sa famille, Jean-Yves Le Drian déclare publiquement : « Le Petit Journal a franchi la ligne jaune[33],[34]. » Le ministre menace également de faire saisir les rushes tournés à cette occasion[34]. Le journaliste répond en se défendant des accusations du ministre, précisant qu'il n'a pas filmé le domicile, mais seulement les militaires postés devant celui-ci, et dans le cadre du plan Vigipirate — après leur avoir montré sa carte de presse[35],[36]. Il précise que si des images d'une autre nature avaient été tournées, elles n'auraient pas été diffusées[37],[38]. Cette polémique fait réagir certains médias, mettant en parallèle les menaces du ministre[39] et la liberté de la presse, celle-ci ayant échappé de peu à un encadrement plus strict, dans le cadre de l'état d'urgence en France[40].
Le mois suivant, lors de la visite officielle du président cubainRaúl Castro, une altercation verbale se produit à la mairie de Paris entre Hugo Clément et un membre d'une association française pro-cubaine. À la question : « Il se serait passé quoi à Cuba ? », le journaliste se voit rétorquer : « Bah, vous seriez mort ! » par un autre homme présent derrière eux, qui rit de la plaisanterie. L'échange est interprété comme une « menace de mort » par certains médias[41],[42]. Une semaine après, le journaliste reçoit à nouveau des menaces de mort, mais cette fois de la part de participants à une manifestation organisée par le mouvement de droite populiste allemand Pegida à Calais, maintenue malgré une interdiction préfectorale[43].
Le journaliste est également malmené au cours de certains de ses duplex : lors d'un meeting de François Fillon, il prend des coups de drapeaux de la part d'un spectateur[45] ou, lors du premier discours de campagne de Manuel Valls, il est insulté et violemment bousculé par un militant[46]. En marge d'un discours du candidat du parti Les Républicains (LR), sa couverture de l'affaire Fillon, tout comme celle de ses confrères, est comparée par un militant des Républicains à l'extermination des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale par les nazis[47]. Le , Hugo Clément affirme également sur Twitter avoir été pris à partie par un militant LR lors d'un autre meeting de François Fillon, au cours duquel l'équipe de télévision de ses confrères du Petit Journal a également été agressée[48].
Bangumi (qui produit Quotidien) annonce à la mi- que Hugo Clément quittera l'émission lors de la dernière émission avant la pause hivernale, fin décembre. Après avoir publié plusieurs tweets controversés et posé pour une marque de vêtements (le sponsoring étant une pratique décriée dans le milieu du journalisme[1]), il disparaît de l'émission dès la fin du mois de novembre[49],[50].
Konbini
A son départ de Quotidien fin 2017, Hugo Clément rejoint Konbini, où il se consacre notamment à l'actualité politique au moyen de montages vidéo[51]. Il y reste actif jusqu'à mi-2019[52].
Militantisme pour le bien-être animal
En , en collaboration avec l'association L214, il présente une vidéo tournée dans un abattoir qui tue des chevaux de courses une fois leur carrière hippique terminée, notamment Pariflash, un trotteur connu ayant gagné plus de 170 000 € en courses[53]. En février 2022, le site d'information Arrêt sur images révèle que cette enquête relève d'un « partenariat » entre Konbini, média pour lequel travaille alors Hugo Clément, et L214, sans le mentionner aux internautes. Des contenus sont ainsi produits par Konbini, sur la base de vidéos et de textes directement fournis par L214. Selon l'enquête d'Arrêt sur images, « un document récapitulatif détaille le plan de communication de l'association sur cette "enquête chevaux". Il révèle que la vidéo de Konbini est montée à partir de séquences présélectionnées par L214, avec un angle correspondant très exactement à ce que souhaitait mettre en avant l'association, qui demande à voir la vidéo avant mise en ligne ». La direction de Konbini indique ne pas avoir eu connaissance de cette collaboration étroite avec L214 organisée par Hugo Clément[54].
En décembre 2019, il invite ses abonnés sur les réseaux sociaux à aider avec leurs dons l'association Rewild à racheter le zoo de Pont-Scorff, afin de libérer tous les animaux y étant détenus en captivité. Le collectif d'associations Rewild parvenait ainsi à rassembler 740 000 euros. Néanmoins, un peu plus d'un an plus tard, les repreneurs s'affrontent devant les prétoires, tandis que l'argent des donateurs s'est évaporé. Aucun animal n'a été relâché dans la nature et la société est liquidée fin mars 2021 par le tribunal de commerce de Lorient[57],[58]. Le parc animalier du Morbihan rouvre finalement ses portes en 2022 avec un nouveau propriétaire[59].
