Jean-Jacques Champin naît en 1796 à Sceaux dans l'actuelle rue des Écoles, ses parents étant Pierre Champin et son épouse née Amélie Cauchoix. Pierre Champin, écuyer fourrier du logis du Roi, maire de Sceaux, fut également graveur et contribua à établir le plan des jardins de Sceaux-Penthièvre : en même temps qu'il doit son prénom à l'admiration parentale pour Jean-Jacques Rousseau, cet artiste doit son goût pour le paysagehistorique à cette vocation paternelle[1].
Du premier mariage de Jean-Jacques Champin avec Antoinette Céleste Biolay naîtront trois enfants, Antoine Pierre, Marie Adélaïde, et Amélie Louise. La santé délicate de Céleste contraint le couple à vivre un temps en Bourgogne avant de s'installer à Paris en 1815. Champin s'y intéresse à un art encore nouveau, la lithographie (inventée en 1798) et produit ainsi en 1816 sa première lithographie, L'Église de Sceaux et l'entrée du parc de Trévise[1].
Élève de Félix Marie Ferdinand Storelli et de Jacques Auguste Regnier, ce dernier demeuré fidèle à la pédagogie de son propre maître, Jean-Victor Bertin, par la pratique de la peinture d'histoire et du paysage d'après nature, Jean-Jacques Champin se consacre ainsi principalement aux paysages historiques. Il entreprend à cette fin des voyages, depuis la visite de la Grande Chartreuse en 1823, les Pyrénées en 1825, jusqu'à l'Italie en 1830[1] et, en liaison avec Regnier, produit les Vues pittoresques des principaux châteaux et des maisons de plaisance des environs de Paris et des départements (parmi lesquelles le pavillon de chasse de Charles X au bord de l'étang de la Tour, dans la forêt de Rambouillet[2]) en 1826, les Habitations des personnages les plus célèbres de la France depuis 1790 jusqu'à nos jours de 1831 à 1835, La Seine et ses abords en 1836, Paris historique. Promenades dans les rues de Paris (trois tomes en 1838).
En 1835, année du décès de son épouse Céleste, Jean-Jacques Champin installe son atelier au no 2 rue des Pyramides à Paris. Le [3], il épouse en secondes noces Elisa Honorine Pitet, aquarelliste et lithographe attachée aux thèmes des fleurs et des fruits[4], union dont naît une fille, Marie Claire, en 1838. Le couple est amicalement et régulièrement reçu à Sceaux par Napoléon Mortier de Trévise et son épouse née Anne-Marie Leconte Stuart, héritière du domaine. Jean-Jacques Champin dessine Sceaux, Fontenay-aux-Roses, Bagneux, Le Plessis-Robinson, Verrières-le-Buisson, Meudon, la vallée de Chevreuse, le parc du Mesnil à Savigny-sur-Orge[5], Étampes, cette part de son œuvre faisant document sur le développement du chemin de fer qui est le mode de déplacement utilisé, tandis que son épouse peint des fleurs chez Vilmorin à Verrières-le-Buisson[1]. Il contribue ensuite par ses dessins au Magasin pittoresque, à La Mode, à L'Illustration (de 1835 à 1854) et à de nombreuses autres publications illustrées de son temps. Le Dictionnaire Bénézit[4], Gérald Schurr[6] et Micheline Henry[1] s'accordent à rappeler que, vers 1850-1852, Jean-Jacques Champin exécute des tableaux religieux qui, à l'instar de Jésus sur la montagne, L'Entrée du Christ à Jérusalem, Jésus aux oliviers, sont remarqués par la critique de leur temps[7], part de l'œuvre que le deuxième qualifie d'« assez austère »[6] et où la troisième discerne l'influence de l'orientalisme[1].
Il est inhumé au cimetière de Montmartre (1ère division).
Contributions bibliophiliques
Jean-Jacques Champin (notice historique de Félix Crozet), Excursion à la Grande Chartreuse en montant par Saint-Laurent-du-Pont, visitant les bords du Guyer-Mort et descendant par le Sapey, recueil de trente-six planches de vues dessinées d'après nature, Prudhomme, 1838.
Album lyonnais - Vues pittoresques de Lyon et de ses environs dessinées et lithographiées par Jean-Jacques Champin, Jules Coignet, Adrien Dauzats, Desjardins, Édouard Hostein et Louis Villeneuve, Imprimerie Lemercier, Paris, 1839[9].
Jean-Jacques Champin, Album portatif de l'Italie, destiné à l'étude du paysage d'après nature, trente-deux lithographies (vues de Gênes, Rome, Florence, Naples, H. Gache, Paris, 1840.
Salvador Tuffet, Paris-Orléans ou parcours pittoresque du chemin de fer de Paris à Orléans - Paysages, sites, monuments, aspects de localités par Champin, cinquante lithographies par Jean-Jacques Champin, A. Collin et Cie, 1845[10].
Jean-Jacques Champin, Album portatif de la Suisse destiné à l'étude des paysages d'après nature, H. Gache, éditeur d'estampes à Paris, sans date (vers 1840-1850).
Boulevards de Paris, vues de Paris signées Jean-Jacques Champin et gravées par Andrew Best-Leloir, L'Illustration, 1846[11].
Jean-Jacques Champin, Album portatif dédié aux amateurs et particulièrement aux voyageurs en Suisse - Quarante dessins d'après nature, Paris, 1850.
