James Barry (médecin)James Barry
James Miranda Stuart Barry, né Margaret Ann Bulkley vers 1789-1799 à Belfast ou Cork, et mort le à Londres, est un chirurgien militaire de l'armée britannique. Il sert en Inde et au Cap, en Afrique du Sud et atteint le grade d'inspecteur général chargé des hôpitaux militaires à la fin de sa carrière. Durant ses missions, Barry améliore non seulement les conditions des soldats blessés, mais aussi celles des habitants indigènes. Il est également le premier chirurgien britannique à pratiquer une césarienne en Afrique sans mener à la mort ni de l'enfant ni la mère[1]. Bien que le sexe attribué à la naissance de Barry soit féminin et qu'il soit élevé comme une fille[2],[3], nommée Margaret Ann Buckley, il est connu en tant qu'homme et a vécu sa vie d’adulte en tant que tel. Barry est considéré comme la première femme médecin britannique[4]. BiographieJeunesseSa biographie est mal connue et sujette à de nombreux mythes et spéculations. Dans sa recherche détaillée sur la jeunesse de Barry[5], Michael du Preez déclare que Barry est né à Cork en 1789, se basant sur une lettre de Mme Bulkley datée du dans laquelle elle écrit que son enfant a quinze ans[6]. Cette année est corroborée par le Dictionary of National Biography[7]. D'autres sources indiquent des années de naissance plus tardives, telles que 1792[8],[9] et 1795[10],[a], mais celles-ci sont presque certainement le résultat du besoin de Barry de mentir sur son âge dans des documents officiels afin de passer pour un jeune homme[11]. Selon le biographe Hercules Michael du Preez, Barry serait né à Cork en 1789, deuxième des trois enfants de Jeremiah et Mary-Ann Bulkley, il est nommé Margaret Ann à la naissance[4]. James Barry, peintre et professeur de peinture irlandais à l'Académie royale de Londres, est son oncle. Le père, Jeremiah, est propriétaire d'un commerce mais, détenu à la prison de Dublin, il laisse Mary-Ann Bulkley et Margaret sans moyens de subsistance, tandis que leur frère aîné John se marie[4]. Des lettres indiquent qu'en cette période financièrement difficile, un accord est établi entre Mary-Ann Bulkley, des amis de son frère et leur notaire afin que Margaret puisse intégrer l'école de médecine[4]. Une note d'un notaire indique que Mary-Ann et Margaret Bulkley voyagent jusqu'à Édimbourg par la mer à la fin du mois de [4]. Une lettre envoyée le à ce même notaire demande, au nom d'un certain James Barry, de lui faire suivre son courrier auprès de sa mère Mary-Ann, qu'il nomme sa tante. Il y mentionne qu'il « serait très utile que Mrs Bulkley ([sa] tante) ait un gentleman pour prendre soin d'elle à bord et avoir quelqu'un à ses côtés dans ce pays étrange », indiquant ainsi que Margaret aurait endossé une identité masculine, sous le nom de « James Barry », avant d'embarquer pour Édimbourg. Bien que la lettre en question soit signée par Barry, la mention « Miss Bulkley, » figure au dos de l'enveloppe[4]. FormationEn 1809, James Barry commence ses études à l'University of Edinburgh Medical School en littérature et en médecine et obtient son doctorat en médecine en 1812[12]. De retour à Londres, en tant qu'élève au Guy's Hospital ainsi qu'au St Thomas' Hospital[4], Barry réussit son examen auprès du Collège royal de chirurgie le [4]. CarrièreJames Barry est engagé comme assistant auprès de l'armée britannique le , à Chelsea puis à l'Hôpital royal militaire de Plymouth, où il est promu assistant en chirurgie[4]. Il aurait peut-être servi lors de la bataille de Waterloo. Il sert en Inde ainsi qu'en Afrique du Sud. Il arrive au Cap entre 1815 et 1817. Il devient ensuite inspecteur médical pour la colonie. Durant son séjour, il réalise un meilleur réseau hydraulique pour la ville du Cap, et effectue une des premières césariennes réussies. Il se fait des inimitiés en critiquant la manière dont sont gérées les questions médicales locales. Il est connu pour ses opinions franches et pour sa relation avec le gouverneur, Lord Charles Somerset, soupçonné d'homosexualité[13]. James Barry quitte Le Cap en 1828 à destination de l'île Maurice, de Trinidad et Tobago et de l'île de Sainte-Hélène. Il sert également à Malte, Corfou, en Crimée, en Jamaïque et, en 1831, au Canada. Il atteint le grade d'inspecteur général auprès de l'armée. Cependant, il est arrêté sur l'île de Sainte-Hélène en raison de problèmes de politique interne de l'île, et rétrogradé au sein l'équipe de chirurgie de l'armée. Il part pour les Indes occidentales en 1838, où il se concentre sur la pratique de la médecine et l'amélioration des conditions de vie des troupes. Il est promu Principal Medical Officer (« Principal officier médical »). Il contracte en 1845 la fièvre jaune et doit alors retourner en Angleterre. Il est envoyé à Malte en 1846, où il doit faire face à une épidémie de choléra, qui se serait achevée en 1850. Il part à Corfou en 1851 avec le grade de Deputy Inspector-General of Hospitals (« Inspecteur général adjoint des hôpitaux »). Durant la guerre de Crimée (1854–1856), Stuart et Florence Nightingale ont une dispute[14]. Il part en 1857 au Canada[15] comme inspecteur général des hôpitaux ; il s'occupe d'améliorer l'hygiène publique, la nourriture et les soins médicaux des prisonniers et des lépreux, ainsi que des soldats et de leurs familles. Retraite et mortIl prend sa retraite en 1864 et retourne en Angleterre. Il y meurt de dysenterie le et est enterré au cimetière de Kensal Green à Londres, sous le nom de James Barry et avec la mention de son rang militaire sur sa tombe[8]. Sophia Bishop, la personne chargée de préparer le corps de James Barry, examine le corps (contre la volonté du défunt) et révèle qu'il s'agit de celui d'une femme après les funérailles. La situation est abordée dans des lettres échangées entre Georges Graham, du General Register Office et le major D. R. McKinnon, le médecin de James Barry, qui a déclaré la mort de Barry et l'a déclaré comme homme à sa mort[8] :
