En 1932, il s'inscrit au parti nazi et intègre la SS. Lors des élections en 1933, il commence réellement sa carrière en tant qu'auxiliaire de police. En un an, il passe du rang de SS-Oberscharführer (adjudant) à celui de SS-Hauptsturmführer (capitaine). Il est alors détaché pour travailler dans l'administration SS de Münster et Hambourg.
Au cours de l'automne 1938, il est promu au rang de SS-Standartenführer (colonel). À la suite de l'invasion de la Pologne, il est nommé commandant d'une milice d'Allemands de Pologne (Selbstschutz) chargée de la liquidation des élites polonaises, puis chef d'un district SS créé dans la région de Gnesen au sein de la province polonaise annexée de Posnanie : le Reichsgau Wartheland. En , il abandonne son prénom Joseph, jugé trop « juif », et prend celui de Jürgen.
De la Russie à la destruction du ghetto de Varsovie
En tant que vétéran de la Première Guerre mondiale, Stroop s'était formé aux nouvelles techniques de lutte contre les partisans en Ukraine. Il donne l'ordre de « brûler les habitations, quartiers par quartiers, maisons par maisons et de tuer ou déporter l'ensemble des habitants » ; cinquante mille résidents du ghetto périssent. Il dresse alors un rapport circonstancié en trois exemplaires, communément appelé rapport Stroop, qu'il envoie à Himmler et à Krüger ; ce rapport, retrouvé après la guerre, va être utilisé lors du procès de Nuremberg[2],[3].
En , Stroop est nommé HSSPf (Höhere SS- und Polizeiführer pour la Grèce qui vient de passer sous contrôle allemand après la défection de l’allié italien. Ses méthodes énergiques, répression et renforcement des forces de police auxiliaires grecques, lui valent l'hostilité des autorités civiles locales et ne lui permettent pas de rétablir l'ordre. Il est muté et nommé, en , HSSPf pour la Rhénanie, la Sarre-Palatinat, les territoires annexés du Luxembourg et de Lorraine jusqu'à la fin de la guerre. Durant son commandement, il fait exécuter des pilotes américains abattus par la DCA allemande.
Stroop est à l'arrière, les mains dans le dos, pendant qu'un SS-Sturmbannführer interroge des combattants juifs arrêtés, au premier plan.
Expulsion de Juifs du ghetto. Photo extraite du rapport de de Jürgen Stroop à Heinrich Himmler, comportant la Légende : Mit Gewalt aus Bunkern hervorgeholt « Sortis de force de leur abri ». Cette photo est l'une des plus célèbres de la Seconde Guerre mondiale[4].
Page de couverture du rapport Stroop de titre Es gibt keinen jüdischen Wohnbezirk in Warschau mehr ! « Il n'y a plus de ghetto juif à Varsovie ! »
Jugement
Stroop est arrêté le . Un tribunal militaire américain siégeant à Dachau le condamne à mort le pour avoir fait exécuter sommairement des pilotes alliés tombés derrière les lignes allemandes ; la sentence n'est pas appliquée immédiatement car il est ensuite extradé vers la Pologne pour y être jugé également. Pendant qu'il attend son procès à la prison Mokotów de Varsovie, il est placé dans la même cellule que Kazimierz Moczarski, ancien résistant polonais emprisonné par la police secrète communiste.
Le compagnon de cellule polonais de Stroop, Moczarski, est libéré en 1956 et publie un livre qui raconte sa détention auprès de Stroop et qu'il intitule Entretiens avec le bourreau. Il affirme que Stroop aurait tué le Generalfeldmarschall Günther von Kluge , alors que ce dernier, commandant le front ouest et démis de ses fonctions, était convoqué à Berlin pour enquêter sur son implication éventuelle dans le complot du contre Hitler. Voir page Günther von Kluge : Controverse sur sa mort.
Condamné à mort par un tribunal polonais en , Stroop est pendu le sur le lieu-même de ses crimes à Varsovie, de même que le policier SS Franz Konrad.
Notes et références
Notes
↑En France, grade inexistant qui serait intermédiaire entre ceux de sergent et sergent-chef.
↑Reiner Burger: 'Der Tod ist ein Meister aus Detmold' - Wie ein kleiner Beamter zum Massenmörder wurde. Frankfurter Allgemeine Zeitung (faz), 12 April 2023
Kazimierz Moczarski (trad. Jean-Yves Erhel, préf. Andrzej Szczypiorski), Entretiens avec le bourreau, Paris, éditions Gallimard, coll. « Collection Témoins », , 368 p.