Théophile Lavallée, Histoire de Paris depuis le temps des Gaulois jusqu'en 1850, quarante planches par Jean-Jacques Champin, Éditions J. Hetzel, 1850.
Francis de Laporte de Castelnau, Expédition dans les parties centrales de l'Amérique du Sud, de Rio de Janeiro à Lima et de Lima au Pará, exécutée par ordre du gouvernement français pendant les années 1843 à 1847, sous la direction de Francis de Castelnau, lithographies de Jean-Jacques Champin, P. Bertrand, libraire éditeur, 1850.
Alexandre Michal Ladichère, Uriage et ses environs - Guide pittoresque et descriptif, gravures de Jean-Jacques Champin d'après Alexandre Debelle, Édition Établissement thermal d'Uriage / Merle, libraire à Grenoble, 1859[12].
Salon de peinture et de sculpture, Paris, de 1819 à 1859 (médaille d'encouragement en 1822, médaille de deuxième classe en 1824, médaille de première classe en 1831)[1].
Le dessin français de paysage aux XVIIe et XVIIIe siècles, Musée d'Île-de-France, Sceaux, mai-[14].
Paysages à Sceaux, bibliothèque municipale de Sceaux, [15].
Paysages du romantisme à l'impressionnisme. Les environs de Paris, château du Domaine départemental de Sceaux, mars-[16].
Expositions personnelles
Reflets du XXe siècle : Jean-Jacques Champin (1796-1860), bibliothèque municipale de Sceaux, mai-.
Jean-Jacques Champin. Paysages de Chartreuse, mairie de Saint-Laurent-du-Pont, mars-.
Réception critique
« C'est à lui que nous devons les aquarelles les plus importantes qui aient jamais été faites. Il s'est placé depuis longtemps au nombre de nos plus habiles lithographes, et travaille ardemment à perfectionner cet art qui ne manque pas d'avenir. Jean-Jacques Chamin a publié deux ouvrages fort remarquables. Nous voulons parler de Paris Historique, dont le texte est sorti de la plume élégante et spirituelle de Charles Nodier, et surtout La Grande Chartreuse, série de vues admirablement exécutées et d'une exactitude parfaite. » - Jules Robert[17].
« Il tient de ses maîtres Félix Storelli et surtout Auguste Regnier, disciple de Bertin et fidèle au paysagisme historique, la rigueur dans l'écriture et le goût des monuments. Il procède par vues plongeantes, éclaire les grandes masses et les foules par des effets de lumière qui en hiérarchisent habilement le rôle et l'importance. Ses couleurs sont franches mais délicates, ses compositions toujours rythmées par de grandes verticales. » - Gérald Schurr[18].
« Jean-Jacques Champin est un artiste peintre spécialisé dans les vues d'architecture, particulièrement celles de la région parisienne qui ont fait sa notoriété. C'est à lui que The Illustrated London News commande pour le nouvel an 1848 un panorama de Paris, vu du haut des tours de Notre-Dame, dont la gravure gigantesque est un véritable chef-d'œuvre de virtuosité… À cette vaste planche, répond l'illustration liminaire, par le même artiste, du Tableau de Paris à vol d'oiseau (1857), vue prise du clocher de Saint-Louis-en-l'Île. Ces deux gravures d'exception et de prestige témoignent de l'attrait que présente l'architecture urbaine des grandes capitales pour les grands journaux illustrés de l'époque, à la fois concurrents et complices, et soulignent le prestige de Paris au sein de cette famille de journaux qui fonctionne presque comme un groupe de presse. » - Ségolène Le Men[19].
↑Jules Robert, Album du Salon de 1840, Paris,, Challamel éd., 1840.
↑ a et bGérald Schurr, Les petits maîtres de la peinture, valeur de demain, Les Éditions de l'Amateur, tome 6, 1985, pp. 16-17.
↑Ségolène Le Men, « La ville vive. Représentations architecturales dans « L'Illustration », in Les périodiques d'architecture, XVIIIe – XXe siècle, École des chartes, 2001, pp. 39-65.
↑Agnes Mongan, David to Corot - French drawings in the Fogg Art Museum, Harvard University Press, 1996, pages 24-25.
Jules Robert (préface du baron Isidore Taylor), Album du Salon de 1840. Collection des principaux ouvrages exposés au Louvre reproduits par les peintres eux-mêmes, Paris, Challamel éd., 1840.
(en) Mychael Bryan, Dictionary of painters and engravers biographical and critical, Londres, Robert Edmund Graves / George Bell & Sons, 1886.
Pierre Hainglaise et François Boucher, Jean-Jacques Champin, dessinateur, peintre, lithographe (1796-1860), Imprimerie de la Haute-Loire, 1937.
Pierre Hainglaise et François Boucher, « Jean-Jacques Champin », Bulletin des amis de Sceaux, 1937, p. 31–82.
Jean-Michel Leniaud et Béatrice Bouvier (dir.), Les périodiques d'architecture, XVIIIe – XXe siècle, École des chartes, Paris, 2001.
Textes réunis par Alain Guyot et Chantal Massol, Voyager en France au temps du romantisme. Poétique, esthétique, idéologie, Grenoble, Ellug, Université Stendhal, 2003.
Thierry Cazaux, Paris romantique, la capitale des enfants du siècle, Éditions Parigramme, 2012 (présentation en ligne).