Pour le linguiste humaniste Jean Bernabé, l'identitarisme est une « idéologie revendiquant pour les peuples une identité censée leur garantir une permanence à travers les siècles », fantasme fondé sur la mêmeté comme fondement de l'identité[1].
Philippe Corcuff définit l'identitarisme comme une « tendance à fixer les individus et les collectivités humaines sur une identité principale, homogène et fermée ». Il précise que « critiquer les identitarismes, ce n’est pas récuser toute place aux identités individuelles et collectives en politique ». Ajoutant : « Le passage de revendications identitaires justifiées à des logiques identitaristes périlleuses s’effectue quand les identités ainsi soutenues sont considérées comme closes, à travers les bricolages idéologiques produits par des entrepreneurs identitaires, par exemple face aux migrations appréhendées comme menaçantes, et que la diversité des alluvions constitutives d’identités en mouvement n’est pas reconnue »[2].
« La notion « identitarisme communautaire » désigne une tendance socio-politique s'organisant sur la base d'une affirmation identitaire et collective polarisée selon une logique qui consiste à privilégier, parmi tous les marqueurs de l'identité sociale, un marqueur jusqu'à en faire le marqueur surdéterminant de cette identité posée et affichée face aux autres[4]. »
Dès les années 1980, le politically correct développé dans les universités américaines est mal vu en France qui défend un universalisme républicain opposé à l’identitarisme anglo-saxon ; mais une telle opposition fait débat. Justifiée pour certains chercheurs, elle est considérée par d’autres comme une forme d’anti-américanisme[6].
Michel Pinton, L'identitarisme contre le bien commun : autopsie d'une société sans objet. Collection "Questions de société", éditions Fyp, Limoges, 2018.
Laurent Dubreuil, La Dictature des identités. Collection Le Débat, éditions Gallimard, Paris, 2019.
↑Jean Bernabé, La dérive identitariste, Éditions L'Harmattan, 2016, différents chapitres
↑Philippe Corcuff, La grande confusion. Comment l’extrême droite gagne la bataille des idées.éditions Textuel, collection « Petite Encyclopédie Critique », Paris, 2021
↑Nicolas Truong, « Danièle Sallenave : « L’identitarisme est la maladie du XXIe siècle » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).