Après ses études, il travaille deux ans à l'université de l'Illinois à Urbana-Champaign. Il publie aux États-Unis un recueil de nouvelles qui reprend pour titre celui du court roman qu'il contient, Le Mobile (El móvil, 1987), qui sera republié séparément en 2003. Cercas écrit également aux États-Unis son deuxième roman, À petites foulées (El inquilino), paru en 1989, l'année même où il est nommé professeur de littérature espagnole à l'université de Gérone.
En 1994, Cercas publie l'essai La obra literaria de Gonzalo Suárez (littéralement : L'œuvre littéraire de Gonzalo Suárez), sur le célèbre cinéaste et romancier, puis le roman El vientre de la ballena (1997) qui passe inaperçu. Encore peu connu comme écrivain, il continue de recevoir les encouragements à écrire de son ami, le célèbre romancier chilien Roberto Bolaño, qui est persuadé de son talent.
La notoriété vient à Javier Cercas avec son roman Les Soldats de Salamine (Soldados de Salamina, 2001), révélé par Mario Vargas Llosa dans un article célèbre[1], et qui obtient, par ailleurs, les éloges de John Maxwell Coetzee, Doris Lessing et Susan Sontag. Les Soldats de Salamine se présente comme une recherche historique menée par un journaliste sur un épisode de la vie d'un personnage réel de la guerre civile espagnole, l'idéologue de la Phalange et écrivain Rafael Sánchez Mazas, celui dans lequel ce personnage parvient à s'échapper d'un peloton d'exécution républicain. Il est poursuivi et retrouvé par un milicien qui le regarde et le laisse partir, ce qui lui sauve la vie. L'intrigue du roman est la recherche de l'identité de ce personnage anonyme[2].
Le roman À la vitesse de la lumière (La velocidad de la luz, 2005), a également pour sujet un conflit armé, cette fois la guerre du Viêt Nam, où, contrairement à ce qu'il développait dans ses œuvres précédentes, il refuse tout message d'espoir et plonge dans le mal qui se trouve tout autant que le bien dans le cœur humain[3]. En parallèle au récit du soldat brisé par la culpabilité se déploie le récit d'un auteur espagnol bouleversé par le grand succès de son précédent roman. En 2017, le film El autor, réalisé par Manuel Martín Cuenca, est une adaptation de ce roman, avec Javier Gutiérrez dans le rôle de l'écrivain.
Le recueil de divers textes intitulé La verdad de Agamenón se compose de quatre parties : Autobiografías parle de voyages, de passions et de souvenirs personnels ; Cartas de batalla est constitué de textes controversés sur l'histoire et la littérature récente ; Nuevos relatos reales sont des histoires humoristiques et Los contemporáneos sont des essais sur des écrivains admirés par auteur.
Cercas s'est largement inspiré d'El Vaquilla pour créer le personnage de Zarco dans son roman Les Lois de la frontière (Las leyes de la frontera, 2012).
En 2014, il publie un nouveau roman, L'Imposteur (El impostor). Si ce roman, de nouveau, n'est pas une simple fiction, il est enrichi des fictions de son personnage principal, Enric Marco. Figure réelle et médiatique de l'Espagne du XXe siècle post-franquiste, Enric Marco s'est tour à tour présenté comme un fervent anti-franquiste, un profond anti-fasciste et même une victime de la politique concentrationnaire des nazis. En somme et dans tous les cas de figure, un résistant. Or ses mensonges ont été dévoilés et l'homme cloué au pilori médiatique. Javier Cercas s'interroge sur ce don Quichotte moderne[6], ce Narcisse fabulateur qui refuse la médiocrité de sa vie, de son humanité et qui, par conséquent, remplit ce vide de son jeu d'acteur cabot, de ses paroles d'écrivain kitsch[7].
En 2017, il publie Le monarque de l'ombre (El monarca de la sombra), roman dans lequel il se plonge dans son histoire familiale à travers la figure de l’oncle de sa mère, soldat franquiste mort lors de la bataille de l’Ebre à l’âge de 19 ans durant la guerre civile espagnole.
Javier Cercas remporte le prix Salammbô(es) (2001), le prix Grinzane-Cavour (2003), le prix de la Critique du Chili, le prix de la ville de Barcelone et de la ville de Carthagène, le deuxième prix Librero (2001) et la médaille de l'Estrémadure(es) (2005), tous accordés par la critique. Il remporte le prix Méditerranée étranger en 2014 pour cinquième roman, Les Lois de la frontière (2014). En 2015 le Prix littéraire de l'Université Inter-Ages du Dauphiné (UIAD) lui est attribué pour ce même roman. Prix Ulysse en 2013 pour l'ensemble de son œuvre.
Son œuvre est traduite dans plus de vingt langues.
Outre son travail de romancier, Javier Cercas est un collaborateur régulier de l'édition catalane et du supplément dominical du journal El País. C'est aussi un chroniqueur. Ses articles sont rassemblés dans Una buena temporada (1998) et Relatos reales (2000).