— Georges Graham[8]
— D.R. McKinnon[8] De nombreuses personnes affirment qu'elles avaient toujours été au courant. Cependant, les archives de l'armée furent scellées pour cent ans et ce n'est que dans les années 1950 que l'historienne Isobel Rae y a accès. Elle conclut que le médecin James Barry est le neveu du peintre James Barry[16]. Genre et identitéDans une lettre reprochant à John Buckley, le frère aîné de Barry, d'avoir abandonné ses études de droit pour l'armée, Barry, alors âgé de 19 ans, écrit : « Si je n'étais pas une fille, je serais un soldat[17] ! » L'intérêt de Barry pour la médecine fut probablement encouragé par les amis libéraux du peintre James Barry, et juste avant de se rendre à Edimbourg pour s'inscrire en 1809 en tant qu'étudiant en médecine, Barry prit une identité masculine[18]. Sa petite taille, sa carrure fine, sa voix aiguë et ses traits délicats amenèrent son entourage à soupçonner que Barry n'était pas un homme mais un garçon pré-pubère[18]. Cette identité fut maintenue à travers sa formation chirurgicale et son recrutement dans l'armée britannique qui, au niveau des officiers, ne nécessitait alors pas d'examen médical[19]. Lors de sa première affectation à l'étranger au Cap, en Afrique du Sud, Barry devint un ami proche du gouverneur, Lord Charles Somerset, et de sa famille. Il a été suggéré que Lord Charles avait découvert le secret du Dr Barry et que cette relation était plus qu'une simple amitié[20]. Leur proximité donna lieu à des rumeurs et finalement à une brève accusation apparaissant sur un poste de pont au Cap le , l'auteur affirmant qu'il avait « détecté Lord Charles en train de baiser le Dr Barry »[21], donnant lieu à un procès et à une enquête, l'homosexualité étant à l'époque strictement illégale. Malgré ces allégations, si Somerset eut connaissance du sexe de Barry, il ne l'a pas révélé. Malgré ses efforts pour paraître masculin, la plupart des témoignages commentent l’aspect efféminé de Barry[22] — il avait cependant la réputation d'être un homme sans tact, impatient, ergoteur et obstiné[23], mais on considérait également qu'il avait un bon contact avec les malades et ses compétences professionnelles étaient reconnues[24]. Pendant la guerre de Crimée, Barry se disputa avec Florence Nightingale[14]. Après la mort de Barry, cette dernière écrit ceci :
Barry n'autorisait jamais personne à entrer dans sa chambre pendant qu'il se déshabillait, et répéta l'instruction selon laquelle « en cas de décès, des précautions strictes devraient être prises pour empêcher tout examen de sa personne »[23] et que son corps devrait être « enterré dans les draps sans autre inspection »[26]. Cette volonté ne fut pas respectée, et lorsque son sexe fut découvert, l'armée préféra ne pas ébruiter l'affaire. Son dossier fut mis sous scellés jusqu'en 1950, et les honneurs militaires lui furent refusés[27]. ControverseA. K. Kubba[8] suggère que Barry a pu être une personne intersexe et non pas une femme à la naissance. Un autre biographe, Holmes, aborde cette possibilité, mais exprime sa surprise que ce soit une question qui semble poser problème à tant de personnes[28]. Le postulat selon lequel Barry était intersexe a été critiqué pour des raisons à la fois biologiques (l'examen du corps a montré qu'il s'agissait d'une femme), sociales, et historiques (il est assez souvent arrivé dans le passé que des femmes se travestissent en homme pour pouvoir mener une vie libre et échapper à la condition à laquelle les contraignait la société). L'opinion de Kubba a été considérée comme reposant sur des preuves très minces[29], et dans une recension fondée sur l'ouvrage d'Holmes, Lourdon rejette la possibilité que Barry ait pu être intersexe[30]. L'éventualité de son intersexuation a été considérée par certains théoriciens LGBT et féministes comme une tentative de lui accoler des caractéristiques cis masculines pour écarter la possibilité qu'une femme ou qu'un homme transgenre ait pu tant accomplir[31],[32]. Un point de vue alternatif à la vision plus biologique consiste à dire que ne pas avoir d'identité sexuelle permet une sorte de « résistance au genre »[33]. Postérité
Notes et référencesNotes
Références(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « James Barry (surgeon) » (voir la liste des auteurs).
Bibliographie
Voir aussiArticle connexeLiens externes
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