Hugo Claus, né le à Bruges et mort le à Anvers, est un écrivain, poète, dramaturge, scénariste et réalisateur belge d'expression néerlandaise.
Biographie
Fils d'un imprimeur, Hugo s'enfuit de la maison paternelle et devient ouvrier saisonnier dans le nord de la France.
À Paris, Antonin Artaud devient pour lui un second père[réf. nécessaire]. Il participe à la révolution avant-gardiste de l'art d'après-guerre et fait partie du mouvement Cobra (1948-1951). Il devient proche notamment du peintre Guillaume Corneille avec lequel il réalise plusieurs projets artistiques[réf. souhaitée]. Après un séjour en Italie où il apprend à connaître le milieu cinématographique, il retourne en Flandre et commence une carrière de romancier, poète, auteur dramatique, cinéaste et peintre.
À la fin des années 1960, Claus joue un rôle important dans le mouvement contestataire qui veut réformer la politique sociale et culturelle en Flandre. Au quatrième Festival international du cinéma expérimental de Knokke-le-Zoute, en 1967, il choque l'opinion publique en faisant paraître sur scène trois hommes nus dans le rôle de la sainte Trinité.
Pendant une dizaine d'années, Hugo Claus fut le compagnon de l'actrice Sylvia Kristel. Ils ont eu un fils, Arthur, né le , qui est comédien.
L'écrivain
Considéré comme l'un des romanciers belges les plus talentueux de son époque, dont l'œuvre connaît une ampleur internationale, Hugo Claus, cité plusieurs fois pour le prix Nobel de littérature, se définit lui-même comme un « flamingant francophile »[5]. Il est surtout le critique du traditionalisme et du provincialisme de la société flamande, tout en portant à l'universel l'évocation de la médiocrité. Si son style puise autant son inspiration dans les grands mythes et les classiques littéraires, il ne recule pas pour autant devant le burlesque, la trivialité, voire l'obscénité[5].
Profondément marqué par son enfance dans un internat catholique très strict, il a su évoquer dans Le Chagrin des Belges (1985, trad. de 1983 Het verdriet van België) le comportement de ses compatriotes pendant la dernière guerre et peindre le Flamand fricoteur, conformiste et profiteur avec un réalisme qui rappelle celui de Pieter Bruegel l'Ancien ou de James Ensor. Il reste cependant fasciné par sa région maternelle qu'il ne cesse de recréer avec sensibilité et intelligence :
« Maintenir les mœurs et les extases de la tribu : oui, c'est aussi le rôle de l'écrivain. Par exemple, Le Chagrin des Belges, je l'ai écrit pour que mes deux fils sachent comment leur père avait vécu dans une civilisation tout à fait étrange et néandertalienne. J'ai voulu leur montrer ce que c'était de vivre avant la guerre, pendant la guerre et après la guerre dans une toute petite communauté. » (H. Claus, Le Passe-Muraille, Lausanne, 1997.)
Le Chagrin des Belges est également son premier grand succès international de librairie.
Le Passé décomposé, son dernier roman, paru au Seuil en , reprend les mêmes personnages que La Rumeur :
« L'interrogatoire policier qui en constitue la trame, aussi serré et aussi ambigu que ceux de Crime et Châtiment, éveille une quantité de questions essentielles sur la condition humaine tout en recourant au grotesque qui déclenche un rire grinçant. C'est un livre selon mon cœur, fait de sang et de rire, de tendresse et d'horreur, d'obscénité et de poésie. » (Dédicace du traducteur, France Inter.)
Hugo Claus s'est vu attribuer une cinquantaine de prix pour son œuvre[6], notamment :
Escal-Vigor, scénario de Hugo Claus d’après le roman de Georges Eekhoud. Préface et traduction Mirande Lucien, Lille, QuestionDeGenre/GKC, 2002.
Grâce à des rééditions modernes, on connaît Escal-Vigor, le roman de Georges Eekhoud publié au Mercure de France en 1899. C'est le premier roman moderne où l'amour d'un homme pour un autre homme n'est pas présenté comme un vice honteux, mais comme un sentiment juste et légitime. Les bourgeois de Belgique, la patrie de Georges Eekhoud, ont entendu la nouveauté du propos et l'auteur a eu à se défendre en 1900 devant la cour d'assises de Bruges pour atteinte aux mœurs. Mais ce qu'on ne connaissait pas, c'est l'adaptation du roman d'Eekhoud par Hugo Claus. Le grand romancier belge de langue néerlandaise, connu surtout pour Le Chagrin des Belges, son maître livre paru en traduction française en 1985 par Alain Van Crugten, est aussi auteur de scénarios (une vingtaine) et réalisateur. On lui doit des films comme De Vijanden (Les Ennemis), (1967), Vrijdag (« Vendredi jour de liberté ») (1980), Het Sacrament (« Le sacrement ») (1989) ou De verlossing (« La rédemption ») (2001). Il adapta le roman de Georges Eekhoud Escal-Vigor en 1995 avec l'intention de le porter à l'écran. Mais le scénario est resté dans ses cartons et le film n'a jamais été réalisé. On peut supposer que l'histoire de ce scénario ressemble un peu à celle contée par Hugo Claus dans son roman Belladonna…
Mirande Lucien, qui a consacré sa thèse de doctorat à Georges Eekhoud, a traduit en français le scénario d'Hugo Claus. Les éditions QuestionDeGenre/GKC publient sa traduction poursuivant ainsi ce jeu de langue entrepris par Eekhoud : un Flamand de langue française.
1983 - Het verdriet van België (Le Chagrin des Belges, Julliard, 1985 et Seuil, coll. « Points », 2003) s'attaque au conformisme provincial de la Flandre pendant la Seconde Guerre mondiale et lève le tabou de la collaboration
1988 - Een zachte vernieling (Une douce destruction, de Fallois, 1988)
1989 - L'Amour du prochain (recueil de nouvelles extraites de De Mensen Hiernaast, 1985, et de Natuurgetrouwer, 1954,1969 ), Maren Sell Éditeurs. Réédition chez Seuil, collection Points, 1991
(1989) : Le Sacrement (Het Sacrament) écrit et réalisé
Monographie
(nl) Michel Dupuis, Hugo Claus, reeks Monografieën over Vlaamse Letterkunde, Antwerpen ; Amsterdam : De nederlandsche boekhandel, 1976 (ISBN9028901329)