La maison Jaquot-Jeanpierre (puis Jacquot-Lavergne) fut la plus grande entreprise vosgienne de facture d’orgue au XIXe siècle et eut des prolongements jusqu’à nos jours avec la manufacture vosgienne de grandes-orgues de Rambervillers, ville qui fut, presque depuis le début, le berceau de cette entreprise familiale.
Personnalités
Jean-Nicolas Jeanpierre, troisième du prénom, est le fondateur de la manufacture de Rambervillers en 1853 après quelques années à Nompatelize. Il est né à Ventron le , fils d’un horloger et facteur d'orgue prénommé Jean-Baptiste. Mais son père meurt jeune alors qu’il n’a lui-même que 11 ans, et c’est donc en autodidacte qu’il apprend son métier. Passionné par la facture d'orgue, il invente divers instruments comme l'Organon, vers 1830, un protopype du futur harmonium. N'ayant pas déposé de brevet, l'invention fut reprise par Debain qui revendiqua l'invention ; Cavaillé Coll, à Paris, avait les mêmes préoccupations en concevant son poïkilorgue. Il réalise également le Métroton, appareil destiné à accorder les orgues selon le tempérament égal, ainsi qu'un compas destiné à mesurer les feuilles de métal. Son entreprise prenant de l’essor, il s’associe avec son gendre Nicolas-Théodore Jaquot sous la raison sociale « Jaquot-Jeanpierre » en 1863. À la tête de son entreprise jusqu’en 1871, il décède à Rambervillers le , à l’âge de 62 ans.
Nicolas-Théodore Jaquot, fils de menuisier, nait le à Lunéville. Il part à Paris parfaire sa formation chez Joseph Merklin puis, comme contremaître, chez l’abbé Migne pour lequel il monte l’orgue de l'église Notre-Dame de Bar-le-Duc en 1860. Rentré en Lorraine, il épouse une des filles de Jean-Nicolas Jeanpierre et devient l’associé de son beau-père en 1863. Il prend peu à peu la direction de la société et en 1879 s’associe avec un de ses collaborateurs Charles Didier sous la raison sociale « Jaquot-Jeanpierre & Cie » qui devient très florissante. En 1894 Charles Didier le quitte pour fonder son propre atelier à Nancy sous le nom de Charles Didier-Van Caster (nom de son épouse). Nicolas s’associe alors avec son fils Ernest-Théodore au sein d’une nouvelle société : « Jaquot-Jeanpierre & Fils » dissoute en 1918 en raison du décès de Nicolas-Théodore le .
Ernest-Théodore Jaquot ( – ) fonde alors une nouvelle société sous le nom « Th. Jaquot Fils, Successeur » puis, en 1928, y associe son fils Pierre sous la raison sociale « Th. Jacquot & Fils », le patronyme gagnant un C pour l’occasion.
Pierre Jacquot ( – ) et son père Ernest-Théodore s’associent en mai 1936, sous le nom de Jacquot-Lavergne, avec un employé de Cavaillé-Coll-Convers, engagé en 1931 pour s’occuper des orgues à transmission électrique, René Lavergne ( - ). Celui-ci, après le décès d’Ernest-Théodore, dépossède peu à peu Pierre de la direction de l’établissement, lequel après sa rentrée de captivité en 1945 n'occupera plus qu'une position subalterne au sein de l'entreprise.
À la suite de soucis de gestion, René Lavergne vend l’affaire en mai 1962 à la maison Danion-Gonzalez qui transfère son atelier parisien à Rambervillers. Georges Danion, ayant ouvert une nouvelle manufacture à Lodève, cède en 1988 à Bernard Dargassies l’entreprise qui devient la Manufacture de Grandes Orgues Dargassies-Gonzalez, puis dix ans plus tard Manufacture vosgienne de grandes orgues, à la faveur du rachat par Gilbert Claudel, Dargassies restant directeur technique.
Depuis mars 2007, Yann Michel et Sylviane Rochotte assurent les fonctions de gestionnaire de la Manufacture Vosgienne de Grandes Orgues.