Œuvre
Romans
El móvil (1987), réédition Barcelone, Tusquets, 2003
Publié en français sous le titre Le Mobile, traduit par Élisabeth Beyer et Aleksandar Grujičić, Arles, Actes Sud, coll. « Lettres hispaniques », 2016, 96 p. (ISBN978-2-330-06896-7)
El inquilino (1989), réédition Barcelone, Círculo de Lectores, 2002
Publié en français sous le titre À petites foulées, traduit par Élisabeth Beyer et Aleksandar Grujicic, Arles, Actes Sud, coll. « Lettres hispaniques », 2004, 139 p. (ISBN2-7427-4638-2)
El vientre de la ballena (Barcelone, Tusquets, 1997)
Soldados de Salamina (Barcelone, Tusquets, 2001)
Publié en français sous le titre Les Soldats de Salamine, traduit par Élisabeth Beyer et Aleksandar Grujicic, Arles, Actes Sud, coll. « Lettres hispaniques », 2002, 236 p. (ISBN978-2-742-73935-6) ; réédition, Arles, Actes Sud, coll. « Babel » no 621, 2004 (ISBN2-7427-4649-8) ; réédition, Paris, LGF, coll. « Le Livre de poche » no 30353, 2005 (ISBN2-253-11356-5)
La velocidad de la luz (Barcelone, Tusquets, 2005)
Publié en français sous le titre À la vitesse de la lumière, traduit par Élisabeth Beyer et Aleksandar Grujicic, Arles, Actes Sud, coll. « Lettres hispaniques », 2006, 285 p. (ISBN978-2-742-76276-7) ; réédition, Arles, Actes Sud, coll. « Babel » no 865, 2008 (ISBN978-2-7427-7253-7) ; réédition, Paris, LGF, coll. « Le Livre de poche » no 31987, 2010 (ISBN978-2-253-12275-3)
Publié en français sous le titre Anatomie d'un instant, traduit par Élisabeth Beyer et Aleksandar Grujicic, Arles, Actes Sud, coll. « Lettres hispaniques », 2010, 427 p. (ISBN978-2-7427-9215-3) ; réédition, Arles, Actes Sud, coll. « Babel » no 1166, 2013 (ISBN978-2-330-01775-0)
Publié en français sous le titre Les Lois de la frontière, traduit par Élisabeth Beyer et Aleksandar Grujicic, Arles, Actes Sud, coll. « Lettres hispaniques », 2014, 352 p. (ISBN978-2-330-02710-0) ; réédition, Arles, Actes Sud, coll. « Babel » no 1338, 2015 (ISBN978-2-330-05325-3)
El impostor (Barcelone, Literatura Random House, 2014)
Publié en français sous le titre L'Imposteur, traduit par Élisabeth Beyer et Aleksandar Grujičić, Arles, Actes Sud, coll. « Lettres hispaniques », 2015, 448 p. (ISBN978-2-330-05307-9)[8] ; réédition, Arles, Actes Sud, coll. « Babel » no 1485, 2017 (ISBN978-2-330-08161-4)
El monarca de las sombras (2017)
Publié en français sous le titre Le Monarque des ombres, traduit par Aleksandar Grujičić et Karine Louesdon, Arles, Actes Sud, coll. « Lettres hispaniques », 2018, 320 p. (ISBN978-2-330-10919-6)
Série Melchor Marín
Terra Alta, 2019
Publié en français sous le titre Terra Alta, traduit par Aleksandar Grujičić et Karine Louesdon, Arles, Actes Sud, coll. « Lettres hispaniques », 2021, 320 p. (ISBN978-2-330-15014-3)
Independencia, 2021
Publié en français sous le titre Terra Alta, volume 2, Indépendance, traduit par Aleksandar Grujičić et Karine Louesdon, Arles, Actes Sud, coll. « Lettres hispaniques », 2022, 339 p. (ISBN9782330165437)
El castillo de Barbazul, 2022
Publié en français sous le titre Terra Alta, volume 3, Le Château de Barbe-Bleue , traduit par Aleksandar Grujičić et Karine Louesdon, Arles, Actes Sud, coll. « Lettres hispaniques », 2023, 352 p. (ISBN9782330176303)
Essais
La obra literaria de Gonzalo Suárez (Barcelone, Sirmio, 1993)
Àlbúm Galmes (2002), recueil d'études littéraires et de biographies dédié à Ponç Puigdevall
Diálogos de Salamina: un paseo por el cine y la literatura (2003), ouvrage dédié à David Trueba
El punto ciego (2016)
Publié en français sous le titre Le Point aveugle[9], traduit par Élisabeth Beyer et Aleksandar Grujičić, Arles, Actes Sud, coll. « Un endroit où aller » no 272, 2016, 222 p. (ISBN978-2-330-06895-0)
Chroniques, articles, préfaces, divers
Una buena temporada (1998)
Relatos reales (Barcelone, Tusquets, 2000)
La verdad de Agamenón. Crónicas, artículos y un cuento (Barcelone, Tusquets, 2006)
Felipe Alaiz, El arte de escribir sin arte (2012), préface de Javier Cercas