Joseph Rémi Léopold Delbœuf est un mathématicien, philosophe et psychologue belge né en 1831 à Liège, et mort en 1896 à Bonn. Psychologue très respecté de son vivant, auteur d'une œuvre considérable et diversifiée, il est connu pour ses travaux sur l'hypnose et pour son importante contribution aux débats autour de la psychophysique. Il enseigna principalement à l'université de Liège.
En 1885, lors d'une visite à la Salpêtrière, il assiste, en compagnie de Hippolyte Taine, à une séance d'hypnose donnée par Jean-Martin Charcot dans laquelle ce dernier obtient des vésications par suggestion. Lors de cette même visite, il assiste à des séances d'Alfred Binet et Charles Féré visant à illustrer des phénomènes de transfert de symptômes d'un membre à l'autre par l'utilisation de l'aimant. En 1886, il publie Une visite à la Salpêtrière et commence à pratiquer le magnétisme.
En 1887, sa conférence à la classe des sciences de l'académie royale de Belgique sur l'Origine des effets curatifs de l'hypnotisme suscite une vive polémique dans la presse médicale belge.
En 1888, il se rend à l'école hypnologique de Nancy pour rencontrer Ambroise-Auguste Liébeault, Hippolyte Bernheim, Jules Liégeois et Henri Beaunis. Cette même année, il publie L'hypnotisme et la liberté des représentations publiques pour défendre le droit des hypnotiseurs de spectacle, tels le liégeois Alfred D'Hont, alias Donato. La position de Delbœuf a fait l'objet d'une controverse dans un congrès historique à Paris en 1889 avec le neurologue suisse Paul-Louis Ladame qui s'opposait vivement à ce que l'hypnose puisse être utilisée par des non-médecins. En 1890, dans Magnétiseurs et Médecins, Delboeuf demande « que chacun puisse faire de l'hypnotisme public ou privé, sous sa propre responsabilité ».
En dehors de cette polémique, Delbœuf est surtout connu pour ses apports théoriques sur l'hypnose, ses travaux dans le champ de la psychologie expérimentale[1] et son livre sur le rêve. Il est probable qu'il ait rencontré Sigmund Freud, en tout cas ce dernier fait référence à Delbœuf dans ses commentaires sur l'hypnose et sur le rêve[2].
Essai de logique scientifique - Prolégomènes (suivi d'une étude sur la question du mouvement considérée dans ses rapports avec le principe de contradiction), 1865, C. Muquardt & Ladrange, Liège - Paris, texte en ligne
Études psychophysiques sur la mesure des sensations, 1873, C. Muquardt, Bruxelles
La psychologie comme science naturelle, son présent et son avenir, 1876, C. Muquardt, Bruxelles, texte en ligne
Théorie générale de la sensibilité, 1876, C. Muquardt, Bruxelles
Étude critique de la loi psychophysique de Fechner, 1883
Éléments de psychophysique générale et spéciale, 1883
Le sommeil et les rêves considérés principalement dans leurs rapports avec les théories de la certitude et de la mémoire, 1885, Félix Alcan, Paris, 262 pages, texte en ligne
François Duyckaerts, « Les références de Freud à Delbœuf », Revue internationale d'histoire de la psychanalyse, 6, 1993, p. 231-250.
(en) Serge Nicolas, « Joseph Delboeuf on Visual Illusions: A Historical Sketch », The American Journal of Psychology, Vol. 108, No. 4 (Hiver, 1995), pp. 563-574.
(en) S. Nicolas, D.J. Murray, B. Farahmand, « The psychophysics of J-R-L Delbœuf », 1997
Notes et références
↑Voir l'analyse qu'en fait Henri Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience, , chapitre I, "De l'intensité des états psychologiques".