En , il expose sur France 5, une "face cachée" du tourisme "beaucoup moins idyllique qu’il n’y paraît"[61] en enquêtant sur les visiteurs ayant pour seule "idée en tête" de publier leur image sur un lieu célèbre sur les réseaux sociaux[61], comme à Bali où il "lève le voile sur des montagnes de déchets derrière les hôtels"[61]. Il suit ceux qui "se battent pour protéger un environnement en souffrance"[61] et évoque des solutions possibles[61], "en régulant l’afflux des touristes, comme à Crozon, où certaines plages sont interdites"[61] ou en proposant aux touristes des "façons de voyager différemment"[61].
Enquête sur le terminal charbonnier d'Abbot Point
Le , en tournage pour France 2, Hugo Clément et son équipe sont interpellés par la police australienne pour une intrusion dans le terminal charbonnier d'Abbot Point. Remis en liberté, ils sont dans un premier temps poursuivis par la police australienne et tenus de comparaître début septembre devant un tribunal du Queensland[62], avant que les charges ne soient finalement abandonnées[63].
Enquête sur la vidéo d'un influenceur
Le , Hugo Clément révèle sur Twitter l'aspect mercantile d'une vidéo publiée par un influenceur et présentée comme un reportage. Cette vidéo, qui défend l'utilisation du Bonalan, un herbicide utilisé sur les cultures d'endives, de chicorées et de haricots, est en fait le résultat d'un partenariat rémunéré avec l'agence de communication The Louise Company. À la suite de ces révélations, l'agence reconnait que cette campagne avait été commanditée par deux firmes agrochimiques commercialisant le Bonalan : Gowan et Finchimica[64].
France Télévisions
Le , il est annoncé que Hugo Clément va revenir en sur France 2 – où il a travaillé cinq ans auparavant[65]. Il y sera chargé de préparer quatre soirées documentaires, intitulées Sur le front, ayant pour thématique l'environnement[66]. Par ailleurs, il interviendra sur le site France.tv avec des sujets hebdomadaires consacrés à l'environnement[67].
À partir de , il présente sur France 2, l'émission Nos grandes décisions[71]. Elle cherche à « éclairer ces sujets de société qui nous concernent tous, en aidant des femmes et des hommes à prendre leur grande décision. »[72]. L'émission ne rencontre pas le succès espéré par les producteurs[73]. Fin , l'émission plafonnait à 375.000 téléspectateurs, soit 4% du public et moins de 1% de la cible phare, celle des ménagères de moins de 50 ans[74],[75].
Il présente l'émission Sur le front pour parler d'écologie[76].
France Inter
Depuis 2022, il participe à l'émission En toute subjectivité sur France Inter[77]. Il y dénonce des problèmes en rapport à l'écologie[78].
Le 9 novembre 2022, Hugo Clément lance le média en ligne Vakita avec une ligne éditoriale autour des sujets environnementaux et sociétaux[79],[80] avec son associé Régis Lamanna-Rodatet[81],[82],[83]. Le média est uniquement en ligne[83].
En , son livre intitulé Comment j'ai arrêté de manger les animaux sort aux éditions du Seuil ; il y raconte son végétarisme depuis plusieurs années[84].
Dans une interview, il se dit militant écologiste mais être ni anti nucléaire ni fervent supporter de l'énergie éolienne[pertinence contestée][85].
En , il créé le festival Ocean Fest, festival mêlant musique et sensibilisation environnementale a également vocation à lever des fonds pour des ONG œuvrant pour la protection des océans et des animaux[86],[87].
En collaboration avec Vincent Ravalec, il sort un livre intitulé Le théorème du Vaquita[88].
Prises de positions
En , il expose avec Nagui des cadavres de poulets sur l’esplanade du Trocadéro à Paris, pour dénoncer les pratiques d’élevage intensif[89],[90].
En , il signe une pétition en ligne pour la libération de Paul Watson, fondateur de l’ONG sea shepherd, arrêté par la police danoise au Groenland à la suite d'une notice rouge d'Interpol datant de 2012[91],[92],[93],[94],[95].
Vie privée
Le , le Daily Mail affirme que l'actrice Asia Argento[96] entretiendrait une liaison avec Hugo Clément. Le chef cuisinier Anthony Bourdain, compagnon de celle-ci, se suicide quelques jours après la révélation de ces images[97]. Rose McGowan défend l'actrice en disant qu'ils étaient un couple libre[98],[99].
Fausse information relative au caillassage du convoi d'Emmanuel Macron au Burkina Faso
Le 19 novembre 2017, il annonce via Twitter que le convoi de la délégation transportant Emmanuel Macron alors en déplacement au Burkina Faso a été caillassé par une centaine d'individus. L'information se révèle fausse, il supprime son tweet et présente des excuses dans la foulée[103].
