Jean De Mesmaeker naît à Bruxelles le [1]. Enfant, il s'initie au dessin en recopiant des aventures de Tintin et s'oriente ensuite vers une carrière artistique en étudiant à l'Institut Saint-Luc[2]. Influencé par le travail de Maurice Tillieux et de sa série Félix, il crée une série policière dont le héros est également un détective du nom de Ginger dont les premières planches apparaissent en 1954 dans le journal Héroïc-Albums[3], dirigé par Fernand Cheneval[2], aux côtés de Greg, Tibet et Tillieux lui-même[4]. C'est alors qu'il prend le pseudonyme de « Jidéhem », créé à partir des initiales de son nom[2]. La série s'interrompt après sept épisodes[5] en 1956, date de la disparition de la publication, et ne réapparait que plus de vingt ans plus tard, en 1976, dans Spirou[6].
Spirou, Gaston et Sophie
En 1957, grâce à Tillieux[7], il entre au journal Spirou[8]. Charles Dupuis l'envoie épauler André Franquin sur les séries Spirou et Fantasio et Gaston Lagaffe[9], pour lesquelles le jeune homme assure les décors et l'encrage[10]. Il fait alors la connaissance de celle qui deviendra son épouse, Gwendoline, qui est alors la secrétaire d'Yvan Delporte[9], rédacteur en chef de Spirou depuis 1955[11]. Peu après, appuyé par ce dernier[11], il reprend à Franquin les illustrations de la série Starter — nom d'un jeune mécanicien qui fait des « essais voiture » —, chronique écrite par Jacques Wauters et qu'il continuera jusque dans les années 1980[2]. Finalement, Sophie, petite fille espiègle et malicieuse créée dans l'aventure de StarterL'Œuf de Karamazout, est si populaire qu'elle devient l'héroïne d'une série de vingt albums publiés jusqu'en 1995 chez Dupuis[2]. Starter connut deux aventures avant l'apparition de Sophie : la première, Starter contre les casseurs , est publiée dans la collection « Péchés de jeunesse » et la seconde, La Maison d'en face, constitue l'album no 6 des aventures de Sophie.
La collaboration avec Franquin se concrétise par la prise en charge des décors de la série Gaston Lagaffe, mais également par la mise en place des personnages et du scénario : c'est presque cinq cents gags de la série que Jidéhem dessine en collaboration avec son mentor[11], qui envisage même un moment de lui transmettre la série[2]. Jidéhem aura suffisamment inspiré Franquin pour que ce dernier utilise ses propres expressions pour les conversations du héros gaffeur[12] et lorsque André Franquin crée un personnage d'homme d'affaires acariâtre, Jidéhem lui trouve quelque ressemblance avec son propre père et, avec son accord, Franquin nomme le personnage M. De Mesmaeker[13]. Partageant crayonnés et encrages avec Franquin de manière indifférenciée, Jidéhem est pratiquement le coauteur de la série jusqu’en 1968, date à laquelle Franquin abandonne Spirou et Fantasio pour se consacrer davantage à Gaston[7].
Parallèlement, Jidéhem travaille dans la publicité pour Benoît Gillain et réalise seul trois aventures de Joseph Tripoté de 8 planches chacune dans Bonux Boy de 1960 à 1961[17]. Il illustre les publicités d'apprentissage des langues avec la méthode Assimil en 1962 ainsi que les publicités pour la colle UHU avec le personnage de Uhu-Man sur des scénarios d'Yvan Delporte en 1967[18]. La publication de ces publicités se fait également dans Tintin[18].
En outre, Jidéhem participe à divers albums collectifs dont Il était une fois... Les Belges (Le Lombard, 1980), Catalogue imaginaire (Dupuis, 1985), Spécial animaux - 7 chefs-d'œuvre drôles, émouvants et tendres (Dupuis, 1986), Parodies - ... par leurs vrais auteurs ! (MC Productions, 1987), Chansons cochonnes (Topgame, 1990), Bill a disparu ! (Vents d'Ouest, 1990) et Jospin dans tous les pétrins (Pictoris Studio, 1998)[19].
Jidéhem a épousé Gwendoline surnommée Jiji, ensemble ils ont eu une fille prénommée Sophie qui deviendra sous son crayon l’un des personnages emblématiques du journal Spirou et qui a pour parrain Roba[20].
↑ a et bFranquin, José-Louis Bocquet et Éric Verhoest, Franquin : chronologie d'une œuvre, Monaco, Marsu Productions, , 192 p. (ISBN978-2-35426-010-1), p. 1929.
↑Collectif, Gaston de A à Z, l'histoire du plus grand gaffeur, Hachette, , 110 p. (ISBN9782357105621), « Les M'enfin et les Bof qui émaillent la conversation de Gaston sont du Jidéhem dans le texte : “C'était comme cela que je parlais à l'époque”, avouera-t-il plus tard » ; p. 38.
↑Jean Pirotte et Luc Courtois, Du régional à l'universel : l'imaginaire wallon dans la bande dessinée, Fondation wallonne Pierre-Marie et Jean-François Humblet, , p. 234.
[catalogue] publié à l'occasion de l'exposition La bande dessinée en Belgique, Bibliothèque Albert Ier, [Bruxelles], du au .
Luc Courtois, Du régional à l'universel. : L'imaginaire wallon dans la bande dessinée., Louvain-la-Neuve, Fondation wallonne Pierre-Marie et Jean-François Humblet, , 310 p. (ISBN978-2-9600072-3-7 et 2960007239, OCLC1075833932), p. 216-217lire sur Google Livres