Accusations de harcèlement à l'encontre de la journaliste Nassira El Moaddem
Début , la journaliste Nassira El Moaddem accuse Hugo Clément et Martin Weill de lui avoir fait un canular, qu'elle qualifie de « harcèlement », et de lui avoir, par l'intermédiaire d'un groupe, attribué le surnom de « Saddam » qu'elle juge « raciste », à l'époque où ils étaient étudiants ensemble, en 2012, à l'école de journalisme de Lille[1],[104]. Un responsable de la direction de l'école, contacté par Libération, ainsi que l'ancien directeur de l'époque, Marc Capelle[105],[106],[107], confirment les faits même si aucune sanction n'avait alors été prise[104].
Participation au « Grand débat des valeurs » de Valeurs actuelles
Selon Le Parisien, Hugo Clément est largement critiqué par la gauche et les écologistes après sa participation à ce débat[111]. La députée France insoumiseNadège Abomangoli l'accuse de faire de l'écofascisme et le député Europe Écologie Les VertsAurélien Taché lui reproche de servir de caution écologiste à l'extrême droite[108]. Par la suite, le journaliste se justifie de sa participation à cet événement en estimant qu'il n'est pas « envisageable » pour les écologistes de ne pas s'adresser à l'électorat du RN étant donné son poids, et dit avoir conditionné sa participation à l'événement à un don de Valeurs actuelles auprès d'une association de défense des animaux[112]. Il dénonce un « sectarisme » de la part d'une partie de la gauche qui d'après lui « conduit à ne parler qu'entre gens déjà convaincus, et à considérer les autres comme des ennemis »[113].
Dans une interview pour L'informé, Hugo Clément indique que « Xavier, Marc (NDLR : Simoncini) ou Jacques-Antoine, utilisent peut-être parfois des avions privés, c’est leur choix, mais ils mettent leurs réseaux, leur notoriété et leurs moyens financiers au service de nombreux combats environnementaux [...] Alors oui, ils ne sont pas exemplaires. Je ne le suis pas non plus. Mais ils changent, et s’engagent, alors qu’ils pourraient décider de ne rien faire. »[115].
Vision du journalisme
Dans un article, publié début , Quentin Girard, journaliste à Libération, juge que sa « propension à croire qu'il réinvente le journalisme, à s'indigner tous les quatre matins en ligne et à donner des leçons en tartuffe moraliste en agace vite plus d'un[1] » ; il ajoute : « chez Bangumi, il était surnommé “Ego Clément”[1]. » Après ce portrait au vitriol, d'anciens collègues de Hugo Clément à Quotidien prennent sa défense, accusant l'auteur de l'article d'avoir fait « un portrait à charge », et indiquent avoir refusé de participer à un « portrait aussi violemment orienté » qui fait penser à un règlement de comptes personnel[116],[117],[118].
La même année, deux tweets reprochent à Hugo Clément « son manque d’originalité dans ses choix de sujets et d’interlocuteurs pour deux reportages qu’il a réalisés pour Konbini News », ce à quoi il répond que « plusieurs médias avaient déjà couvert le même sujet » et que le sujet avait été « multi-traité par la presse internationale avec ces intervenants là, tous légitimes à intervenir et centraux dans le débat[119]. »
Le 29 août 2022 sur RTL, la journaliste Isabelle Morini-Bosc dit de Hugo Clément, à propos d'un de ses reportages : « le seul bémol, c'est lui », faisant référence à l'ego démesuré du journaliste[120].
D'après une étude consacrée à la couverture médiatique de la famine au Yémen, Hugo Clément « use des mécanismes dramaturgiques d’une surexposition de soi et de la gravité de la situation : en se mettant en scène pour exposer à la face du monde ce que les médias passeraient sous silence, par le traitement larmoyant et simpliste – et surtout exagéré – d’une situation de malnutrition, par une accumulation d’images d’enfants malnutris et de récits poignants de civils meurtris par la guerre, plongeant le regard du spectateur dans ceux des victimes. »[121].
En , il est poursuivi par Willy Schraen pour diffamation. Hugo Clément l'avait traité de « mafieux brandissant la menace de la guerre civile pour empêcher toute régulation de son activité »[127].
↑ abcdef et g"Hugo Clément enquête sur le tourisme de masse, revers de la médaille des réseaux sociaux", article de Pauline Baumer le 13 mai 2024 dans Ouest-France[1]
↑« A la soirée de « Valeurs actuelles », Manuel Valls s’inquiète du « risque civilisationnel » devant le gratin de l’extrême droite », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑François Enten, « Émotions, systèmes experts et réseaux sociaux chez les humanitaires : la mise en récit de famines imaginaires (Somalie 2017 et Yémen 2018) », Études internationales, vol. 51, no 3, , p. 429–453 (ISSN1703-7891, DOI10.7202/1085597ar, lire en ligne, consulté le )